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David UkaleqDavid Ukaleq, Le lundi 30 octobre 2017
Photographes

Le Maroc en Kodachrome par Harry Gruyaert

Dans cette interview, Harry Gruyaert de l'agence Magnum évoque son histoire d’amour avec le Maroc et revient plus largement sur sa riche carrière photographique. Nous l'avons rencontré à Düsseldorf, à l'occasion du vernissage de l'exposition Mythos Tour de France, le réunissant aux côtés d'autres grands noms de la photo, de Capa à Gursky.
  • Région du Haut Atlas. 1976. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Région du Haut Atlas. 1976. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Erfout. 1975. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Erfout. 1975. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Essaouira. 1976. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Essaouira. 1976. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Essaouira, zone industrielle. 1988. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Essaouira, zone industrielle. 1988. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Ouarzazate. 1986. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Ouarzazate. 1986. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Essaouira. Foire près du front de mer. 1988. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Essaouira. Foire près du front de mer. 1988. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Haut Atlas. 1998. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
    Haut Atlas. 1998. © Harry Gruyaert / Magnum Photos

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Harry Gruyaert est né à Anvers en 1941. Passionné par le cinéma, c’est cependant dans la photographie qu’il fera carrière, rejoignant Magnum en 1981. C’est aujourd’hui un des photographes « coloristes » les plus célèbres. Ses images traversent les genres, allant de scènes de rue qui mêlent humour et ironie aux paysages empreints de solitude du livre Rivages. Qu'elle soit saturée comme dans Maroc ou tout en subtiles teintes pastels comme dans Rivages, la palette de couleurs contribue toujours de manière primordiale à la sensibilité de l'image. 

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« J'avais l'impression d'être tombé dans un paysage à la Brueghel avec une affinité entre les gens et le paysage comme je n’en avais jamais vue ».

YONDER : Votre livre sur le Maroc couvre une une période de 40 ans, comment ce projet a-t-il commencé? 

Harry Gruyaert : Je suis parti pour la première fois au Maroc à la fin des années 1960. J'avais un ami qui était directeur artistique pour les croisières Paquet. Il devait réaliser une brochure sur une croisière qui allait de Marseille à Casablanca et il m'a demandé si je voulais faire des photos sur le bateau et aussi au Maroc. J’ai accepté et je suis tout de suite tombé amoureux de ce pays pour des raisons multiples. J'avais l'impression d'être tombé dans un paysage à la Brueghel avec une affinité entre les gens et le paysage comme je n’en avais jamais vue, une lumière fantastique et des gens habillés dans des couleurs incroyables ! En Europe, surtout à l'époque, tout était beaucoup plus gris donc c'était tout à fait étonnant. Il y avait en plus une variété de paysages incroyable entre la Méditerranée, l’Atlantique, le Haut Atlas, le désert, etc. J’étais absolument fasciné et je n’ai plus eu qu'une obsession : y retourner le plus vite possible. 

Le livre couvre beaucoup d’endroits assez éloignés les uns des autres, comment voyagiez-vous sur place ? 

À l'époque de mon premier voyage j’avais une Mini Moke, c'était une petite voiture qui ressemblait à une Jeep mais qui était très basse, n'avait que 2 roues motrices et au final n'était vraiment pas faite pour rouler sur des pistes ! D'ailleurs ça m’est arrivé de l’esquinter en plein désert et je me suis retrouvé en rade avec absolument personne d’autre sur la route. Je commençais à paniquer... et puis une demie heure après une voiture arrive, le type descend et se met immédiatement sous ma Mini Moke. C’était le garagiste du coin ! Il a mis un câble, est parti avec pour la réparer et deux heures après elle était prête à repartir. C'était vraiment absurde, au final ça a été beaucoup plus vite qu'à Bruxelles ou à Paris.   

Combien de fois y êtes-vous allé ? Restiez-vous longtemps sur place ?   

J'ai essayé d'y retourner presque tous les ans, en restant un mois, un mois et demi, plutôt en septembre car il faisait moins chaud. Plus tard j'avais un camping-car Volkswagen : c'était formidable, on pouvait dormir n'importe où, sur des pistes où il n'y avait pas d'hôtels, etc. C’était un peu plus haut aussi et donc plus adapté. Et ça coûtait beaucoup moins cher de voyager comme ça même si c’était assez long car il fallait quand même traverser l'Espagne.

