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David UkaleqDavid Ukaleq, Le dimanche 03 janvier 2016
Grand angle

Découverte du Groenland-Est : excursions hivernales autour de Tasiilaq

Suite de notre article sur Tasiilaq. Si les voyageurs sont nettement plus nombreux à venir s’y aventurer l’été, c’est aussi une destination populaire l’hiver. Quand fjords gelés et montagnes enneigées offrent un cadre extraordinaire pour des excursions en traineau ou motoneige. Ou simplement à pied, avec des raquettes !
  • En traineau à chien sur les collines en face de Tasiilaq, de l’autre côté du fjord.
    En traineau à chien sur les collines en face de Tasiilaq, de l’autre côté du fjord.
  • Le majestueux site d’Ukiverajik, en bordure du fjord de Sermilik.
    Le majestueux site d’Ukiverajik, en bordure du fjord de Sermilik.
  • Les maisons de Tiniteqilaaq apparaissent minuscules au bord du fjord de Sermilik.
    Les maisons de Tiniteqilaaq apparaissent minuscules au bord du fjord de Sermilik.
  • En redescendant vers Tiniteqilaaq nous croisons un traineau dont j'ai rencontré le conducteur une semaine plus tôt à la Red House.
    En redescendant vers Tiniteqilaaq nous croisons un traineau dont j'ai rencontré le conducteur une semaine plus tôt à la Red House.
  • Mon conducteur de motoneige sur la hauteur qui domine Tiniteqilaaq.
    Mon conducteur de motoneige sur la hauteur qui domine Tiniteqilaaq.
  • Des habitants de Tiniteqilaaq ramènent des phoques capturés au filet.
    Des habitants de Tiniteqilaaq ramènent des phoques capturés au filet.
La jeune femme qui vient nous ouvrir ne cache pas sa surprise en me reconnaissant. Si les touristes ne sont pas légion à cette saison, ceux qui reviennent une semaine plus tard le sont encore moins.
Où est-ce

 
Vues google earth

Note : ce reportage fait suite au premier contenu de notre série sur le Groenland-Est, Découverte du Groenland-Est : sur les traces des Inuits d'Amassalik.

La haute-saison touristique est inconstestablement l'été, pendant lequel il n'y a plus de neige mais où icebergs et plaques de glace continuent à dériver le long de la côte. Les activités favorites sont alors la randonnée, le kayak pour les plus sportifs, les balades en bateaux qui permettent d'aller visiter les villages à l'entour.

Mais nous vous faisons découvrir ici les activités hivernales, dont nous avons fait l’expérience fin mars/début avril. Comme ailleurs dans l’Arctique c’est en fait la fin de l’hiver et le début du printemps qui constituent la meilleure saison pour explorer la région d’Ammassalik sous la neige. Sans surprise, les excursions tournent autour d‎u traineau et de la moins écologique, mais plus rapide, motoneige. Mais ne sous-estimez pas non plus les raquettes que, pour mon plus grand plaisir, jai largement utilisées à Tasiilaq !

En raquettes sur les collines alentour

En effet une simple randonnée de 2 ou 3 heures ‎vous permettra de profiter dun panorama exceptionnel. Il n'y pas de difficulté particulière mais il faut quand même signaler le danger, faible mais qui ne doit pas être négligé, de rencontrer un ours. Demandez conseil à Robert Peroni, au staff de l'hôtel ou à loffice de tourisme avant de vous aventurer plus loin de la ville. Il est possible de louer un fusil à loffice de tourisme. Une mise en garde toutefois : si vous n'avez pas l’habitude des armes à feu, il est probablement illusoire de penser que vous pourrez faire mieux que tirer en l'air pour effrayer l'animal. C'est aussi pour cette raison que le tourisme en groupe est populaire sur la côte est car le/la guide a alors la responsabilité de défendre le groupe si nécessaire.

  • Une crique englacée à environ une demie-heure de Tasiilaq en raquettes.
    Une crique englacée à environ une demie-heure de Tasiilaq en raquettes.

Tout cela en parcourant des distances relativement modestes et sans efforts extrêmes, même si l’expérience peut s’avérer plus fatigante que ne le suggère la carte, notamment en montant la colline. En montée, des étendues de neige assez épaisse alternent avec des sections où les rochers sont à nu. Cela laisse le choix entre de peu pratiques chaussages/déchaussages de raquettes ; ou bien accepter de s’enfoncer dans la neige. Un pantalon imperméable est alors le bienvenu !

  • Tasiilaq vue depuis les collines à l’entour, accessibles en raquettes.

