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David UkaleqDavid Ukaleq, Le vendredi 19 août 2022
Grand angle

Groenland : Ilulissat et la baie de Disko en été

Après plusieurs visites au Groenland à la fin de l'hiver, c'est cette fois pendant le court été arctique que nous partons à la découverte d'Ilulissat et de la Baie de Disko, où le tourisme a explosé ces dernières années.
  • Coucher de soleil à Ilulissat. © DB /Yonder
    Coucher de soleil à Ilulissat. © DB /Yonder
  • Bateaux allant observer les icebergs au soleil couchant. © DB /Yonder
    Bateaux allant observer les icebergs au soleil couchant. © DB /Yonder
  • Le glacier d'Eqi, au nord d'Ilulissat, point de départ des expéditions de Paul-Émile Victor.  © DB /Yonder
    Le glacier d'Eqi, au nord d'Ilulissat, point de départ des expéditions de Paul-Émile Victor.  © DB /Yonder
  • Ambiance nocturne mystérieuse à Qeqertarsuaq, sur l'île éponyme, ou île de Disko. © DB /Yonder
    Ambiance nocturne mystérieuse à Qeqertarsuaq, sur l'île éponyme, ou île de Disko. © DB /Yonder
  • Des couleurs particulièrement spectaculaires au coucher du soleil. © DB /Yonder
    Des couleurs particulièrement spectaculaires au coucher du soleil. © DB /Yonder
La renommée touristique d'Ilulissat, qui signifie les icebergs en Groenlandais, tient avant tout à son spectaculaire fjord glacé où dérivent les immenses icebergs

Ilulissat, une capitale touristique en forte croissante 

En mars 2002, date de mon premier voyage au Groenland, il n'y avait à Ilulissat, qui était déjà la principale destination touristique du pays, que deux hôtels. L'Hotel Arctic, qui venait d'ouvrir une nouvelle aile avec des chambres plus haut de gamme, et l'historique Hvide Falk (le faucon blanc) situé de l'autre côté du port. Le tourisme restait assez modeste, surtout en hiver. Quel contraste avec la ville d'aujourd'hui, qui compte maintenant de nombreuses adresses (l'hôtel Arctic en est lui à sa énième extension), plus de magasins, plus de voitures, plus de choix au supermarché. Mais aussi moins de chiens de traîneau, reflet d'un déclin inéluctable du mode de vie traditionnel. Les jeunes générations, qui parlent anglais pour la plupart, passent plus de temps sur les réseaux sociaux qu'en traîneau, qu'on utilise de plus en plus comme véhicule de loisir et de moins en moins pour aller à la chasse. La typologie des touristes a elle aussi changé, encore qu'il y ait probablement aussi un effet saisonnier : plus seulement des Danois, des passionnés du Grand Nord ou des voyageurs en quête de destinations inhabituelles, mais des touristes mainstream, y compris des visiteurs qui sont clairement venus cocher la case arctique de leur bucket list. Au restaurant de l'hôtel Arctic on croise beaucoup de Français et, on entend parler dans les conversations non pas seulement de la magie des paysages mais... de rendez-vous à la Commission Européenne. Bonjour le dépaysement !

Mais ne soyons pas snobs pour autant. Tout ceci ne retire rien à l'attrait d'Ilulissat. Le développement du tourisme a aussi du bon, en multipliant les possibilités d'excursions, y compris dans les villes et villages voisins. Et si vous cherchez plus de quiétude, il reste facile d'échapper aux hotspots touristiques en partant en randonnée ou en allant dans les villes proches. 

     

    L'Icefjord d'Ilulissat : un site classé à l'Unesco, de renommée mondiale

    La renommée touristique d'Ilulissat, qui signifie les icebergs en groenlandais, tient avant tout à son spectaculaire fjord glacé (isfjord en danois) où dérivent les immenses icebergs qui se détachent du front glaciaire situé quelque 45 km plus à l'est. Parvenus à l'embouchure du fjord au terme d'un voyage qui dure typiquement plus d'un an, ces géants de glace fournissent l'arrière-plan aux vues typiques de la ville, avant de continuer leur dérive en pleine mer où ils vont fondre progressivement. Et ils font bien sûr le régal des promeneurs de Sermermiut ou des touristes qui les approchent en bateau (voir plus bas). 