Maroc, Textuel, 2013 et Morocco, Schirmer/Mosel, 1990

C'était donc un projet personnel dont vous ne tiriez pas de revenus ?

Exactement, je finançais ce travail avec d'autres choses que je faisais en France. J'ai fait aussi beaucoup de photo industrielle un peu partout dans le monde. Mais, en ce qui concerne le Maroc, je ne voulais pas travailler pour des magazines. Ça m'était arrivé de tomber sur un photographe qui bossait pour un magazine alors que j’assistais à une fête dans le Haut Atlas. C’était absolument fantastique, il y avait des milliers de personnes et de chameaux, une lumière splendide et j'étais excité comme un fou... Et un soir il me dit : « ma journée est terminée, j’ai ma double page pour Stern Magazine ! ». Ça m'a complètement dégouté, je me suis dit que je ne voulais pas devenir comme ça ! C'est respectable de travailler pour des magazines mais on pense trop en terme de ce que veut le magazine et pas assez à sa propre relation avec l'endroit. Du coup il fallait que je me finance autrement.

Vous avez aussi fait de la photo de mode ? 

Oui aussi mais pas très longtemps... Ça permettait de découvrir de nouveaux endroits et aussi de rencontrer des jolies filles (rire). Mais le monde de la mode ne m’intéressait pas plus que ça et je me suis vite rendu compte que lorsqu’on allait faire un shooting quelque part j’étais en fait plus intéressé par ce qu’il y avait autour de nous. Depuis, la photo de mode a beaucoup changé :  à l’époque on vous donnait le modèle, le lieu, les vêtements et vous vous débrouilliez avec ça. Aujourd’hui, c’est vraiment un travail en commun avec le directeur artistique. Les gens de la pub et du marketing ont énormément de poids aussi, à moins d’être Peter Lindbergh, vous n’avez en général pas le dernier mot !

  • Miami, Floride. 2014. Campagne Hermès Printemps/Eté 2015. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Miami, Floride. 2014. Campagne Hermès Printemps/Eté 2015. © Harry Gruyaert / Magnum Photos

 

Vous y êtes toutefois revenu récemment pour Hermès ?

Effectivement j’ai fait deux campagnes pour Hermès en 2015. Comme je vous disais c’est vraiment autre chose, d’habitude je travaille seul ou avec un assistant, là j’avais 30 personnes autour de moi ! Mais le courant est passé avec le directeur artistique Fabien Mouillard qui connaissait très bien mon travail. On a fait une série d’images à Miami, qui sont en fait obtenues par double-exposition : à chaque fois on a superposé deux images l’une sur l’autre. Puis j’ai fait une autre série à Venise pour la campagne automne/hiver. 

Revenons en au Maroc, avant le livre publié en 2013 chez Textuel, qui est devenu votre éditeur habituel, vous en avez fait un premier chez Schirmer/Mosel 20 ans plus tôt. Qu’est-ce qui vous a poussé à en faire un nouveau? 

À l'époque de ce premier livre  je faisais des tirages Cibachrome qui était un procédé positif-positif qui avait des qualités mais qui était compliqué. C'était très difficile de contrôler le contraste et d'avoir assez de détails dans les ombres. Or le livre a été fait à partir de ces tirages Ciba et les images étaient très contrastées. Beaucoup de gens aimaient ça mais le rendu était parfois très différent de celui, plus fidèle aux diapos originales, du dernier livre. Maintenant ce sont les diapos qui sont scannées et on peut beaucoup plus nuancer les choses. J'y passe d’ailleurs énormément de temps. Un autre grand avantage de cette chaîne numérique c’est que les mêmes fichiers qui servent à faire des tirages peuvent être utilisées pour les livres. 

« Moi, j’étais attiré par la couleur, par l’esthétisme, pas par l’aspect journalistique ou documentaire. »

 

Mais en dehors de la technique de reproduction qui s’est améliorée vous avez aussi ajouté des photos plus récentes...  