 

En traineau ou en motoneige à Tiniteqilaaq

Depuis Tasiilaq, on pourra atteindre le village de Tiniteqilaaq en une journée de traineau ou bien en quelques heures de motoneige : l'aller-retour est alors ‎possible dans la journée. La première étape se situe au lieu-dit de Kaffibaren ("coffee bar") ainsi qu'ont été surnommées ces 3 petites maisons qui servent de refuge aux touristes. L'ascension des collines offre de belles perspectives sur Tasiilaq et le fjord. Mais c'est après avoir passé Kaffibaren que les vues sont les plus spectaculaires, en particulier en montant sur le glacier au nord de l’île. L'approche de Tiniteqilaaq en en rescendant est simplement fantastique, avec une vue extraodinaire sur le fjord de Sermilik.

Hormis les paysages, ce qui frappe ‎le visiteur c'est le nombre de traineaux que l'on croise sur le chemin. Car il ne s'agit pas là d’"attelages touristiques" mais bien de Groenlandais qui se déplacent d'un endroit à un autre, souvent pour chasser.

Quant au village lui-même, il est typique de ce Groenland traditionnel qui ‎s'efface peu à peu à mesure que croissent les villes moyennes, comme Tasiilaq, et plus encore la très européenne capitale Nuuk.

Lors de ma visite à Tiniteqilaaq, avant même d'entrer dans le village nous nous arrêtons brièvement pour saluer un homme et sa famille, des parents de mon conducteur Juunna, qui ramènent deux phoques capturés au filet. En repartant de Tiniteqilaaq nous nous arrêterons à nouveau à côté de leur maison et Juunna leur achètera un morceau de viande de phoque fraichement découpé. Il me montrera également une peau d’ours en train de sécher dans une maison voisine qu’ils utilisent comme débarras. A l’extérieur, une chienne qui a mis bas récemment y a trouvé un abri pour elle et ses chiots. 

‎Puis, parvenus au coeur du village, nous faisons halte dans une petite maison qui affiche "art and craft". En réalité l’endroit m'est familier car je suis déjà venu à Tiniteqilaaq  - Tinit comme disent les locaux - quelques jours plus tôt, dans une météo hélas catastrophique : visibilité réduite à zéro et pluie ! Eh oui, de la pluie à la fin du mois de mars... Cela s'est déjà produit dans cette région où les températures d’hiver ne sont jamais très froides mais la répétition du phénomène plusieurs jours de suite semble bien être la sinistre manifestation du changement climatique.

La jeune femme qui vient nous ouvrir ne cache pas sa surprise en me reconnaissant. Si les touristes ne sont pas légion à cette saison, ceux qui reviennent une semaine plus tard le sont encore moins. Je lui explique qu’étant resté à Tasiilaq plus longtemps que prévu pour cause de vol annulé, j'ai tenu à refaire le voyage pour Tinit maintenant que le soleil est revenu !

  • Si le blouson blanc de mon conducteur se fond à merveille dans le paysage, j’ai toutefois relevé l’ironie de l’inscription Saint Barth dans une météo peu clémente...
  • Une famille croisée sur le chemin se rend à Tasiilaq en traineau.
  • Mon conducteur s’approvisionne en viande de phoque avant de reprendre la route vers Tasiilaq.
  • Une maison détruite par un incendie à Tiniteqilaaq.
La très sympatique Chihiro est japonaise et mariée à un francais, Max Audibert, qui vit au Groenland depuis plus de 20 ans.

La très sympatique Chihiro est japonaise et mariée à un Francais, Max Audibert qui vit au Groenland depuis plus de 20 ans. Il a appris le Groenlandais - à la fois le dialecte de l'Est du groenland et la langue officielle de la Côte Ouest, celle parlée à Nuuk , la capitale, où il a suivi la formation pour devenir instituteur. Il enseigne maintenant à l'école de Tiniteqilaaq dont il est le directeur. Max et Chihiro ont adopté le mode de vie groenlandais. Max a son propre traineau et sa meute de chiens, et chasse le phoque comme les locaux. Chihiro a appris à le préparer et à le cuisiner. Leur maison est coquette et confortable mais attention, ici pas d'eau courante. L'eau provient d'un réservoir municipal que Juuanna me montrera avant de prendre le chemin du retour.

Dans une petite pièce qui jouxte la cuisine où nous prenons le café en admirant la vue sur le fjord, sont exposées les créations de Chihiro, des broderies d’inspiration groenlandaise et des ‎perlages : les perles sont très populaires au Groenland depuis leur introduction par les Européens à l’époque coloniale. Les prix sont très raisonnables car Chihiro ne vend pas seulement à des touristes mais aussi aux habitants de Tiniteqilaaq. Les cartes postales, imprimées au jet d’encre, sont également faites maison ! Au mur une peau d’ours polaire. Un trophée certes inhabituel pour des Européens mais omniprésent dans les maisons des villages groenlandais.

Michel, le frère de Max, s’est aussi installé à Tiniteqilaaq où il vit dans une maison située au bord de l’eau. Il travaille avec différentes agences de voyage pour les expéditions desquelles il fournit le soutien logistique. Il peut aussi être contacté directement à son adresse audibert(at)greennet.gl.

