Notre avis sur Basgi Basgi : slow life sous le soleil corse

Le pitch | Le charme retrouvé d’une bâtisse corse

De Saint-Florent, on connaît sa baie, ses plages, les vignobles de Patrimonio. On connaît moins cette bâtisse de 1880 en pierre calcaire posée entre mer et montagne, qui fut la première cave viticole de la région. En 2024, le lieu a rouvert ses portes sous les traits d’un boutique hôtel de luxe en Corse nommé Basgi Basgi - prononcez « baji baji » - une expression corse signifiant « bisous, bisous », comme un au revoir tendre, une promesse de retour. Dix-huit mois de travaux ont été nécessaires pour transformer l’adresse en hôtel 4 étoiles discret, chaleureux et résolument contemporain. Trois mille mètres carrés repensés avec intelligence dans un style ni standardisé ni démonstratif, comme une maison d’amis que l’on quitte toujours à regret.

Comment est l’hôtel ? Un lieu à l’âme simple, baigné de soleil

Il faut l’imaginer, ce bâtiment blanc posé au milieu des vignes, autrefois cave viticole du Domaine Perfetti, longtemps délaissé, presque englouti par le temps. Et puis un jour, Coline et Matthieu Marchini, les futurs propriétaires, y voient autre chose : un avenir possible, un lieu à réveiller sans pour autant le trahir. À leurs côtés, l’architecte Marie Tomasini, enfant de la région, redonne du souffle à la bâtisse. Les volumes restent là, bruts, minéraux, comme lavés par le soleil du Nebbiu. La façade immaculée s’anime de volets sauge qui jouent avec la lumière comme les feuilles d’un figuier dans le vent.

À l’intérieur, l’architecte d’intérieur Léa Ueshima compose un récit tout en nuances : une villa de luxe en Corse dans laquelle auraient glissé des notes méditerranéennes et des clins d’œil au mouvement Memphis. L’ensemble est solaire, équilibré, presque évident. Le bar, le jardin, la piscine : rien ne s’impose, tout s’agence dans une forme de douceur nonchalante. On circule en tongs, on s’attarde sur un transat, on oublie la montre. 

L’esprit du lieu ne s’arrête pas au décor. Ici, l’écologie n’est pas un simple argument marketing ni un prétexte à poster des hashtags #green sur Instagram. C’est une démarche authentique, intégrée à chaque détail du quotidien : au petit-déjeuner, place aux producteurs corses : yaourts de brebis, œufs bio, pain artisanal, fromages locaux et jus préparés à partir de fruits hors calibre, récupérés pour éviter le gaspillage. Les produits d’accueil ? Ils sont proposés en vrac et 100 % naturels, issus de la savonnerie du Nebbiu. Les chambres ne débordent ni de plastique ni d’équipements inutiles : pas de mini-bar ou de bouilloire individuelle, mais un frigo partagé et des coins boissons bien pensés avec eau filtrée et boissons chaudes. Même le jardin joue la carte de la sobriété : des essences locales, cultivées sans pesticides, laissées libres de pousser.

Et comme un prolongement naturel de cette philosophie, dans un coin de la tête de Coline, un projet en sommeil : un petit spa.  Rien d’ostentatoire ou clinquant, simplement un espace intimiste pour compléter l’expérience en douceur.

Des chambres équilibrées et sans superflu

Seulement 28 clés, dont un duplex et une suite familiale. L’ambiance est simple, apaisante, texturée : bois, tadelakt, raphia, céramique, jonc de mer. Les chambres s’ouvrent sur un jardin paisible, où miroite une piscine bleu profond, parfaite pour paresser sur un transat ou enchaîner les longueurs.

Pas d’esbroufe, mais là encore une vraie cohérence dans le choix des matières et du mobilier : têtes de lits ourlées d’une finition tressée, dressings façonnés au Portugal, les tomettes en travertin taillées à Six-Fours, à deux ports de là. Les couleurs, chaudes et enveloppantes, dialoguent avec des touches d’artisanat corse. Sous les pieds, les céramiques jaune soleil tracent une ligne directe vers la terrasse, comme un appel vers la lumière. Pas d’effet scénographique : ici, le décor sert l’atmosphère, et non l’inverse. L’hospitalité se joue dans les détails.

L’une des meilleures tables du golfe

Le restaurant sobrement nommé La Table, sous la direction d’Antonin Bergoin-Graziani, s’affirme comme l’un de meilleurs de la région. Aux commandes, le chef Anthony Deront (passé par Le Taillevent, Le Coucou à Méribel, Crillon le Brave) signe une cuisine bistronomique précise, portée par une carte courte : viandes corses rôties, poissons du golfe, barbecue dominical en été. Côté cave, 150 références bio et nature, presque toutes insulaires. Le tout servi dans un esprit de partage, en salle ou sous les étoiles.

Ce qui fait la différence ? 

Basgi Basgi n’est pas une simple adresse de passage, c’est un lieu de transmission, porté des convictions profondes et un retour à l’essentiel. Coline et Matthieu Marchini ont quitté des carrières exigeantes - ingénierie pour lui, haute fonction publique pour elle - pour revenir sur leur terre corse et y proposer leur vision de l’hospitalité. Leur aventure prend une autre dimension avec l’arrivée d’Antonin, leur ami de toujours, né dans le village voisin de Poggio d’Oletta, désormais directeur de la restauration. À eux trois, ils ont façonné un lieu sincère, hospitalier, où l’on se sent attendu sans mise en scène. Ce supplément d’âme se perçoit dans les gestes, les détails, la cuisine. 

Les 5 choses que l’on a aimées chez Basgi Basgi, boutique-hôtel en Haute-Corse

• Une bâtisse ancienne transformée sans trahir son âme, dans un coin préservé du Nebbiu, à 5 minutes du centre de Saint-Florent.
• Une décoration pensée comme une maison méditerranéenne contemporaine.
• Une table qui vaut le détour, entre viandes corses rôties, poissons du golfe et carte des vins ultra-locale.
• Des chambres lumineuses et apaisantes, aux matériaux nobles et naturels.
• Un projet sincère, loin des codes hôteliers formatés.