Oui car j’ai fait beaucoup d’autres voyages depuis le premier livre et le Maroc a beaucoup changé en 40 ans, surtout dans les villes où c'est devenu un autre monde. J’ai changé, le Maroc aussi, et je voulais lier tout ça mais tout en gardant bien sûr une certaine unité. Par exemple j’ai fait des photos dans des villes comme à Casablanca mais elles étaient trop différentes du reste et je ne les ai donc pas retenues. Mais je pourrais faire avec un autre livre, très différent de celui-ci. J'ai aussi eu la chance de faire connaissance d’un Français de Casablanca, un architecte de jardins. Il a une maison incroyable dans l’Atlas qui donne sur un lac artificiel. Il connaissait mon travail et m'a demandé si je ne voulais pas venir faire des photos dans la région de sa maison. Je lui ai proposé de photographier les 4 saisons et ça c'est le lac en question [Harry me montre l’image reproduite ci-dessus, NDLR]. Finalement la seule commande que j’ai eue sur le Maroc aura été celle d’un particulier !

  • Moyen Atlas. Bin El Ouidane. 2010. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Femme portant une jarre en argile. Région du Tafilalet. 1986. © Harry Gruyaert / Magnum Photos

 

On est évidemment frappés par les couleurs intenses de ces photos du Maroc et il faut rappeler que vous avez été un pionnier dans ce domaine car pendant longtemps la photo couleur, même si on l’utilisait déjà dans la pub ou la mode, n’était pas considérée comme noble.

Oui, d’ailleurs mon arrivée chez Magnum n’a pas été vue d’un très bon oeil par certains. Pour eux la photo c’était le photojournalisme traditionnel en noir et blanc et rien d’autre. Moi j’étais attiré par la couleur, par l’esthétisme, pas par l’aspect journalistique ou documentaire. Je ne cherchais pas à raconter des histoires avec mes photos, ce qui m’intéressait c’était que chaque image ait sa propre force, comme une peinture. Ils disaient que si on continuait dans cette direction ce serait bientôt la fin de Magnum !

Par contre il y avait déjà aux Etats-Unis des photographes qui travaillaient en couleurs, comme Saul Leiter ou William Eggleston dont l’expo de 1976 au MoMa est considérée comme historique. Est-ce que vous avez été influencé par eux ? 

Pas tellement car pour la plupart je ne les connaissais pas et ne les ai découverts que plus tard... A mes débuts j’ai travaillé pour le magazine Elle. C’est Peter Knapp qui en était le directeur artistique et il m’avait surnommé le « petit Saul Leiter ». Mais je n’en avais jamais entendu parler ! A l’époque les éditeurs sortaient un livre de photos de temps à autre et on n’avait pas du tout accès au travail des autres comme aujourd’hui avec Internet. Ce qui est d’ailleurs à double tranchant car on risque de trop se laisser influencer. J’ai vu des expos d’étudiants en photo où je pouvais me dire : celui-ci a regardé un tel, celle-là un tel. On peut admirer le travail de quelqu’un mais l’essentiel est de trouver sa propre voix, sa propre expression. 

J’ai à ce sujet une anecdote : j’étais intrigué par les photos de William Klein. J’ai cherché son numéro dans l’annuaire et l’ai appelé pour lui demander s’il n’avait pas besoin d’un assistant. Il m’a demandé : « Est-ce que vous savez charger un Hasselblad » ?  Comme je lui ai dit oui, il m’a donné rendez-vous pour un shooting.  Quand je suis arrivé il photographiait un jeune mannequin islandais, à qui il parlait assez brutalement, et je me suis tout de suite dit « Ce type ressemble à ses photos ». Plus tard j'ai vu Jean-Loup Sieff, il était tout le contraire, quelqu’un de très délicat, comme l’étaient ses images. J’ai compris que la photo était avant tout une question de personnalité ! 

« Mes influences sont principalement le cinéma et la peinture. Je suis un fan de cinéma et les premiers films couleurs d’Antonioni comme Désert Rouge m'ont énormément marqué. »

 

Vous dites par contre avoir été influencé par le cinéma. En 2007, lors de l’exposition l’Image d’après, à la Cinémathèque française, qui explorait les liens entre cinéma et photographie, vous aviez présenté vos photos en même temps que des séquences de films de Michelangelo Antonioni.

