Brass, la nouvelle donne de la brasserie germanopratine

À l'angle, du nouveau

Réinventer la grande brasserie, voilà la nouvelle mission que semble s'être donnée Saint-Germain-des-Près. Sans doute lassés de voir « leurs» Café de Flore, Deux Magots et Lipp aux mains des hordes de touristes qui veulent immortaliser un « esprit » qui a disparu depuis belle lurette, les autochtones et quelques expats bien inspirés, misent à présent sur la brasserie française 3.0. On se le rappelle, le mouvement a commencé il y a deux ans avec l'arrivée de La Brasserie des Prés, sorte d'ovni coloré qui a donné un sacré coup de pied aux attrape-touristes ronflants du quartier...

Il s'est poursuivi avec La Brasserie des Arts, l'Atelier d'André et quelques autres tout juste ripolinés et aux succès plus mitigés. Jusqu'à ce que Brass ouvre ses portes le 15 mai, dans la discrétion d'un mois de mai aux abonnés absents, pour mettre tout le monde d'accord sur ce qu'on attend aujourd'hui d'une brasserie parisienne digne de ce nom.

Soit, un emplacement en or - à l'angle de la rue du Four et du Boulevard Saint-Germain - une décoration soignée, dans l'air du temps (mais pas trop mode pour ne pas se démoder), signée Dorothée Meilichzon, une carte qui reprend les codes du genre en les twistant juste ce qu'il faut mais sans jamais les dénaturer, un service enthousiaste et pro à la fois. Une addition honnête pour le quartier... La recette du succès ? En tout cas, le restaurant a déjà ses fans parmi la belle clientèle rive gauche et conquiert peu à peu les touristes avertis comme les amis d'amis, grâce à un bon bouche à oreille et au talent des concierges d'hôtels de Paris.

Une nouvelle adresse imaginée et montée par une équipe qui n'en est pas à son coup d'essai : Mathieu Bucher, entouré de Franck Saliba, François Dulsan et Thomas Fougerol, à qui l'on doit déjà notamment Le Café de la Jatte ou le Galopin, pour ne citer qu'eux. Accueil souriant, placement presto, il est temps de voir ce que ce Brass – pour Brasserie, ou Brass Band - a dans le ventre. Littéralement.

Une démonstration

Carte limpide, avec tous les modèles du genre et certaines originalités transatlantiques, comme un clin d’œil aux nombreux Américains qui ont élu domicile dans le coin. Les « poireaux vinaigrette, petits croûtons et herbes fraîches » sont dans la vérité, tout juste pimpés par un dressage élégant et moderne. Les « goujonettes de sole, sauce tartare » embourgeoisent gracieusement le fish and chips. Les frites servies dans un petit bol en accompagnement, s'avèrent parmi les meilleures testées récemment. Quant à la crème brûlée, elle a l'originalité d'être flambée et le bon goût de respecter ce dessert iconique s'il en est.

Le rythme du service est celui que l'on attend de ce genre de restaurant à Paris, mais a la bonne idée d'être un poil plus décontracté et simple que celui de ses aînés. Autrement dit, si l'on ferme les yeux sur l'incongruité d'un homard-frites à 85 € et une proposition de vins au verre légèrement décevante, on tient là une vraie bonne adresse. D'ailleurs, on compte bien y revenir pour tester la jolie carte des cocktails et écouter un peu de jazz, joué sur ce piano rouge qui a tout du totem en devenir.

Entrées à partir de 8€.
Plats à partir de 19€.
Desserts à partir de 9€.
Formule déjeuner à 25€ : un plat du semainier, un chou chantilly et un espresso

Ce qu'il faut retenir

Une nouvelle valeur sûre, on n'en voit pas tous les jours... Si les garçons à la barre tiennent les promesses des premiers jours sur la durée et que Saint-Germain s'approprie les lieux, on a trouvé le nouveau QG de nos rendez-vous de quartier.

BRASS
131, Boulevard Saint Germain 75006 Paris
Ouvert 7/7, de midi à minuit (1h pour boire un verre)
brass-paris.fr