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Marion BrunMarion Brun, Le vendredi 13 février 2015
Grand angle

Au Nord Est de l'Inde, le mythe Darjeeling

Au Nord Est de l’Inde, nichée dans les contreforts de la grande chaîne himalayenne, Darjeeling veille. « La Reine des Collines » charme par ses influences népalaises et tibétaines et son panorama unique. Une destination à privilégier pour un séjour paisible, à l’abri des foules et du chaos indien.
  • Vue sur les montagnes autour de Darjeeling. Comme souvent, le temps est brumeux.
    Vue sur les montagnes autour de Darjeeling. Comme souvent, le temps est brumeux.
  • Une petite fille fait le trajet entre son école et son village dans le Parc National de Singalila.
    Une petite fille fait le trajet entre son école et son village dans le Parc National de Singalila.
  • Petites échoppes dans le centre-ville de Darjeeling
    Petites échoppes dans le centre-ville de Darjeeling
  • Les drapeaux de prière présents sur chaque sommet égrainent au rythme du vent les paroles du Bouddha
    Les drapeaux de prière présents sur chaque sommet égrainent au rythme du vent les paroles du Bouddha
Cette station d’altitude nichée dans les contreforts de l’Himalaya, culmine à 2 200 mètres d’altitude.

Darjeeling, une ville qui se mérite  

Depuis Bénarès, il faut suivre un long périple d’environ 24h en train et bus, pour arriver au pied de la chaîne himalayenne, à New Jalpaiguri. A partir de cette gare, on peut rejoindre la « La Reine des Collines » , j'ai nommé Darjeeling.

Plusieurs moyens de transport sont possibles pour relier New Jalpaiguri à Darjeeling : le Toy Train fait le trajet en cinq heures, offrant une superbe vue le long de ce chemin de fer qui grimpe sur les collines. Ce petit train à vapeur, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est l’un des derniers à fonctionner dans tout le pays. La fréquence des départs étant très irrégulière, cela demande d’être patients et flexibles… C’est souvent le cas en Inde, mais après un si long trajet, notre équipée de quatre voyageurs est un peu pressée d’arriver à destination.

On se tourne alors vers la Jeep collective, un transport très utilisé ici : des dizaines de véhicules attendent les voyageurs à la sortie de la gare ! Le trajet dure trois heures dans un confort assez primaire (elles prennent généralement une douzaine de voyageurs pour une capacité de neuf personnes…). Mais au moins, on peut partir immédiatement.

C’est à la tombée de la nuit que l’on atteint Darjeeling. Cette station d’altitude nichée dans les contreforts de l’Himalaya, culmine à 2 200 mètres d’altitude. A l’arrivée, il faut encore négocier avec les conducteurs de la Jeep qui refusent, sauf paiement d’un supplément, de continuer sur les routes raides qui rapprochent du centre-ville.

A la sortie du véhicule, l’humidité et le froid sont surprenants après ces quelques mois à parcourir une Inde étouffante de chaleur. Il n’est pas nécessaire de réserver les auberges en avance, en règle générale. Mais à cette heure tardive, en visitant quelques petits hôtels plus glauques et humides les uns que les autres, nous commençons à regretter le manque d’anticipation... Nous tomberons finalement sur l’Omni Guest House, charmante auberge présentant l’intérêt d’avoir d’épaisses couvertures pour passer une nuit au chaud, et une vue imprenable sur la vallée.

Vue sur les montagnes alentours depuis Darjeeling | © Marion BrunVue sur les montagnes autour de Darjeeling.

  • Sur la route de Darjeeling | © Marion Brun
  • Le marché local, où l'on trouve les légumes importés de la plaine | © Marion Brun
  • Chemin de trek dans le parc national de Singalila | © Marion Brun

 

Après avoir vécu dans le bruit assourdissant des rues indiennes, on redécouvre les joies du silence et des murmures.

