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Pierre Gunther, Le vendredi 25 avril 2025
Hôtels de legende

Notre avis sur le Sofitel Legend Old Cataract, éternité sur le Nil

Les colonnes du temple sur l’île d’Éléphantine, les dahabiehs qui remontent le cours du Nil, les serveurs tirés à quatre épingles qui s’activent sur la terrasse... le spectacle qui s’offre au regard depuis notre balcon au Sofitel Legend Old Cataract. L'un de ces voyages dans le temps que seule l’Égypte sait inspirer.
  • Sofitel Legend Old Cataract © Pierre Gunther
    Sofitel Legend Old Cataract © Pierre Gunther

Le pitch | Sofitel Legend Old Cataract, la légende

A l’arrivée ou au départ d’une croisière sur le Nil, on choisit inévitablement l’Old Cataract, l’un des hôtels les plus magiques au monde. Construit en 1899 par Thomas Cook pour accueillir les voyageurs fortunés qui exploraient les merveilles de l’Égypte ancienne au tournant du siècle, ses vues sur l’île Éléphantine sont inoubliables. Le Foundouk Kataract (comprenez l’Hôtel Cataracte en arabe) accueille ses visiteurs dans un mélange de style arabo-andalou, ottoman et british, portiers en livrée et lobby grandiose, où l’on imagine les grands de ce monde circuler en habits et en chapeau. Regarder le soleil se coucher et le Nil se parer de teintes dorées, depuis l’élégante terrasse, alors qu’un groupe de musique traditionnelle joue du luth et du tabor, reste un souvenir poignant. Agatha Christie l’a tellement aimé qu’elle a vécu à l’hôtel presque un an en 1933, rejoignant son second mari archéologue. La suite qui porte son nom se visite aujourd’hui, et se loue pour 10 000 $ la nuit en haute saison.

  • Old Cataract © PG
  • Old Cataract © PG

 

Comment est l’hôtel ?

Pétri de légendes et de noms qui résonnent. Howard Carter, qui a découvert le tombeau de Toutankhamon en 1922, est descendu ici, tout comme Sir Winston Churchill, André Malraux et de nombreux rich and famous dont les portraits ornent les couloirs. Si, de nos jours, les sandales, bananes portées à la taille et casquettes ont remplacé les cannes à pommeaux ouvragés et les robes de soirées de la bourgeoisie européenne, les employés maintiennent un niveau de service millimétré qui permet à la vénérable institution de conserver son aura élégante, apprêtée, aux manières cérémonieuses d’un autre temps, dont on serait presque nostalgique sans l’avoir connu. Certains d’entre eux sont là depuis 30 ans voire plus, comme Mohamed au bar, qui accueille les hôtes avec un jus d’hibiscus. D’autres, comme Mahmoud au petit-déjeuner, sont ici depuis quelques mois et ont déjà les codes, et la livrée. Quftaan rouge brodée d’arabesque d’or, tarboush en couvre-chef, classe à l’égyptienne.

  • Old Cataract © PG
    Old Cataract © PG

 

« Surtout ne changez pas l’ascenseur. C’est une des merveilles de l’Old Cataract » presse Philippe de Rothschild dans le livre d’or. Heureusement, la vieille cage sculptée aux vitres ciselées veille toujours sur la cage d’escalier aux marches qui grincent. Mémoire des lieux. On imagine le Tsar de Russie Nicolas II utiliser le téléphone à cadran dans l’un des couloirs, Antoine de Saint-Exupéry admirer les peintures Art nouveau qui ornent encore les plafonds, Maggie Smith batailler avec le mitigeur vintage de la douche, le roi Farouk convier ses hôtes au restaurant 1902, où s’attabler avec l’impression de dîner dans la grande mosquée-cathédrale de Cordoue. C’est dans ce décor pensé par Henri Favarger, rafraîchit en 2011 par Sybille de Margerie, qu’est également servi le petit-déjeuner gargantuesque. Alors que le luxe d’aujourd’hui ne jure que par le marbre et l’or, celui de l’Old Cataract joue du détail, de la patine. Même la nouvelle aile, que ne renieraient pas les faubourgs de Bucarest, inaugurée en 1961 pour accueillir les ingénieurs russes qui participèrent à la construction du haut barrage d’Assouan, ne parvient pas à entacher l’aura de son aîné, qui l’éclipse de sa noble prestance, tout en incorporant les amenities nécessaires à un palace contemporain : salle de sport XXL ouverte sur l’extérieur, spa gigantesque, piscine à débordement qui reflète le coucher du soleil sur le Nil. On croirait presque que les felouques en contrebas flottent à sa surface.

  • Old Cataract © PG
  • Old Cataract © PG

 

Comment sont les chambres ?

Réparties entre le bâtiment historique « Palace » et le nouveau « Nile », elles partagent toutes de grandes surfaces, de hauts plafonds et des vues imprenables, que ce soit sur le Nil ou les jardins taillés au cordeau. Dans l’aile ancienne, on admire la profusion des détails de décoration que des investisseurs d’aujourd’hui regarderaient d’un mauvais œil. Les poignées de porte en métal et les huisseries finement sculptées, les lourds rideaux à galons, les bouquets de fleurs du jardin, les marqueteries de la salle de bain et leurs mosaïques... Magnifiques, patinées par le temps.

  • Old Cataract © PG
  • Old Cataract © PG

 

Ce qui fait la différence ?

Comment ne pas revenir une nouvelle fois sur la vue. Depuis notre nid perché sur les falaises de granit rose, le Nil remonte jusqu’aux chambres, engorge les yeux, les felouques tirent des bords, les bateaux à moteur transportent leur lot de passagers vers Éléphantine. La chaleur est assommante, le sable du Sahara affleure à l’horizon, et pourtant l’eau est partout. Comme une peinture orientaliste de Delacroix, les ruines du temple de Khnoum émergent derrière le village nubien face à nous et nous happent tout entier. On se concentre sur son livre, et pourtant, la vue fait lever le regard.

  • L’embarcadère de l’hôtel au coucher du soleil © PG
    L’embarcadère de l’hôtel au coucher du soleil © PG

 

Bon à savoir ?

Une visite guidée débute tous les jours à 16h de la bibliothèque et permet, si elles sont libres, de visiter les Suites Agatha Christie et Winston Churchill. Une jetée privée permet d’emprunter un bateau et d’aller et venir au gré du Nil sans subir le bourdonnement de la rue.

  • Old Cataract © PG
  • Old Cataract © PG

 

Ce qu’il faut retenir ?

Le seul hôtel historique en Égypte qui maintient sa grandeur passée. Pourquoi ne pas emprunter les mots de ses occupants pour conclure. L’acteur égyptien Omar Sharif écrivait « For my favorite hotel, my favorite city, in my favorite country and for as long as I live, thank you for the memories ». Et Belmondo d’ajouter, plus prosaïque, « Vue exceptionnelle, accueil des plus chaleureux, suite magnifique, souvenirs inoubliables ».

Pratique

Sofitel Legend Old Cataract

138 chambres et suites à partir de 430 euros la nuit

Abtal El Tahrir Street, Sheyakhah Oula, Aswan 81511, Égypte

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