
Brach Madrid : la nouvelle adresse arty et musclée du groupe Evok dans la capitale espagnole
Le pitch?
Dans le quartier chic de Chamberí, le deuxième opus de Brach détonne. Entre les lignes modernistes d’un immeuble réhabilité, l’exubérance méditerranéenne et la rigueur d’un 5 étoiles urbain font jeu égal. Signé Philippe Starck pour le décor, le lieu revendique son énergie, ses volumes spectaculaires, ses camaïeux terreux et son goût du détail. Une bonne adresse de Madrid vibrante, pensée pour les amateurs de formes qui claquent, de cuisine généreuse, et de séjours où l’on enchaîne hammam, haltères et houmous.
Avec ses matériaux bruts, son lobby pavé de terre cuite et ses objets pleins de mémoire, le Brach Madrid redonne du nerf au paysage hôtelier de la capitale castillane. Le lieu s’installe sur la Gran Vía dans un immeuble des années 1920, où un certain Victor Hugo passa son enfance madrilène.
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© G. de Laubier
Aujourd’hui, on y découvre un hôtel vibrant, théâtral, à la croisée du design expressif et de l’intime orchestré. Spa dernier cri, pâtisseries à toute heure, restaurant aux sublimes plafonds de « cuir » tressé et chambres comme des carnets de voyage intimes : dans un quartier où la concurrence est dense mais souvent trop lisse - voir désincarnée -, Brach Madrid injecte un récit soigneusement mis en scène, avec un supplément de caractère.
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Suite Armando © Guillaume de Laubier
Comment est l’hôtel ?
Coincé entre un concept-store qui vend des tee-shirt immaculés hors de prix et une boutique de mocassins, Brach Madrid s’est posé là comme si de rien n’était, au beau milieu de la Gran Vía. Ce boulevard théâtral, un peu Broadway, un peu Belle Époque, manquait justement d’un hôtel capable d’assumer sa démesure. C’est chose faite avec ce bâtiment de sept étages coiffé d’un belvédère, érigé entre 1919 et 1922 par Jerónimo Pedro Mathet Rodriguez.
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© G. de Laubier
Sa façade élégante, ses balcons altiers et son escalier en fer forgé abritent désormais un décor pensé comme une narration sensorielle. Philippe Starck y orchestre un dialogue entre matières chaudes, références sentimentales et scénographie onirique. L’âme espagnole, dit-il, se lit dans le contraste. Et Brach Madrid l’exprime en textures. À ceux qui pensaient que la Gran Vía avait déjà tout vu, Brach Madrid répond par la matière, l’âme et une certaine idée du style. Pas un hôtel de plus, mais un électrochoc bienvenu au cœur d’un quartier trop bien élevé.
Comment sont les chambres ?
On entre dans ces chambres comme dans un souvenir qu’on n’aurait pas encore vécu. Boiseries blondes, cuir cousu main, mots griffés au mur comme sur la peau d’un arbre, objets oubliés volontairement… tout semble avoir été placé là avec une tendresse rare, celle qui rend les lieux inoubliables. Il y a une photo d’un boxeur, des castagnettes, une statuette un peu bancale, et même un œilleton mystérieux dans une boîte fermée. Ce n’est pas du design, c’est un récit affectif imaginé par Starck, où l’on devine les traces d’une passion, peut-être perdue, sûrement inventée. Autour de la tête de lit en cuir, les notes manuscrites et les dessins esquissés forment une sorte de carnet intime, à feuilleter des yeux, allongé dans la lumière dorée qui filtre entre les vitres du bow-window.
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© G. de Laubier
La salle de bain, elle, se distingue par un majestueux miroir en terre vernissée, vert mousse, comme modelé par une main maladroite. Tout y est profondément incarné. L’armoire devient bibliothèque de souvenirs, la vannerie se mêle aux poteries, les pompons rose vif évoquent la piste d’un cirque andalou. On s’y installe, happé par ce théâtre intime qui ne raconte pas une histoire, mais laisse chacun inventer la sienne. Et l’on s’étonne, au bout de quelques heures, d’éprouver une forme de tendresse pour un lieu que l’on vient à peine de découvrir.
Et le spa ?
Au sous-sol, tout change. Le bois disparaît, la terre cuite s’efface, et l’on entre dans un autre monde, immaculé, hors du temps. La Capsule, ainsi nommée, déroule 400 m² de couloirs bordés de rideaux blancs que seuls quelques carreaux de zellige doré viennent faire vibrer. Ni ostentatoire, ni prétentieuse, cette zone bien-être joue la carte de la douceur maîtrisée.
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© G. de Laubier
Une piscine de 20 mètres, des bains glacés, un hammam, un sauna infrarouge, une salle de flottaison… L’endroit mêle sans effet de manche les protocoles les plus pointus (caisson d’oxygène, électrostimulation, photobiomodulation) et les soins manuels hérités des médecines asiatiques.
Ce qui fait la différence ?
C’est peut-être là, dans ce restaurant à la lumière douce et aux plafonds de cuir tressé, que se joue le cœur vibrant du Brach Madrid. Dès le seuil franchi, les murs en acajou et les colonnes vernissées installent une ambiance feutrée. On y vient chercher la fraîcheur à midi, l’effervescence tamisée du soir et ce sentiment rare d’entrer dans un lieu qui a toujours existé. Les miroirs inclinés multiplient les angles et les regards et déstructurent l’espace.
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© G. de Laubier
Derrière le comptoir sculpté, la cuisine ne se cache pas : elle s’expose, brasier inclus, comme une scène de théâtre. Le feu y est roi, la plancha crépite, et le four à charbon donne aux pièces de viande l’intensité d’un plat qu’on ne voudrait partager qu’avec les vrais amis.
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© Brach Madrid
Au-dessus, une fresque signée Ara Starck (fille de) veille comme une constellation. L’assiette, elle, parle Méditerranée, avec des accents d’Orient, de Galice et de douceur française. Un peu à l’écart, une salle à manger secrète s’offre aux confidences, loin des échanges sonores typique d’ici. Et pour ceux que le sucre attire plus sûrement que la braise, une pâtisserie blanche, esprit boutique vintage, laisse entrevoir fraisiers, kouglofs et tartes au citron comme autant de souvenirs gourmands à emporter, ou à savourer là, au calme, loin des rues pressées.
Les 5 choses qu’on a aimées
- Cette impression délicieuse de circuler dans une maison espagnole rêvée, entre souvenirs partagés, matières brutes et chaleur enveloppante, comme si chaque recoin avait été habité avant nous.
- Les plats de partage du restaurant, mijotés, grillés, flambés, qui rassemblent autour de la table avec cette générosité typiquement méditerranéenne.
- Le rituel du goûter, sacré à Madrid, qu’on célèbre ici avec des fraisiers ou des kouglofs maison dans un décor blanc d’inspiration vintage.
- Le spa en apesanteur, tout en blanc et or, comme une parenthèse hors du monde où le corps reprend le dessus.
- La déco artisanale comme les miroirs en terre vernissée et les lampes hippocampe, objets d’art affectifs et baroques, aussi touchant qu’inattendu.
Brach Madrid
57 clés (53 chambres et 4 suites) à partir de 417 € la nuit pour une chambre supérieure
Brach Madrid - Evok Collection Gran Vía, 20, Centro, 28013 Madrid, Espagne