On a testé Le George, la nouvelle table méditerranéenne du Four Seasons George V
Le contexte
Déjeuner le jeudi 22 octobre 2015, deux convives.
Le pitch
Octobre 2015 marque un tournant dans l’histoire du Four Seasons George V. Un an après l’arrivée du Chef Christian Le Squer au Cinq, le restaurant de haute cuisine, grande table française par excellence, le prestigieux palace de l’avenue George V se lance un nouveau défi gastronomique en dévoilant Le George, une table forcément chic (palace oblige) mais plus décontractée, plus moderne et plus accessible.
La sobriété dans le choix du nom de cette nouvelle adresse ne dissimule pas un manque d’originalité, bien au contraire. Christian Le Squer a donné carte blanche au chef d’origine toscane Marco Garfagnini (bien connu des Genevois pour travail remarquable au Four Seasons Hôtel des Bergues) pour imaginer une carte méditerranéenne, fortement influencée par la cuisine transalpine.
Ce « voyage entre la Riviera française et le nord de l’Italie » joue la carte du partage (tous les plats sont servis en demi-portions ou en assiettes à partager), de la légèreté et de la convivialité. Là où Le Cinq propose une expérience d’excellence (qui pourrait bien se voir récompensée d'une troisième étoile en 2016) codifiée comme seules peuvent l’être les gastronomies françaises ou japonaises, le George s'affranchit des rituels parfois pesants des tables étoilées.
Un vent de fraîcheur souffle donc au 31 avenue George V. Et c’est tant mieux !
Pain et excellents amuse-bouches, avant d'attaquer le déjeuner. © Yonder.fr
Dans l’assiette
On ne perd pas de temps et on va directement à l’essentiel : que vaut l’assiette du George ?
On commence par un assortiment de crudos (poissons crus) et d’entrées à picorer. Sur la table arrivent des langoustines rôties (sauce moutarde de Crémone), des fine tranches de thon mi-cuit accompagnées de leurs pétales de truffe noire, ainsi que quelques lamelles de bar, cru lui aussi.
Une mise en bouche plus qu’élégante grâce à des produits d’une fraîcheur irréprochable et des assaisonnements d’une précision diabolique (la truffe avec le thon, la moutarde avec les langoustines).
Langoustines, thon et bar : le déjeuner débute sous les meilleurs auspices. © Yonder.fr
Si les choses avaient bien commencé, le premier émerveillement vient indéniablement de la tarte Tatin d’oignon, sorbet parmesan, l’une des entrées phares de la carte imaginée par Marco Garfagnini.
Passée la première surprise de retrouver les saveurs subtiles du Parmigiano Reggiano dans une glace, on savoure pleinement le fondant d’un oignon parfaitement cuit jusqu’à ne plus en laisser une miette. Le travail sur les textures et les températures est superbe, pour une entrée qui a le mérite d’être très accessible (12€).
La tarte tatin d'oignon et son sorbet de parmesan. © Yonder.fr
On enchaîne avec quelques pasta. Mais attention, pas n’importe lesquelles. Ces Ravioli « Del Plin » de pintade à la truffe noire et crème de parmesan nous rappellent à quel point les pâtes, un plat simple en apparence, se conjuguent merveilleusement avec une approche gastronomique et une cuisine subtile. Des pâtes que l’on se verrait bien manger tous les jours…
Mais ne soyons pas trop gourmands, le déjeuner n’est pas terminé. Notre prochain plat, une salade épinards, gambas rouges, truffe et parmesan est tout autant réussie avec des pousses aussi croquantes que parfaitement assaisonnées.
À n’en pas douter, cette salade risque de venir un best-seller au George.
Une salade épinards et gambas parfumée à la truffe. Un best-seller en devenir. © Yonder.fr
Il y a enfin cet excellent bar de ligne servi dans un jus iodé aux palourdes.
Un plat d’une étonnante simplicité en apparence qui résume à lui seul la philosophie de Marco Garfagnini qui a fait le choix d’une cuisine sophistiquée sans être compliquée, raffinée sans être prétentieuse.
Le bar de ligne et son jus iodé aux palourdes. © Yonder.fr
On termine notre périple méditerranéen en goûtant à trois desserts : une composition de chocolat à la technique impeccable, une jolie crème brulée façon cheese-cake servie avec son sorbet mandarine (ou comment se réapproprier avec brio deux des desserts les plus populaires des restaurants parisiens) et un vacherin au cœur passion fondant, d’une légèreté exemplaire.
S’il est fréquent que le sucré pêche dans certaines très bonnes tables (y compris des étoilés), les desserts sont ici à la hauteur de tout ce qui a précédé. Et concluent avec panache un déjeuner de très haute facture.
Dans la salle
C’est à Pierre-Yves Rochon, l’architecte d’intérieur spécialiste des palaces qu’a été confiée la lourde tâche de transformer l’ancien salon attenant à la cour de marbre de l’hôtel en une salle de restaurant. Et que l’on soit amateur ou non du style de Rochon, on ne peut qu’admirer le résultat.
La salle est luxueuse (comment imaginer le contraire à l’intérieur d’un palace de ce niveau ?) mais cela ne l’empêche pas d’être moderne, lumineuse (grâce à cinq grandes baies vitrées) et spacieuse. Le lieu évite l’écueil d’un formalisme malvenu ou d’un manque d’intimité grâce à un espace bien agencé qui permet de déjeuner à deux en toute tranquillité.
Et il se murmure qu’au printemps prochain, le George s’ouvrira vers l’extérieur avec la création d’une nouvelle « Orangerie ».
Une salle chic et lumineuse, dominée par un immense lustre de cristal Baccarat. © Yonder.fr
Le service
En salle aussi, le Four Seasons a voulu jouer la carte d’un luxe décontracté. Exit les cravates, y compris pour le très dynamique directeur du restaurant, Quentin Garreau de Labarre, qui travaille avec une équipe jeune mais suffisamment affutée pour garantir un service efficace et souriant, débarrassé des codes obsolètes et des manières obséquieuses. On ne peut qu'adhérer.
Il manque encore ça et là quelques automatismes mais après seulement deux semaines d’ouverture, le contraire en serait presque inquiétant !
Les prix
Menu déjeuner en six services à 65€ ou menu « Saveurs » en neuf services (au dîner) à 110€.
À la carte, comptez de 70 à 120€ en fonction de votre appétit.
La bonne surprise vient incontestablement des crudos et des entrées dont les prix sont étonnamment abordables. De manière générale, le rapport qualité-expérience-prix est tout bonnement excellent, en particulier dans un quartier où les tables chères (et parfois médiocres !) sont légions.
Notre verdict
On avait signalé Le George comme l’une des 10 tables incontournables de la rentrée. On ne s’était pas trompés. Cuisine enthousiasmante célébrant de beaux produits et des saveurs franches, beauté des lieux, service moderne, prix raisonnables, la nouvelle table du Four Seasons George V Fait un sans faute.
Au final, donc, une adresse coup de cœur qui contribue à réinventer avec audace le restaurant de palace à Paris. Quand on vous disait incontournable…
Pratique
Le George
Au Four Seasons Hotel George V
31 avenue George V
Paris 8ème
Tél : +33 (0)1 49 52 72 09
Site Web : www.legeorge.com
DÉJEUNER : Tous les jours de 12h à 14h30
DÎNER : Tous les jours de 19h à 21h30 (deux services)