Une cité qui domine, par sa différence

C’est au petit matin que nous découvrons la beauté à couper le souffle de cette ville. Construite sur cette géographie pentue, elle offre une vue magnifique sur la plaine, les champs de thé qui l’entourent, et les plus hauts sommets de l’Himalaya. La température est ici bien plus fraîche, et les mœurs bien plus douces qu’ailleurs. Malgré sa taille, cette ville semble moins dense que beaucoup d’autres villes indiennes, et l’absence de la foule compacte à laquelle nous nous étions habitués donne un vrai sentiment d’apaisement. De même, les voitures sont interdites au centre-ville. Les camions, bus, jeeps, scooteurs, laissent leurs marchandises aux porteurs.

Après avoir vécu dans le bruit assourdissant des rues indiennes, on redécouvre les joies du silence et des murmures. Les habits sont moins traditionnels, les regards moins soutenus. Les couples se tiennent la main en public, et généralement les locaux sont à l’aise lorsque l’on engage la conversation. La visite de l’Inde peut être surprenante du fait de nos différences culturelles, et dans ces hauteurs, on ressent une sérénité particulière.

Ici se côtoient paisiblement hindous, musulmans, bouddhistes, et chrétiens. Située entre le Népal, le Bhutan et le Tibet, cette ville et ses habitants sont à la croisée des chemins entre le sous-continent indien et asiatique.

Habitants installés sur les bancs réservés aux personnes âgés dans le centre-ville de Darjeeling | © Marion BrunDes habitants de Darjeeling installés sur les bancs réservés aux personnes âgées dans le centre de la ville.

A quelques jours de marche, le Népal

On peut apprécier la nature environnante de cette région d’altitude en marchant quelques jours à l’extérieur de Darjeeling. En se rapprochant de la frontière népalaise, certains petits sommets de la chaine himalayennes sont accessibles à tous. Bishal, un guide de montagne népalais rencontré à Darjeeling, nous accompagnera. Nous partons en Jeep jusqu’à un petit village au sud du Parc National de Singalila, pour un trek de trois jours destination Sandakphu, situé à 3, 600m d’altitude. Le parc n’est accessible qu’accompagné d’un guide homologué. Il est fermé à tout autre visiteur pour contrôler le tourisme qui est de plus en plus important dans la région.

Six heures de marche sont prévues aujourd’hui, le long d’un petit chemin en terre qui sillonne la colline, traversant parfois de minuscules villages. Nous arrivons vers 17h dans l’un d’eux, pour passer la nuit chez l’habitant. Après nous être installés, nous les rejoignons dans l’espace commun. En ce jour de fête, la famille prépare une cérémonie bouddhiste à laquelle nous sommes conviés. Nous nous confinons alors dans ce petit espace, qu’ils ornent d’une trentaine de bougies sur le sol, autour d’un autel. Chants et prières rythment ce moment magique et très touchant !

  • Promenade aux abords de la ville | © Marion Brun
  • Prières et mantras népalais à la croisée de chemins | © Marion Brun
  • Enfant accoudé à la fenêtre de sa maison dans un village du Parc National de Singalila | © Marion Brun

 

Le vent, sur son passage, caresserait les prières imprimées et les disperseraient dans l’espace, les transmettant ainsi aux dieux et touchant tous ceux qui se trouvent sur son passage.

Le bouddhisme au cœur de la culture locale 

Un repas copieux est servi avant une bonne nuit de sommeil. Nous nous levons à l’aube le lendemain matin, espérant voir le lever de soleil sur l’Himalaya. Malheureusement, c’est une épaisse purée de pois qui nous accueille. L’ascension reprend peu après 8h. Aucune vue sur la somptueuse vallée et sur les sommets enneigés. Avec cette météo capricieuse, l’ambiance qui entoure chaque petit village que nous traversons est cotonnée et mystérieuse. La brume enveloppe nos pas.

Notre route longe la frontière népalaise, notamment via le village de Tumling à l’entrée du Parc National de Singalila, et est jonchée de petites installations de drapeaux de prières bouddhistes. Sur des tissus de couleurs sont imprimées de prières ou des mantras. Le Bleu représente l’espace, le Blanc l’air, le Rouge le feu, le Vert l’eau, et enfin le jaune correspond à la terre. Ces tissus sont accrochés à des cordelettes hissées et installées sur les maisons, aux croisements de chemins ou encore aux cols. Le vent, sur son passage, caresserait les prières imprimées et les disperseraient dans l’espace, les transmettant ainsi aux dieux et touchant tous ceux qui se trouvent sur son passage. Poétique n’est-ce pas ?

