
Notre avis sur le Don Juan II : la table étoilée qui vogue sur la scène
Paris sur Seine
À quelques pas de la tour Eiffel, un autre monument attend ses convives. Amarré au port Debilly, le Don Juan II ne ressemble à aucun autre restaurant gastronomique à Paris. Et pour cause : il navigue sur la Seine. Le soir venu, cette péniche au charme Art déco — boiseries sombres laquées, moquette épaisse, étoffes Pierre Frey — accueille ses passagers avec une coupe de champagne sur le pont puis largue doucement les amarres et entame sa traversée. La Seine devient scène, Paris se donne à voir depuis l’eau et les monuments défilent à la lueur du crépuscule.
Le spectacle est total, jusqu’au moindre détail : Édith Piaf ou Henri Salvador en fond sonore, équipage en livrée... Dans la salle, une trentaine de convives savourent un instant unique, une escapade d’un peu plus de deux heures, rythmée par la précision d’un service orchestré au millimètre. Les tables très espacées et les différents espaces qui peuvent servir à séparer les plus grandes tablées des amoureux offrent aux tourtereaux toute l’intimité dont ils ont besoin pour profiter de l’instant.
La rigueur Anton
Aux commandes de cette croisière gastronomique, Frédéric Anton. Meilleur Ouvrier de France, triplement étoilé au Pré Catelan, chef du Jules Verne jusqu’en 2023, il impose ici une signature classique, exigeante et parfaitement exécutée. Un menu en cinq temps, orchestré avec le soutien de son chef embarqué Gabin Bordelais.
Le dîner 1 étoile au Michelin débute alors que l’on passe devant l’île Saint-Louis avec un homard à la vanille, plat emblématique du chef, surmonté d’un « zéphyr » (comprendre une brume) acidulée de pomme Granny Smith. L’accord met-vin tape dans le mille avec un Graves (Château Haut Selve 50% sauvignon blanc / 50% sémillon) qui prend de l’ampleur à mesure qu’il s’ouvre et vient trouver la vanille.
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La raviole de langoustine © Pierre Gunther
Suivent des asperges vertes en mousse et flan d’oignon nouveau, relevé de muscade. Moment fort du menu, la raviole de langoustine arrive sous cloche, enveloppée d’une gelée à la feuille d’or et posée sur une crème de parmesan. La langoustine parfaitement nacrée, presque fondante, contraste avec le grain salin et légèrement piquant du fromage. Dans le verre, un chardonnay du Mâconnais, beurré, aux notes briochées, fait écho tout naturellement au parmesan. Vient ensuite un plus classique suprême de volaille jaune et morille qui précède le dessert, un soufflé au chocolat Valrhona 60% accompagné d’une glace à la pistache d’Iran. Très peu sucré — seulement 150 grammes de vergeoise pour 15 kilos de préparation —, il séduit par son intensité et sa légèreté.
Les prix ? Menu unique en 5 temps à 250 € hors boissons.
Ce qu’il faut retenir ?
Ici, tout est millimétré. La cuisine est classique mais jamais figée. Le cadre spectaculaire mais jamais ostentatoire. On dîne entre couples étrangers, Parisiens curieux, touristes élégants, et l’on ressort de cette parenthèse en se laissant porter encore un instant par la tour Eiffel qui scintille à 22 heures pile.
Don Juan II
5 Port Debilly, 75016 Paris
01 83 77 44 40
donjuan2.yachtsdeparis.fr