      • Les icebergs du fjord glacé d’Ilulissat, photographiés depuis le site de Sermermiut, à l’embouchure du fjord. © DB /Yonder
        Les icebergs du fjord glacé d’Ilulissat, photographiés depuis le site de Sermermiut, à l’embouchure du fjord. © DB /Yonder

     

    En raison de la grande distance qui le sépare de la ville, le principal moyen de voir le front glaciaire est depuis les airs, en hélicoptère ou en avion. Un vol que nous avons testé à bord d'un avion de la compagnie Air Zafari, et dont les images feront aussi l'objet d'un prochain article. Autre possibilité de voir un front glaciaire de près et en restant au sol : se rendre au glacier d'Eqi.

     

    Admirer le coucher du soleil — ou le soleil de minuit — depuis l'hôtel Arctic

    De nombreux hôtels confortables ont ouvert ces dernières années mais l'hôtel Arctic reste une de nos adresses préférées, principalement à cause de sa vue remarquable. Localisé en dehors de la ville, dans la direction de l'aéroport, et sur une légère hauteur, il offre non seulement une vue sur la baie mais aussi sur la ville, et bien sûr, à l'arrière-plan, sur les icebergs en provenance de l'Isfjord. Au premier plan, c'est le balai des bateaux qui quittent le port et y rentrent qui retiendra votre attention.

    Le meilleur moment de la journée est probablement le coucher du soleil — si tant est qu'il se couche car de la fin mai à la fin juillet, c'est la période du Seqineq kaaviinnartoq, littéralement « le soleil qui ne fait que tourner » ou soleil de minuit. Soulignons qu'il n'y a pas besoin de résider à l'hôtel pour en profiter. Un dîner au restaurant (réservation vivement recommandée) est l'occasion d'observer le changement de la palette de couleurs tout au long de la soirée. Quand la nuit s'installe, si l'on vient plus tard en saison, c'est pour laisser place aux lumières de la ville. 

    La passerelle en bois qui permet d'accéder aux igloos de l'hôtel (ceux en aluminium ont été démontés et seront bientôt remplacés par de nouveaux offrant une vue panoramique), pour les hôtes qui veulent être encore plus près de la baie, n'est cependant pas réservée à ces derniers. Il suffit de rejoindre le chemin par la porte située juste à côté de la réception. Cette promenade offre la vue la plus dégagée et le bénéfice d'être au grand air pour profiter de ces moments magiques.

    • Coucher de soleil depuis la passerelle en bois de l’hôtel Arctic. © MB / Yonder
      Coucher de soleil depuis la passerelle en bois de l’hôtel Arctic. © MB / Yonder
    Ces "chroniques glaciaires", pour reprendre la belle expression du glaciologue Paul A. Mayewsky, ne nous racontent pas seulement l'histoire des paléo-climats ; elles nous aident aussi à prédire l'impact du réchauffement actuel
    Le fjord glacé d'Ilulissat et les environs. © Asiaq

    Se promener à Sermermiut : site archéologique majeur et vue extraordinaire 

    Sermermiut (« ceux qui habitent près du glacier » - ou de l'icefjord, voir traduction de sermeq) se situe juste au sud de la ville et en bordure de l'Isfjord. C'est un site doublement remarquable : pour sa vue particulièrement impressionnante vers les icebergs de l'Isfjord ; et pour son importance archéologique. Le site a été habité jusqu'au XIXe siècle, quand sa population excédait celle d'Ilulissat, avant de décliner rapidement au profit de cette dernière et d'être finalement abandonné. Mais des fouilles ont établi son occupation pendant une période de plusieurs millénaires, correspondant aux cultures paléo-esquimaudes de Saqqaq (2 500 et 800 ans av. J.-C.) et de Dorset, avant celle de Thulé. C'est en fait le site de Sermermiut qui a permis à l'archéologue danois Jørgen Meldgaard, au moyen de son profil stratigraphique, de définir la culture de Saqqaq. Soulignons toutefois que les Groenlandais actuels sont les descendants des Inuits arrivés au Groenland lors de la dernière migration, celle dite de Thulé, vers 1200 de notre ère. Les paléo-esquimaux qui vivaient sur ce site ne sont donc pas leurs ancêtres directs. En fait, les données archéologiques indiquent des vides entre les périodes d'occupations par ces différentes cultures. Et même s'il est possible qu'ailleurs au Groenland elles aient cohabité un certain temps, des études génétiques semblent exclure que ces peuples se soient mélangés, ce qui pose la question de la disparition des Dorset et Saqqaq.