Nous sommes bien équipés pour la marche, mais la fatigue se fait ressentir. Notre route croise parfois de jeunes enfants qui avancent d’un pas rapide sans nous remarquer. Ces derniers font deux heures de marche deux fois par jour pour relier leur village à l’école. De même, nous croisons des hommes et femmes guidant des troupeaux d’animaux, l’air déterminés. Hum…, nous oublions notre fatigue qui nous parait bien superficielle pour avancer de plus belle !

Aujourd’hui, nous atteignons Sandakphu, à 3 636 mètres d’altitude, le plus haut de notre trek. Le brouillard est toujours bien présent, nous n’apercevront pas l'Everest, ni le mont K2, les deux plus hauts sommets du monde qui avaient nourri notre imagination depuis le départ. Nous profiterons cependant d’une nuit abrités dans une petite maison où nous rencontrons un groupe de voyageurs, deux Canadiens, trois Belges et un Brésilien. Ils parcourent l’Asie du Sud-Est depuis déjà quelques mois, et nous finirons la soirée sous de grosses couvertures à les écouter nous conter leurs voyages et leurs rencontres. Bishal nous offre des momos pour fêter l’arrivée, ces petits raviolis vapeur qui sont la spécialité de la région, et dont nous raffolons !

Momos, petits raviolis vapeur préparés par notre hôte dans le Parc National de Singalila | © Marion BrunMomos, petits raviolis vapeur préparés par notre hôte dans le Parc National de Singalila

Le lendemain, nous repartons au petit matin car nous devons redescendre au point de départ en une matinée, pour ne pas rater la Jeep quotidienne qui nous ramènera à Darjeeling, et qui part à 11h de Manebhanjan.

Il nous reste un peu de temps pour flâner de cette jolie ville et de cette ambiance tranquille. Nous en profitons pour déguster les fameux thés indiens dont les Anglais ont toujours raffolés ! Nous nous installons au Nathmulls of Darjeeling, l’adresse la plus réputée pour aller goûter plus d’une cinquantaine de thés différents, se faire expliquer les temps d’infusion, la différence entre les Verts, les Blancs, les Noirs, les feuilles entières, les feuilles cassées, les feuilles broyées… etc !

Nous remplissons ce qu’il reste d’espace dans nos sacs à dos de thés à offrir, et montons de nouveau dans la Jeep collective qui nous ramènera vers des terres bien plus chaudes et bruyantes !

  • Une petite fille fait le trajet entre son école et son village dans le Parc National de Singalila | © Marion Brun
  • Deux femmes portent de lourds paniers chargés de vivres entre deux villages  | © Marion Brun
  • Notre hôte prépare des momos, petits raviolis vapeur, dans la cuisine de sa maison | © Marion Brun

 

Y Aller

Pour se rendre à Darjeeling depuis la France, la trajet va être long !

L'aéroport le plus proche se trouve à Bagdogra (IXB) , à 2 heures de route de Darjeeling.

Il n'existe pas de liaison directe depuis la France et il faudra nécessairement transiter par Delhi ou Calcutta.

Le thé

Si le temps vous manque pour visiter les plantations de thé, vous trouverez sans doute votre bonheur chez Nathmulls.

Les connaissances encyclopédiques des vendeurs n'ont d'égales que leur gentillesse. Ils travaillent en collaboration avec la majorité des exploitations alentours.

Plus d'infos sur www.nathmulltea.com

High Tea

Héritage de la période coloniale, il est possible (et conseillé!) de déguster un High Tea, thé accompagné de scones et divers gâteaux dans l'un des beaux hôtels de la ville. On vous recommande celui du Windamere Hotel, le plus réputé. L'expérience est pour le moins dépaysante au beau milieu des sommets himalayens.

Plus d'infos sur www.windamerehotel.com

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