En effet, mes influences sont principalement le cinéma et la peinture. Je suis un fan de cinéma et les premiers films couleurs d’Antonioni comme Le Désert rouge m'ont énormément marqué. J’ai fait moi-même quelques films comme directeur de la photo pour la télé flamande. Mais le cinéma, ça veut dire travailler avec une équipe, c’est plus lourd. Même pour des films comme ceux de Raymond Depardon, il faut être trois ou quatre personnes. En photo ce qui compte c’est la relation, la rencontre avec le sujet photographié et pour ça il faut être seul. 

  • Image extraite du film Désert Rouge (Il Deserto Rosso) de Michelangelo Antonioni
    Image extraite du film Le Désert rouge (Il Deserto rosso) de Michelangelo Antonioni
 


Et la différence c’est aussi évidemment que dans vos photos - et c’est là malgré tout un point commun fort avec ceux de vos collègues de Magnum qui sont plus tournés vers le photojournalisme - vous ne mettez pas les choses en scène (en mettant bien sûr de côté les travaux de commande comme Hermès) mais vous travaillez avec le monde tel qu’il est ?

Exactement, c’est ce qui me fascine dans la photo :  c’est une expérience physique, un vécu.  On part à la découverte de quelque chose et même si on cherche à anticiper on ne sait jamais ce qu’on va trouver. Par exemple dans cette image [2ème image du slider, NDLR] avec la chèvre, je m’étais positionné en face du mur, en me disant qu’il y avait le potentiel pour une photo intéressante. Je voyais que la femme n’avait pas envie d’être photographiée et tout à coup elle a relevé son vêtement, révélant l’enfant qu’elle portait dans cette écharpe à rayures. Je n’avais aucune idée qu’il était là ! Et dans ces moments là, on se dit « wow », c’est une sorte de jouissance visuelle. 

Certaines images ont un look très kodachrome, avec des couleurs saturées et des noirs profonds, par exemple cette image prise dans le Haut Atlas [1ère image du slider, NDLR]. Est-ce que le rendu très particulier de ce film était quelque chose d’important pour vous, un peu je dirais comme la sonorité d’un instrument pour un musicien ? 

Absolument j’étais un fan de kodachrome, comme l’étaient mon collègue Alex Webb ou d’autres photographes couleurs. Lorsque Kodak a arrêté la production, ça a été comme si on m’arrachait les yeux. Je n’ai jamais aimé les autres films, les noirs, le volume étaient différents. Heureusement le numérique, qui au début donnait des images très plates, a beaucoup progressé et me permet aujourd’hui de refaire à peu près ce que je faisais avec la kodachrome.

« Quand on fait de la photo en couleur, il faut que celle-ci soit primordiale, autrement c’est comme du noir et blanc colorisé. »

 

Toujours sur le thème de la couleur, c'était une évidence pour vous de photographier le Maroc en couleurs mais la Belgique ? Le livre Roots, qui explore votre Belgique natale, s’ouvre lui par une série d’images en noir et blanc avant de basculer en couleurs.

En fait au début en Belgique, je ne voyais pas de couleurs. Comparée au Maroc, ou à l’Inde où j’avais également travaillé, la Belgique était grise et j’ai donc fait du noir et blanc pendant longtemps avant d’y voir autre chose. Je pense avoir été influencé par le pop art, que j’avais découvert à New York en 1968. Cela m’a fait regarder la banalité autrement, non pas comme quelque chose de vulgaire mais en essayant, peut être avec un certain sens de l'humour, d’y trouver un intérêt. Et c’est à ce moment que j’ai commencé à photographier la Belgique en couleurs. Dans mon premier livre Made in Belgium, je n’avais mis que des photos en couleurs, puis dans Roots j’ai mis les deux pour qu’on voit à la fois les affinités et les différences. Mais quand on fait de la photo en couleur, il faut que celle-ci soit primordiale, autrement c’est comme du noir et blanc colorisé. C’est un autre rapport, plus physique, plus sensuel.

Une autre différence entre vos photos du Maroc et celles de Belgique de la même période c’est, il me semble, qu’elles sont souvent moins centrées sur les gens et plus sur leur environnement...