    • Les rochers du site de Sermermiut offrent un point de vue remarquable sur l’embouchure du fjord et ses icebergs aux proportions formidables. © MB / Yonder
      Les rochers du site de Sermermiut offrent un point de vue remarquable sur l’embouchure du fjord et ses icebergs aux proportions formidables. © MB / Yonder

     

    Toutefois, le profane aura du mal à distinguer quoi que ce soit de ces vestiges archéologiques, encore que l'on puisse, par exemple, au détour d'un des chemins de randonnée, apercevoir un squelette humain. C'est donc indéniablement à la beauté des lieux qu'on sera le plus sensible. Enchanteur aussi bien en hiver qu'en été, c'est peut-être malgré tout pendant le second que Sermermiut est le plus spectaculaire, quand le blanc des icebergs contraste avec le vert de la végétation. Et le platelage (boardwalk), qui y a été installé dans la foulée du classement à l'Unesco permet de se promener avec des chaussures de ville. On préférera toutefois être chaussé de manière un peu plus robuste si on a l'intention de s'éloigner du chemin pour grimper sur les rochers — ce qui est normalement sans danger particulier à condition de faire un minimum attention — et de gagner ainsi des vues légèrement différentes ou plus dégagées.

      • Le chemin de bois qui serpente sur le site de Sermermiut facilite la marche dans ce décor fantastique. © Yonder
        Le chemin de bois qui serpente sur le site de Sermermiut facilite la marche dans ce décor fantastique. © Yonder

     

    L'icefjord center de Sermermiut : science et culture dans une architecture contemporaine

    Il faut bien sûr mentionner le nouvel Icefjord center, dont l'architecture ambitieuse signée Dorte Mandrup est conçue pour se fondre dans le paysage. Il se veut à la fois une porte d'entrée symbolique vers les immensités sauvages qui cernent la ville, et un abri pour les randonneurs. Son toit fonctionne aussi comme une plateforme d'observation rappelant le chemin qui serpente alentour. Le centre explore la fragile interface entre nature et culture, avec des informations sur la présence humaine de ces derniers millénaires et, à une échelle de temps encore bien plus importante, sur l'histoire de la glace qui a sculpté le paysage. Un élément central de l'exposition sont les carottes de glace obtenues en forant la calotte glacière, qui représentent une véritable archive climatique. Rappelons que la formidable masse de glace qui recouvre le Groenland résulte de l'accumulation de neige pendant des millénaires. Ainsi, plus la glace a été prélevée en profondeur, plus elle s'est formée il y a longtemps : la plus ancienne remonte à quelque 124,000 ans ! Mais en se transformant en glace, la neige a aussi emprisonné avec elle des bulles d'air, qui sont autant d'échantillons de l'atmosphère de l'époque. L'analyse de leur composition permet aux scientifiques de reconstituer le climat qui régnait au moment où la neige est tombée. Ces « chroniques glaciaires », pour reprendre la belle expression du glaciologue Paul A. Mayewsky, ne nous racontent pas seulement l'histoire des paléo-climats ; elles nous aident aussi à prédire l'impact du réchauffement actuel, collision entre activité humaine et cycle naturel du climat.

    "Donnez-moi l'hiver, donnez mois des chiens ! Vous pouvez garder le reste."

    Le musée d'Ilulissat (musée Knud Rasmussen)

    Le principal musée d'Ilulissat est le musée Knud Rasmussen (1879-1933), qui est la maison natale du fameux explorateur. Transporté du Danemark au milieu du XIXe siècle, le bâtiment a tour à tour été une école et un logement de fonction pour les missionnaires. En 1879, il était habité par le pasteur et philologue Christian Vilhelm Rasmussen et sa seconde épouse Sophie Lovise, quand celle-ci accoucha du petit Knud. Celui qu'on surnomma affectueusement Kunuunnguaq (forme diminutive en groenlandais) allait devenir un véritable héros national, et reste à ce jour une figure d'unité dans une histoire où les liens entre Groenland et Danemark sont parfois compliqués. Car si le père de Rasmussen était danois, sa mère était à moitié groenlandaise, et il grandit en pratiquant kayak, chasse et traîneau à chien, avec le Groenlandais comme langue maternelle. Knud Rasmussen est célèbre pour les nombreuses expéditions qu'il dirigea, non seulement au Groenland où il ouvrit le comptoir commercial de Thulé avec Peter Freuchen, mais dans tout l'Arctique canadien et jusqu'en Alaska. Sa 5e expédition (1921-1924), qui rassemblait plusieurs grands noms de l'exploration au Groenland, fait l'objet d'un compte-rendu en 10 volumes contenant un trésor de données biologiques, archéologiques et ethnographiques. Sa double culture lui donna évidemment un avantage par rapport aux anthropologues occidentaux d'alors et Rasmussen est reconnu aujourd'hui comme le « père de l'esquimaulogie ». 

