On a rencontré Quentin Mauro, le gagnant de la saison 16 de Top Chef
YONDER : Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Quentin Mauro : Je suis heureux et un peu frustré, car je n’ai pas pu fêter la victoire hier soir ! Après le verdict, je suis parti tout de suite en cuisine pour élaborer mon menu. Mais c’est une belle frustration parce qu’on est sur cette péniche tous ensemble aujourd’hui, à J-1 de l’ouverture officielle et que mes assiettes font sens. Bien faire est mon obsession.
Êtes-vous déçu de ne pas avoir décroché l’étoile ?
Pas du tout ! Je me serais senti comme un imposteur si je l’avais obtenue. Même si j’ai travaillé dans beaucoup de restaurants étoilés, j’ai encore du chemin à faire, je dois tirer le fil de ma cuisine et affirmer mon identité. J’ai seulement 26 ans et encore beaucoup de choses à apprendre. Si un jour je l’ai, je veux l’obtenir par ma cuisine, sans concours.
Que retenez-vous de l’expérience Top Chef ?
C’est une expérience qui m’a énormément fait grandir en me donnant l’opportunité de faire goûter ma cuisine aux critiques culinaires du guide Michelin et de recevoir leurs commentaires. J’ai gagné 2 ans en 2 mois ! Mais ce que je retiens surtout de Top Chef, c’est l’expérience humaine et toute la bienveillance qui l’entourait.
La suite ? Ouvrir votre restaurant ?
Non, il y aura une transition. Je n’ai pas envie de me brûler les ailes en ouvrant mon restaurant trop vite, mais je n’ai pas envie non plus de me perdre dans une autre maison, je veux continuer à travailler ma cuisine. J’aimerais ouvrir mon laboratoire, cela me permettrait de tester des recettes et d’apprendre de moi-même. Ce serait un entre-deux idéal. Mon restaurant ? Pas avant 30 ou 35 ans !
Est-ce que vous avez eu cette réflexion avec Glenn Viel, le chef qui vous a accompagné tout au long de l’aventure Top Chef ?
Oui, nous en avons beaucoup parlé. Nous avons une grande complicité et on s’appelle régulièrement. Au début, il m’a proposé de venir travailler avec lui, mais il a fini par me dire : « Non, ce n’est pas une bonne idée, il faut que tu te trouves et que tu traces ton chemin ».
Avez-vous peur du succès ?
Je ne sais pas ce que ça veut dire le succès ! Mais j’avoue, je préfère me cacher dans ma cuisine.
Quel est l’ADN de votre cuisine ?
J’aime les one shot, j’aime surprendre et j’ai du mal à rester dans le confort, je crois que cela s’est vu dans l’émission déjà ! Revenir sur quelque chose que je connais déjà ne me rassure pas, ça m’angoisse même. J’ai besoin d’innover sans cesse, de tester de nouvelles choses, je cherche l’équilibre parfait, mais parfois, je vais trop loin, et je me perds. La péniche va me permettre de me recentrer, même si ce que je vous ai servi aujourd’hui ne restera pas tel quel. Dans une semaine, je pense que le menu sera assez différent. La création, en cuisine, part souvent d’un produit, mais je me suis aperçu qu’on arrive souvent à la même finalité. Si le point de départ, c'est ton histoire, tes souvenirs, tes émotions, c’est le cœur qui parle et là ça devient percutant et particulièrement intéressant. C’est mon fil rouge.
Quel est votre rêve ultime ?
Finir là où tout a commencé en reprenant le domaine de mes grands-parents en Savoie. Là-bas, il y a trois corps de ferme, 4 hectares de terrain, un étang, une forêt, de quoi faire ! J’imagine une boulangerie juste après le portail, où les visiteurs pourraient commencer par prendre un café. Puis, il y aurait un bistrot, un gastro, une auberge et autant d’histoires à raconter...
Bistrot Splash, la table d’hôtes de Quentin Mauro
Du 3 juillet au 31 août 2025
Port Van Gogh, Asnières-sur-Seine
Menu gastronomique en six temps à 95 € servi chaque soir.
Réservations sur The Fork.