72 heures à Abidjan : les meilleures adresses de la capitale ivoirienne et du littoral
Abidjan, ce sont souvent les hommes d’affaires qui en parlent le mieux. En se concentrant sur le quartier du Plateau, enchâssé dans les bras de la lagune Ébrié, le cœur du business de la capitale économique ivoirienne. Le « petit Manhattan », comme le surnomme pompeusement les habitants, se veut toujours la vitrine imaginée par Houphouët-Boigny. Dans les années 1970 elle tenait lieu, il est vrai, de miracle africain. C’est sans compter le changement qui souffle doucement sur le pays. Résultat ? Le Plateau voit fleurir de nouveaux hôtels, le quartier de Cocody dope son activité artistique quand le littoral balnéaire d’Assinie constitue un refuge huppé. Et pour l’histoire on file à Grand-Bassam, ancienne ville coloniale dont le quartier France est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Vendredi
Découvrir le quartier des affaires
10h — Poser ses valises au Mövenpick Hotel
ÉTABLISSEMENT PARTENAIRE DU VOYAGE
En plein cœur du Plateau, le Mövenpick Hôtel se distingue par ses couleurs chaleureuses et, surtout sa collection d’œuvres d’art contemporain africain. Du lobby aux 155 chambres en passant par les restaurants, sculptures ou peintures habillent les lieux avec élégance, conférant à cet établissement de chaîne une intimité inattendue. Les chambres affichent une belle générosité, dans la taille comme dans les détails, du bureau qui se transforme en coiffeuse au menu d’oreillers. À noter également, un bar à vin à la carte conséquente et des intermèdes musicaux chaque mois.
Le conseil en plus ? On privilégie les chambres de l’Executive Club pour les check-in/out facilités, le salon privé du petit-déjeuner buffet au happy hour avec snacking et la vue, forcément plus dégagée aux 6e et 7e étages.
Mövenpick Hotel Abidjan
Avenue Terrasson de Fougères, angle Rue Gourgas - 7335 Abidjan
À partir de 335€ la nuit pour une chambre double Premium, petit-déjeuner inclus
Où dormir à Abidjan ? Les autres adresses recommandées
- Noom Hotel Abidjan Plateau : cet hôtel récemment inauguré ouvre généreusement sa vue sur la marina de la lagune Ebrié, dans le quartier du Plateau. À ses 179 chambres, s’ajoute un restaurant, trois bars, une discothèque une piscine à débordement et un spa.
Boulevard de Gaulle, BP 7393, Abidjan.
- Maison Palmier : dans le quartier résidentiel Les Deux Plateaux, cette adresse est le premier Design Hotel d'Afrique centrale et orientale, avec 74 chambres, une architecture moderne, un bistrot, un bar et une piscine.
BP 4387, Rue des Jardins, Abidjan.
15 h — Arpenter le Plateau
Quitte à loger au Plateau, autant faire le tour de cette zone atypique au nord de la ville. On loge peu dans ce quartier qui se vide de ses fonctionnaires le week-end. À la fois centre financier et administratif d’Abidjan il concentre quelques gratte-ciels érigés sous Houphouët-Boigny. Leur point commun ? Le style fonctionnaliste, comme l’étonnante Tour Postel revêtue de vitres miroirs aux tons lilas, les immeubles SCIAM ou CAISTAB qui hébergent des ministères. Le bâtiment le plus emblématique reste à ce jour la Pyramide, construite entre 1968 et 1973 par l’architecte italien Rinaldo Olivieri. Elle abritait des bureaux mais aussi certains services de la présidence. Totalement laissée à l’abandon, fissurée, inondée, elle fait piètre figure et attend désespérément sa restauration.
Il faut être attentif en revanche pour repérer quelques bâtiments coloniaux : peinture claire, souvent écaillée ils demeurent souvent à l’ombre des tours. Si tout se fait à pied, il faut prendre un taxi pour aller visiter la cathédrale Saint-Paul. Un clocher sur trois piliers relié par sept haubans à la toiture de l’édifice triangulaire ; la Trinité et les sept sacrements. Outre sa symbolique, la cathédrale Saint- Paul en impose avec ses 4,500 m2 de surface. Houphouët-Boigny l’avait voulue, l’architecte italien Aldo Spirito — cela ne s’invente pas — l’a créé. Une première pierre bénie par le Pape Jean-Paul II en 1980 et 30 mois de travaux suffirent pour élever ce colosse de béton. On traverse l’immense esplanade pour découvrir un intérieur illuminé par 370 m2 de vitraux qui racontent, entre autres l’évangélisation de la Côte d’Ivoire.
19h30 — Dîner sur Le Toit
L’ascenseur s’arrête au 23e étage sur les 25 que compte le Sofitel Ivoire, haut de 100 m. Un coin cosy le temps d’un cocktail, de confortables fauteuils en cuir lie-de-vin autour de tables nappées d’ivoire, un parquet qui donnerait envie de danser et ces hautes baies vitrées habillées de lourds rideaux : l’atmosphère est chaleureuse. Risotto aux gambas, ossobuco à la milanaise, tiramisu : oui, le chef est italien ! Mais le souvenir le plus prégnant de cette soirée sera la vue sur la baie, juste magique.