    La maison fut transformée en musée dans les années 1970 et les travaux se terminèrent en 1979, année qui marquait le centenaire de la naissance de Rasmussen. Notons au passage que c'est cette même année que le Home Rule (autogouvernance) a été mis en place au Groenland après référendum, étape essentielle de l'histoire post-coloniale du Groenland, après que son statut a changé de colonie à celui d'amt (l'équivalent danois d'un département) en 1954.

    • Tableau d’Imanuel Petersen au musée d’art d’Ilulissat.
      Tableau d’Emanuel Petersen au musée d’art d’Ilulissat.

      Le musée d'art

      Avec le même billet, vous pourrez visiter le musée d'art qui abrite entre autres une cinquantaine de tableaux du peintre danois Emanuel Petersen (1894-1948). Particulièrement prolifique, Petersen a peint de 2000 à 3000 tableaux des années 1920 et sa mort prématurée à 54 ans. L'intérêt de son œuvre réside probablement moins dans sa qualité artistique que dans l'immense inventaire des paysages groenlandais qu'elle représente. Elle n'a pourtant pas l'objectivité du documentaire. D'une part, parce que Petersen peignait en général ses tableaux une fois de retour au Danemark, d'après des croquis réalisés sur place. Mais aussi car sa vision du Groenland est idéalisée et romantique. Quand il y fait figurer des éléments humains, ceux-ci sont davantage en phase avec le Groenland qu'ont pu observer les Grønslandsmaler (littéralement peintres du Groenland) qui l'ont précédé, comme I.E.C. Rasmussen (1841-1893) au XIXe siècle, qu'avec celui de ses contemporains. Il a aussi préféré reléguer à ses journaux le mauvais temps et la nature parfois hostile rencontrés pendant ses nombreux et longs périples, et ne peindre le Groenland que sous des cieux relativement cléments. Un Groenland de carte postale, donc ? Pour nous le charme de ces tableaux tient à ce que, malgré tout, ils retranscrivent parfaitement cette ambiance typique qui fait encore l'admiration des voyageurs d'aujourd'hui : qu'il s'agisse de vastes étendues blanches traversées par des traîneaux à chien ou d'un de ces couchers de soleil aux couleurs si spectaculaires que la nature elle-même semble avoir abusé de Photoshop. Un pouvoir évocateur que n'avait pas la photo de l'avant-guerre, encore presque exclusivement en noir et blanc.

       

      Aller voir les icebergs en bateau...

      Approcher les icebergs en bateau reste l'une des excursions les plus populaires, et à juste titre. Même si les prix ont augmenté, la multiplicité des offres permet de trouver des tours à un tarif raisonnable. Nous vous encourageons à privilégier un plus petit bateau. Certains pêcheurs offrent d'ailleurs des tours privés à bord de leur embarcation. 

      Approcher les icebergs offre un plus indéniable par rapport à leur observation à distance. Cela permet de se rendre compte de la diversité des tailles et des formes, auxquelles l'imagination se plaît à trouver les ressemblances les plus fantaisistes ; d'observer les différences de texture, de coloris, etc. Le tapis de glace à l'approche des icebergs vous donnera aussi un avant-goût de la mer en hiver, à cette différence que la glace provient de la désintégration des icebergs et non d'une banquise fragmentée. 

      • Les balades en bateau sont aussi l'occasion, avec un peu de chance, d'apercevoir des baleines. © MB /Yonder
      • Les plus aventureux pourront s'essayer au kayak. © DB /Yonder
       

      ... ou survoler le glacier avec Air Zafari

      Comme mentionné plus haut, le célèbre glacier dont se détachent les icebergs se trouve à quelque 45 km à l'est d'Ilulissat et son front a reculé de plusieurs kilomètres ces 20 dernières années. Pour en atteindre le bord à pied depuis Ilulissat, il faudrait donc non seulement marcher plusieurs jours, mais encore traverser le fjord Sikuiuitsoq perpendiculaire à l'Isfjord (voir carte) dans lequel vêle le glacier voisin de Sermeq Avannarleq (littéralement le « glacier nord »). En hiver, ce fjord est glacé et ceci est donc possible en motoneige ou en traîneau, mais il se trouve bien sûr en eau libre pendant l'été.