  • La maison de Max et Chihiro où les touristes peuvent venir prendre un café : une vision salvatrice quand on y arrive après 3 ou 4h de motoneige sous la pluie, comme c’était le cas lors de ma première visite.
  • Suis-je influencé par la présence de Chihiro ? Nous sommes bien loins du Japon mais la vue me fait penser à certaines estampes d’Hiroshige.
  • Chihiro, la femme de Max, a adopté le mode de vie local et vend broderie et perlages d’inspiration groenlandaise.
  • Un jeune habitant de Tiniteqilaaq dans la maison communale où enfants et adolescents peuvent se retrouver.
À une douzaine de kilomètres de Kaffibaren est situé Ukîverajik, que les locaux nomment simplement «Ukivaï».

 

Ukîverajik : camp de chasse et panorama

Après avoir passé Kaffibaren, au lieu de continuer vers le nord en direction de Tiniteqilaaq, il est possible d’aller vers l’ouest en direction du fjord de Sermilik. À une douzaine de kilomètres est situé Ukîverajik, que les locaux nomment simplement «Ukivaï» (transcription phonétique). Le site est utilisé comme camp de chasse car l’endroit est idéal pour y chasser le phoque mais est aussi fréquenté par les touristes, surtout l’été. Pour une raison simple : la vue y est absolument magnifique. On y a d’ailleurs installé un abri tout neuf. Mais m’explique mon guide, les chasseurs préfèrent leurs plus rudimentaires cabanes car, avec leurs larges vitres, ces abris sont difficiles à chauffer. Reste qu’ils sont principalement destinés à être utilisés quand les températures sont plus clémentes.

Pour la petite histoire, lors de mon passage à Ukîverajik j’ai pu observer de loin un groupe de skieurs qui y établissaient leur campement : je ne me doutais pas qu’une semaine plus tard, à la faveur d’une annulation de vol, je ferais connaissance de cette bande de routards de l’Arctique en prenant mon dîner à la Red House. Originaires de la région de Grenoble, ils m’expliquent qu’ils font tous les ans un voyage dans l’Arctique et partagent quelques anecdotes. Comme cette fois où un ours était venu taper à la porte de leur abri au Spitzberg. Ce sont eux dont les silhouettes sont visibles sur la photo.

  • Ukîverajik, à 2 heures de motoneige de Tasiilaq, sur la côte ouest de l’île d’Ammassalik offre une vue incroyable sur le fjord de Sermilik.
    Ukîverajik, sur la côte ouest de l’île d’Ammassalik offre une vue incroyable sur le fjord de Sermilik.

Quelques heures en traineau

Si vous voulez essayer le traineau mais n’avez pas envie de vous lancer dans un long voyage de deux jours aller-retour pour aller, par exemple, à Tiniteqilaaq, de plus courtes excursions sont possibles. Nous sommes allés sur le fjord de Tsarpagaajik où en descendant vers le sud, la banquise cède la place à l’eau libre, permettant aux habitants de pêcher des moules.

On traverse d’abord le fjord de Tasiilaq (Kong Oscar), ce qui suppose évidemment qu’il soit gelé – c’est en général mais hélas pas toujours le cas - pour monter puis redescendre les collines situées en face. Ces pentes fournissent aussi bien des vues étonnantes qu’une sensation grisante de vitesse quand le traineau redescend. De l’autre côté se trouve le fjord de Tsarpagaajik.

A titre indicatif, l’excursion dure 3h aller-retour (en thérorie mais n’hésitez pas à demander au conducteur d’arrêter le traineau quand vous en avez envie, autrement vous pourriez bien être rentrés après à peine plus de 2h…). Prix : DKK 1500 pour deux personnes, DKK 1000 pour 1 personne.

En restant sur la terre ferme, il est également possible d’aller au « lac 160 », situé entre le fjord de Tasiilaq et celui de Sermilik. Ce lac alimente la centrale hydraulique qui fournit l’électricité de la ville depuis 2005, en remplacement d’un nettement moins écologique générateur diesel  Un lac intermédiaire (« lac 100 ») sert de réservoir, le flot d’eau étant contrôlé selon les besoins de la centrale. Les lacs sont dominées par la montagne de Præstefjeld qui offre un magnifique but de randonnée l’été. Quant à la centrale elle-même, elle est située en bordure du fjord d’Ammassalik où est rejetée l’eau : elle est aisément repérable même la nuit car elle est éclairée.

  • Pause déjeuner pour cette famille venue pêcher les moules un dimanche ensoleillé.
  • Cette portion d’eau libre dans le fjord de Tsaarpagaajik permet aux habitants de pêcher les moules.
  • Pause photo pendant le trajet du retour. Les maisons de Tasiilaq sont visibles à l’arrière plan !

 

Photos © DB / Yonder
Tour Opérateurs

Excursions en motoneige ou traineaux peuvent être réservées à l’office de tourisme ou bien à la Red House.

La Red House loue aussi skis ou raquettes à ses clients.

Travellodge organise également des mini-expéditions en traineau de plusieurs jours.

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