Le Toit
Sofitel Ivoire - Boulevard Hassan II, 08 Bp 01 Abidjan
Samedi
Flâner dans le quartier France
10h — Se perdre dans les vestiges de Grand-Bassam
Il faut bien compter 50 minutes pour parcourir les 40 km qui séparent Abidjan de Grand-Bassam à l’est de la capitale. Le phare signe l’approche. Pour certains, Grand-Bassam est une agréable station balnéaire idéale le week-end. C’est avant tout l’ancienne capitale coloniale, dont le quartier France, bien que classé il y a dix ans au patrimoine mondial de l'UNESCO, n’a pas beaucoup été restauré depuis.
Alors, Grand-Bassam, ville fantôme ? Pas tout à fait. Derrière ses volets bruns, pour conserver un peu de fraîcheur, une salle de classe. Tableau noir et pupitres en bois comme une plongée dans l’histoire. Un peu plus loin, l’hôpital. En dépit des apparences, il est toujours utilisé comme dispensaire en semaine. La seule demeure qui a bénéficié d’une restauration en règle abrite désormais le musée du costume. Et celle qu’on aimerait voir revivre est sans conteste la maison Ganamet, ancien « grand magasin » envahi par la végétation.
Site Web de la Ville historique de Grand-Bassam
12h30 — Déjeuner à La Case Bleue
À deux pas de là, toujours dans le quartier France on se glisse dans l’ambiance feutrée de la Case Bleue, l’une des meilleures adresses de Bassam. Dans ce restaurant-galerie ou galerie-restaurant géré par deux passionnés, l’un de cuisine, l’autre d’art, le corps et l’esprit sont joliment nourris dans une déco contemporaine et décontractée. Les murs accrochent des artistes locaux, pour des expos souvent renouvelées ; au menu, la France taquine la Côte d’Ivoire, entre filet de poisson fumé et cuisse de grenouille, gnangnan pintade — une recette baoulé — et lapin chasseur bien de chez nous. Le service s’avère souriant et rapide, une gageure en Côte d’Ivoire, et on peut repartir avec un tableau sous le bras !
La Case Bleue
Assoyam, Grand-Bassam, Côte d'Ivoire.
Comptez environ 25€ par personne.
14h — Craquer pour l’art contemporain ivoirien
On le sait encore peu, mais l’art contemporain ivoirien se porte bien et surtout s’exporte bien ; mais rien de tel qu’aller à la source, au gré des galeries abidjanaises les plus courues. Le quartier de Cocody en constitue un véritable vivier. On commence par la Rotonde des Arts, isolée sur le Plateau, qu’administre, avec une sage passion Yacouba Konaté, célèbre figure des beaux-arts ivoiriens.
Avec un peu de chance c’est lui qui vous guidera pour découvrir les œuvres de Christian Lattier et Aboudia, James Houra ou Jems Robert Koko Bi. À quelques minutes de là, rendez-vous à la galerie Cécile Fakhoury ; cette Française, fille de galeristes valorise l’art africain en offrant une visibilité locale puis internationale à des artistes émergents tout en représentant des figures singulières et déjà reconnues comme le photographe Paul Sika, les peintres Aboudia ou Yéanzi et le sculpteur Jems Robert Koko Bi, déjà exposés à Venise comme à New York, Paris ou Washington.
Une façade aussi austère et sobre que son intérieur est délicatement lumineux : la galerie LouiSimone Guirandou gérée par Simone Guirandou-N’Diaye, une des personnalités incontournables de la scène artistique locale et sa fille Céleste, a su porter loin le dynamisme de l’art contemporain, essentiellement d’Afrique de l’Ouest.
Quant à Amani, c’est probablement l’une des adresses les plus atypiques. Plus qu’une simple galerie, le site est propice aux émotions : on passe d’une cour à un plateau, d’un couloir à une petite pièce, on grimpe découvrir l’immense espace aux fenêtres sans vitre du premier étage. On s’interroge devant les drôles de robots de Demba Camara, on sourit devant les tableaux presque enfantins de Méné on s’attendrit devant la poésie des sculptures en fil de fer du béninois Remy Samuz et surtout on écoute volontiers Léon N’Guetta, le propriétaire. Cet autodidacte, artiste lui-même fonctionne au coup de cœur, mettant en avant des artistes prometteurs comme des valeurs sûres.
Mais aussi
MuCAT (Musée des Cultures Contemporaines Adama Toungara) : il a des allures de forteresse ce musée inauguré il y a deux ans dans le quartier populaire d’Abobo. Pourtant luminosité et silence règnent à l’intérieur. Pas de fonds permanent mais des expositions temporaires mettant à l’honneur des artistes locaux et panafricains.