      Les glaciologues qui étudient le glacier se font donc déposer près du front en hélicoptère, où ils dressent un camp. Pour les touristes, il est également possible de survoler le glacier en hélicoptère, mais l'avion, plus économique, est une alternative intéressante. C'est ce que propose la compagnie Air Zafari. Fondée par Jens Ploug Larsen et sa femme Bente Biilman Larsen, tous deux pilotes chez Air Greenland, elle est maintenant entre les mains de leurs deux filles Mia et Anna, qui à seulement 24 et 22 ans ont déjà les brevets pour piloter tous types d'appareils. Une famille de passionné(e)s d'aviation, donc, qui possède même un avion de combat dans lequel Jens s'essaie à la voltige au Danemark !

      • Le glacier de Sermeq Avannarleq survolé depuis l’avion d’Air Zafari, et, tout au fond, l’Isfjord. © DB / Yonder
        Le glacier de Sermeq Avannarleq survolé depuis l’avion d’Air Zafari, et, tout au fond, l’Isfjord. © DB / Yonder

       

      Plusieurs vols sont proposés, dont un long itinéraire qui survole aussi le glacier d'Eqi. Nous avons pour notre part essayé le circuit plus classique qui consiste à survoler d'abord le fjord de Sikuiuitsoq mentionné plus haut puis le glacier de Sermeq Avarnnarleq. Contrairement à Sermeq Kujalleq, c'est un glacier relativement lent qui rejette seulement une petite fraction du volume de glace de son célèbre voisin. Pour le profane, sa fascinante surface crevassée n'est pourtant pas très différente et il est difficile d'identifier la limite entre les bassins de drainage des deux glaciers, qui, à l'instar d'une ligne de partage des eaux, sépare la glace qui va lentement s'écouler en direction du fjord de Sikuiuitsoq de celle qui va, à grande vitesse, rejoindre l'Isfjord. 

      • Le front du glacier de Jakobshavn ou Sermeq Kujalleq, situé au fond du fjord. A titre indicatif, la bande de terre fait environ 4km. © DB / Yonder
        Le front du glacier de Jakobshavn ou Sermeq Kujalleq, situé au fond du fjord. A titre indicatif, la bande de terre fait environ 4km. © DB / Yonder

       

      L'avion effectue justement un virage au-dessus de cette zone pour survoler le spectaculaire front glaciaire. Il remonte alors l'Isfjord d'ouest en est, faisant en accéléré le même voyage que font les icebergs en à peu près un an. Après avoir rejoint l'embouchure du fjord, le survol se poursuit pendant quelques minutes au-dessus de la baie, offrant une vue particulièrement belle en fin de journée. En dessous, c'est le balai des bateaux, transportant pêcheurs ou touristes allant observer les icebergs. Et avec de la chance, vous apercevrez peut-être des cétacés.

      La compagnie Airzafari offre aussi plusieurs vols panoramiques autour de Kangerlussuaq, permettant de voir l'inlandsis ou encore la faune locale.

      Le débarquement s'effectue rapidement car le détachement d'un bloc de glace de grande dimension peut entrainer une sorte de mini-tsunami dans la baie.

      Sur les traces de Paul-Émile Victor au glacier d'Eqi 

        À quelque 50 kilomètres au nord d'Ilulissat, se trouve un autre site remarquable à la fois par sa beauté sauvage et par la place qu'il occupe dans l'histoire de l'exploration polaire : celui du glacier d'Eqi.

        Situé au fond d'une baie, l'imposant front glaciaire s'étire sur plus de 3 km de long avec une hauteur qui varie entre 50 et 170 m au-dessus de l'eau. Toutes les quelques minutes se détachent des blocs de glace en faisant entendre de puissants craquements. Contrairement au glacier d'Ilulissat, qui donne naissance à des icebergs massifs de manière peu fréquente, celui d'Eqi vêle en une sorte d'effritement continu, laissant la glace s'accumuler dans la baie. Une étude a recensé quelque 1,600 événements en 6 jours, soit en moyenne une fois toutes les 5 minutes !

        C'est juste en face du glacier, de l'autre côté de la baie, que Paul-Emile Victor installa son camp en 1948. PEV, comme on l'appelait, cherchait un endroit à partir duquel accéder à la calotte glaciaire au moyen de véhicules à chenilles baptisés weasels (belettes en anglais). Il trouva ici la configuration géographique idéale et l'on nomma naturellement le lieu Port-Victor. La cabane de PEV est encore visible aujourd'hui et est même utilisée occasionnellement par les glaciologues comme le relate cet article du Monde. D'autres traces des expéditions de PEV sont visibles, y compris des empreintes des fameuses chenilles.