Je ne suis pas un photographe humaniste à la française comme Doisneau. Pour moi, la lumière, le paysage, etc. sont aussi importants que les personnes. Je crois que nous ne somme pas si importants que ça (rire). Pas plus que les arbres, le ciel, les animaux. Et d’ailleurs on m'a aussi critiqué là-dessus à mes débuts, on me disait "mais où sont les gens ?". Ca ne m’a pas empêché de faire aussi des photos très intimes, comme celles de mes enfants. Celles-là sont d’ailleurs en noir et blanc car là c’est le contraire, c’est la personne qui est importante et pas ce qui est autour.   

  • Spectateurs du carnaval de Binche, Belgique. 1975. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Carnaval d'Anvers, Belgique. 1992. © Harry Gruyaert / Magnum Photos

 

C’est vrai mais tout de même vos photos en Belgique comptent pas mal d’images qui sont plus dans la tradition de la photo de rue ou encore des photos prises dans des soirées... En tout cas des images où l’humain est central. Est-ce que ca ne reflète pas simplement aussi une réalité culturelle différente ?  Par exemple on voit sur vos photos du Maroc un certain nombre de gens qui mettent la main devant leur visage... 

Oui bien sûr, c’est une culture différente et d’ailleurs même à l’intérieur du Maroc, les gens réagissent différemment d’une région à l’autre. Il faut adapter sa manière de photographier. Et je crois que, nous Européens, avons plus de facilité pour ça que les Américains. Ce sont pourtant les photographes américains qui m’intéressent le plus :  Eggleston, que vous citiez tout à l’heure, Meyerowitz, Friedlander... Mais souvent ils sont très bons quand ils photographient aux USA et beaucoup moins ailleurs. Par exemple Eggleston a fait un travail sur Paris que je trouve moins intéressant. Les Etats Unis sont un pays tellement vaste qu’ils ont probablement du mal à approcher une autre pays. Par contre Cartier-Bresson a fait des images formidables partout dans le monde. C’est important d’exprimer quelque chose de personnel mais je crois que ça l’est aussi de le faire avec un certain respect pour la culture qu’on photographie. Ce qui est intéressant dans Cartier-Bresson, c’est que ça n’est pas seulement bien composé mais ça dit aussi beaucoup de choses sur l’époque et le lieu de la photo. 

Je vois que vous avez avec vous un nouveau livre, qu’est-ce que c’est ? 

C’est en fait deux livres, réunis dans un même coffret intitulé East / West. L’un est sur Las Vegas et Los Angeles, que j’ai photographiées lors d’un voyage en 81 et l’autre sur Moscou où je suis allé en 1989. Ce qui est marrant c’est que dans les deux je ne suis resté que deux semaines sur places. J’ai voulu montrer deux univers très différents l’un de l’autre, autant en ce qui concerne la chromie que les gens... 

Avez-vous encore beaucoup d'images non publiées ?

Oui j'ai aujourd'hui 76 ans et j'ai accumulé beaucoup de photos au fil de ma carrière. J'ai plusieurs livres en projet et au fond je ne suis pas mécontent d'avoir attendu car comme je vous disais on a aujourd'hui beaucoup plus de contrôle sur les images. En plus de ça, avec le recul, on a parfois un meilleur jugement sur les images. 

Harry, merci pour cette interview !

 

  • Moscou, Russie. 1989. © Harry Gruyaert / Magnum Photos
  • Los Angeles, Californie. 1982. © Harry Gruyaert / Magnum Photos

 

Expos

Paris Photo, à la Galerie FIFTY ONE

9- 12 Novembre 2017.

Rétrospective au FoMU (Anvers)

09 Mars 2018 - 10 Juin 2018

Galeries

Galerie FIFTY ONE - Anvers

www.gallery51.com

Liens

Harry Gruyaert

sur le site de

Magnum Photos

East/West

East/West, éditions Textuel, 2017

East/West

East/West, éditions Textuel, 2017

Harry Gruyaert

Harry Gruyaert, éditions Textuel, 2015

Photopoche

Harry Gruyaert, collection Photopoche, Actes Sud, 2006

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