19h30 — Chiller au Bushman Café
Une petite rue calme du quartier de Cocody. Un portail perdu dans une jungle de verdure ouvre sur une belle villa, incontournable rendez-vous d’Abidjan. Les propriétaires ? Alain, un haut fonctionnaire fou d’art et son épouse, Pascale accorte jeune femme aux commandes. Le résultat, trois étages criblés d’œuvres du monde entier. Une estampe japonaise fraie avec un tapis d’Orient, un fauteuil béké côtoie du Philippe Starck dans un décor qui change chaque trimestre.
On cède à la dégustation de cacao, on butine dans chaque pièce, et, pour dîner, direction le toit-terrasse. La cuisine ? Elle est devant nous. Dans l’assiette, des plats locaux et africains, à la savoureuse simplicité ; sole braisée, pintade choukouya, purée d’igname : relevé, et tout en générosité. Et pour être vraiment local, on privilégie une bière, ivoirienne bien sûr.
Bushman Café
Cocody Riviera 3 Route de M'Pouto
Compter entre 23 et 35 €.
Site web du restaurant Bushman Café
Dimanche
Déjeuner sous un figiuer et se baigner dans l'océan Atlantique
10 h — Marchander au marché CAVA
Heureusement que les habitants du quartier de Betry connaissent le site ! Car, étonnamment, le Centre Artisanal de la Ville d’Abidjan n’est pas des mieux indiqués. Un mur qui nous souhaite la bienvenue — Aqwaba — de la terre battue et, à ciel ouvert, une cinquantaine d’échoppes, telles des cases échappées d’un village. Pas un vendeur qui ne nous hèle avec un sourire éclatant : « Tu connais le jeu d’awalé ? ». « Et mon stand, tu le prends pas en photos ! » L’ambiance est bon enfant, le choix étourdissant. À chacun sa spécialité, peinture, petit mobilier, nappes en batik, statuettes. On nous convie volontiers à voir l’atelier. « C’est pas des copies, hein, je les fabrique moi-même » insiste celui-ci. Prudence pour les masques que l’on nous dit authentiques : la majorité sont des reproductions. Que ce soit pour quelques amusants souvenirs, des objets hauts en couleurs, on respire volontiers cette ambiance et l’on n’oublie pas de marchander un peu.
Centre Artisanal de la Ville d’Abidjan
Treichville zone 3, Rue du Canal parallèle au Bd du canal (et rue clément Ader) Abidjan.
13h — Découvrir le joyau du littoral
Une cacophonie de klaxons, des routes joyeusement encombrées. Pas facile de s’extirper d’Abidjan. La police veille, les contrôles sont fréquents. Une heure et demie de trajet certes, mais pour atteindre un lieu d’une tranquillité hors du temps ; à cheval entre la lagune Abi et l’océan Atlantique, Assinie est la station balnéaire prisée de l’élite abidjanaise et des expatriés. C’est à quelques kilomètres à peine, qu’a été tourné en 1978 le premier film des Bronzés. Oui, Galaswinda, c’est ici !
Site Web des lieux touristiques d’Assinie
14h — Déguster des langoustes à l’ombre d'un figuier
Le portail s’entrouvre doucement, laissant apparaître un jardin soigneusement entretenu. Prélude à cette splendide demeure, qui nous accueille en amis : bienvenue à la Maison d’Akoula. Un étage seulement, un lobby qui ne dit pas son nom entre salon et bar cosy, mais sans façon. Une poignée de tables, des sièges, du bois, des sculptures, mais le regard s’égare très vite, vers cette vaste piscine à débordement.
Le déjeuner ? À l’ombre de ce figuier des pagodes. Il fait chaud, alors, pour commencer ce gaspacho de tomates épicé vient à point nommé. On se laisse aisément tenter par ces langoustes rôties. Oui, au pluriel et pourtant, chacune fait belle figure ! On cède volontiers au dessert, tout en légèreté comme cette soupe de fruits rouges aux épices ou ce trio de sorbet maison. Le service est charmant, souriant, volontiers taquin si on l'autorise et, comme partout dans le pays, un peu lent. Mais après tout, est-on pressé ? D’ailleurs, c’est un des luxes de la Maison d’Akoula : les repas sont servis à l’heure où bon nous semble.
La Maison d’Akoula
Route d'Assinie-Mafia KM5 Assinie-Mafia
Site Web de La Maison d’Akoula
16h — Nager dans une eau à 28°C
La lagune Abi nous nargue : le pilote nous attend à bord du bateau. Une balade pour admirer, ici un cabanon sans façon, là une luxueuse villa. On croise quelques pinasses et même un jet-ski. Si l’on continue sur une trentaine de kilomètres la passe plonge dans l’océan Atlantique. Alors on ne le verra pas ? Que nenni, demi-tour vers la Maison d’Akoula. Là, juste en face. Un chemin glissé entre une armée de cocotiers qui laissent entrevoir deux suites et voici la plage. Privée bien entendue. Infinie ; tout en sable immaculé. Devant l’océan Atlantique : 28°C de bonheur, où se glisser, nager, rêvasser avant de s’allonger sur ce transat. Seuls au monde ou presque.