        Comment donc se rendre au glacier d'Eqi ? Il n'y a guère le choix, car à moins d'affréter un bateau privé — ce qui est toujours possible mais à un prix forcément élevé vue la distance — il n'y a qu'un tour-opérateur, World of Greenland, qui offre tours en bateau et séjours sur place, dans l'une des huttes de l'Eqi Glacier Camp. Le bateau met environ 3 heures pour rejoindre la baie, la durée exacte dépendant des conditions de navigation, et y reste deux heures pour admirer la vue et le vêlage du glacier. Les touristes qui ont opté pour l'excursion dans la journée refont alors le trajet en sens inverse tandis que les hôtes du Glacier Camp sont déposés sur le rivage.

          • Vue aérienne du glacier d’Eqi. Le vêlage continu du glacier crée un impressionant tapis de glace au milieu duquel navigue le bateau. Celui-ci laissera une partie des voyageurs à l’Eqi Glacier Lodge avant de repartir vers Ilulissat. © DB / Yonder

            Vue aérienne du glacier d’Eqi. Le vêlage continu du glacier crée un impressionant tapis de glace au milieu duquel navigue le bateau. Celui-ci laissera une partie des voyageurs à l’Eqi Glacier Lodge avant de repartir vers Ilulissat. © DB / Yonder

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        Le débarquement s'effectue rapidement, car le détachement d'un bloc de glace de grande dimension peut entraîner une sorte de mini-tsunami dans la baie. Ce n'est que plus haut que l'on est entièrement à l'abri d'un tel phénomène — rare rassurez-vous — et l'on est donc prié de monter l'escalier aussi vite que possible. Le camp offre essentiellement deux types de cabines : comfort et comfort deluxe. Les premières sont spartiates, n'offrant ni électricité ni sanitaires. Les secondes, munies de panneaux solaires, sont quasiment comme des chambres d'hôtels avec douches à l'eau chaude et une large baie vitrée. Un confort vraiment remarquable dans un lieu aussi isolé. Des nuits en cabines standard, plus rudimentaires que les cabines comfort, sont également proposées, mais il n'y en a qu'une ou deux. Une nouvelle option : des tentes aménagées, qui ont été installées après notre passage et que nous n'avons donc pas eu l'occasion de tester. Les tarifs sont hélas musclés dans tous les cas et le rapport qualité-prix penche à notre avis très nettement en faveur de l'option deluxe. Pour les routards, la solution reste de camper en contre-bas du Glacier Camp.

         

        • Vue aérienne panoramique du site d’Eqi. © DB / Yonder

          Vue aérienne panoramique du site d’Eqi. © DB / Yonder

           

          • Vue aérienne parnoramique montrant le côté opposé au glacier où se trouvee l’Eqi Glacier Lodge et, en contrebas de ce dernier, l’historique cabane de Paul-Émile Victor.  © DB / Yonder
            Vue aérienne parnoramique montrant le côté opposé au glacier où se trouvee l’Eqi Glacier Lodge et, en contrebas de ce dernier, l’historique cabane de Paul-Émile Victor. © DB / Yonder
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        Alors faut-il rester sur place ? C'est à vous de voir en fonction de votre budget, mais nous pensons que le séjour vaut vraiment le coup malgré son prix élevé et les manières un peu brusques d'une partie du personnel : des jeunes Danois qui semblent avoir plus l'expérience des camps de jeunes que celle de l'hôtellerie. Mais passer une nuit (ou plus !) permet de s'imprégner véritablement de ce site exceptionnel, de profiter de la lumière plus douce de la soirée, et bien sûr d'explorer les environs à pied. Une randonnée accompagnée qui conduit au bord du glacier est proposée le lendemain matin. Un must que l'on recommande à toute personne en bonne condition physique. Il est tout à fait possible de faire la randonnée seul(e) et à son rythme mais le chemin n'est pas toujours clairement indiqué lors des quelques passages de ruisseaux. Il faut aussi se garder, comme vous le rappelleront les guides, de vouloir "couper" en direction du glacier en marchant sur la sorte de digue (visible sur l'image panoramique), et cela en raison du danger posé par d'éventuelles vagues déferlantes.
        Se balader dans la ville un soir de brouillard est la garantie d'une atmosphère particulière, mystérieuse voire un brin inquiétante.

        L'île et la ville de Disko 

        L'île de Disko, Qeqertarsuaq, c'est-à-dire la grande île en groenlandais, se situe à l'ouest d'Ilulissat. La ville éponyme, qui en occupe la pointe sud, est à 95 km. Desservie en hélicoptère pendant l'hiver, c'est dans un bateau de la compagnie Diskoline qu'on y arrive en été, lors d'une traversée qui peut être un peu chahutée. Le trajet dure un peu plus de 2 h dans un Targa ou environ 4 à bord des plus grands bateaux.

        L'île se distingue du reste du Groenland par sa géologie : plus jeune, elle est d'origine volcanique et compte de nombreuses sources chaudes. Elle a aussi un climat distinct, dit arctique maritime. Tous ces facteurs la rendent nettement plus verte que ne le sont les environs d'Ilulissat, avec une flore extrêmement variée. C'est pour cette raison que le botaniste danois Morten Porsild y établit en 1906 la station arctique, base de recherche qui s'est depuis agrandie et accueille des scientifiques du monde entier. 

        De manière plus anecdotique, l'île de Disko se targue d'être le seul endroit du Groenland où on peut faire du traîneau à chiens pendant l'été. Cela est en effet possible mais seulement sur le glacier Lyngmark, qu'on atteint après une randonnée de 3 à 4 heures. Avec un dénivelé d'environ 800 m, elle est réputée assez difficile (se faire accompagner par un guide peut être une bonne idée pour les moins expérimentés). Peut-être plus que l'accès au glacier, son intérêt est la vue qu'elle offre sur la baie et au-delà. Toutefois, étant passés sur l'île un jour où les nuages accumulés autour du glacier bouchaient la vue, nous avons préféré renoncer à cette randonnée.

        • Le micro-climat de l’île de Disko rend le paysage beaucoup plus vert que le reste de la région. Elle se distingue également par son origine volcanique. © DB / Yonder
          Le micro-climat de l’île de Disko rend le paysage beaucoup plus vert que le reste de la région. Elle se distingue également par son origine volcanique. © DB / Yonder

         

        Nous avons choisi la randonnée plus facile vers Kuannit, prisée des touristes comme des locaux, et nettement plus facile car elle suit la côte. Kuannit désigne en Groenlandais les angéliques (plantes herbacées du genre Angelica utilisées entre autres en cuisine), et par extension ce lieu-dit qui en abrite un grand nombre. L'itinéraire est aisé et indiqué sur les cartes openstreetmap. Il faut se diriger vers l'est de la ville dans la direction de l'héliport. Un des derniers bâtiments est occupé par le Café Blue, où l'on sert sandwiches, gâteaux et autres cappuccinos. Un café comme on en trouve maintenant des dizaines dans les villes, mais qui au Groenland était impensable il y a encore quelques années ! Vous passerez alors le pittoresque terrain de foot, d'un vert toujours parfait car artificiel et qui offre en arrière-plan de bien réels icebergs à la dérive ! De l'autre côté du plan d'eau, c'est le bâtiment de l'Arktisk Station évoqué plus haut. La randonnée elle-même démarre après avoir passé le camping et traversé le pont au-dessus de la rivière. Certains passages sont boueux et il faudra être chaussé en conséquence. Outre la végétation, les roches basaltiques et les icebergs, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir des baleines.

        • Moins nombreux et de dimension plus modestes qu’à Ilulissat, les icebergs au large de l’île de Disko contribuent néamoins à des vues très pittoresques. © DB / Yonder
          Moins nombreux et de dimension plus modestes qu’à Ilulissat, les icebergs au large de l’île de Disko contribuent néamoins à des vues très pittoresques. © DB / Yonder
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        Si vous venez pour la première fois au Groenland, ou si vous n'avez encore visité que la capitale Nuuk, Sisimiut ou Ilulissat, un des attraits indéniables de Disko est de vous faire découvrir une petite ville groenlandaise beaucoup plus traditionnelle. Il y a des touristes, certes, mais avec un seul hôtel et un restaurant dont le choix se limite à deux ou trois plats du jour, on est encore assez loin de l'ambiance d'Ilulissat. Les habitants y sont aussi plus enclins à la discussion. Se balader dans la ville un soir de brouillard est la garantie d'une atmosphère particulière, mystérieuse voire un brin inquiétante. Mais attention à ne pas idéaliser : plus grande authenticité rime aussi malheureusement avec plus de pauvreté. 

        Avant de repartir de Disko, ne ratez pas le ravissant musée. Installé dans l'ancienne maison du gouverneur du Nord-Groenland (rappelons que le Groenland était autrefois une colonie danoise), il contient des informations sur le gouverneur Phillip Rosendahl et son époque, avec un enregistrement de sa femme relatant les années passées à Qeqertarsuaq entre 1916 et 1939 ; sur l'histoire de l'Arktisk Station ou encore sur l'écrivain et pasteur groenlandais Otto Sandgreen (1914-1999). Mais ce sont les dessins et aquarelles de Jakob Danielsen (1888-1938) qui ont le plus retenu notre attention. Chasseur qui a passé sa vie à Disko, il était aussi un artiste talentueux qui, encouragé par Rosendahl, documenta la chasse et la vie quotidienne à Disko à une époque aujourd'hui révolue. Une œuvre d'autant plus intéressante que l'iconographie du Groenland de cette époque était dominée par les peintres danois (voir plus haut).

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          • Un contraste irréel : vrais icebergs mais faux gazon... Terrain de football de Qeqertarsuaq sur l’île de Disko.© MB / Yonder
            Un contraste irréel : vrais icebergs mais faux gazon... Terrain de football de Qeqertarsuaq sur l’île de Disko.© MB / Yonder
        Pour ceux qui ont plusieurs heures ou qui restent sur place pour la nuit, un must est l'excursion qui consiste à se rendre, par la route, au bord de la calotte glaciaire (inlandsis) et à s'y aventurer à pied.

        Autres possibilités autour d'Ilulissat

        Mentionnons quelques autres possibilités autour d'Ilulissat, où nous n'avons malheureusement pas eu le temps de nous rendre.

        La petite ville de Qasigiannguit ( « les petits phoques-veaux-marins » ), une quarantaine de kilomètres au sud d'Ilulissat, a la réputation de bénéficier d'un micro-climat plus doux et ensoleillé que le reste de la baie de Disko. C'est un excellent spot d'observation des baleines, y compris depuis la terrasse de l'hôtel Disko Bay. Son musée, installé dans un bâtiment de 1734, l'un des plus anciens du Groenland, abrite en particulier des pièces archéologiques de la culture Saqqaq (voir plus haut). Les environs offrent plusieurs possibilités de randonnées, faciles ou plus ambitieuses, comme celle qui monte à Qaqqarsuaq (450 m), d'où l'on a une belle vue sur le fjord d'Ilulissat et la calotte glaciaire. 

        World of Greenland, le propriétaire de l'Eqi Glacier Lodge et principal tour-opérateur de la région, a ouvert en 2017 un lodge à proximité immédiate du village d'Ilimanaq (une quinzaine de km au sud d'Ilulissat). Celui-ci compte une quinzaine de huttes à l'aménagement haut de gamme, qui donnent directement au bord de l'eau. Une excursion combinant bateau et quad permet de rejoindre le fjord de Tasiusaq et, de là, le glacier de Saqqarleq, où il est enfin possible d'aller sur la glace.

        Oqaatsut ( « les cormorans » ) est un village situé juste au nord d'Ilulissat. Son ancien nom Rodebay remonte au temps où l'endroit était fréquenté par des baleiniers hollandais, vers la fin du XVIIIe siècle. Oqaatsut, qui comptait plus de 100 habitants il y a un siècle, en a à peine trente aujourd'hui. Mais la proximité avec Ilulissat garantit un nombre croissant de touristes, si bien qu'on y trouve aujourd'hui un hôtel, en plus du fameux restaurant H8. Ouvert en 1997 par un couple d'Allemands (hélas disparu depuis dans un accident de bateau) qui avait eu le coup de foudre pour le village, il a accueilli bon nombre des VIPs en visite à Ilulissat, et ce dans le cadre d'un ancien entrepôt sans eau courante ! Des excursions sont possibles dans la journée.

         

        Une étape (encore) obligée mais attrayante : Kangerlussuaq

        Finalement, disons quelques mots de Kangerlussuaq (« le grand fjord »), qui reste pour l'instant une étape obligatoire du voyage, à moins que vous n'arriviez depuis Reykjavik (Icelandair opère des vols vers plusieurs villes groenlandaises dont Ilulissat avec une fréquence qui varie beaucoup selon la saison). L'ancienne base militaire américaine de Sondrestrom, du nom danois Søndre Strømfjord, qui sert de hub aérien au Groenland depuis des décennies, doit dans les années à venir laisser la place à de nouveaux aéroports, à Nuuk et... à Ilulissat justement. Un troisième aéroport à Qaqortoq, au sud du pays, est également en projet dans le but de remplacer celui de Narsarsuaq, lui aussi hérité d'une ancienne base militaire américaine. Le but du futur aéroport d'Ilulissat est évidemment de rendre la destination plus accessible aux touristes car Kangerlussuaq est un véritable goulot d'étranglement. Au plus fort de la saison touristique une grosse partie des passagers qui arrivent en Airbus depuis Copenhague se rendent à Ilulissat et doivent être transférés vers de multiples vols en Dash, dont la capacité est bien moindre : ces avions à hélices sont à même de décoller et atterrir sur les pistes courtes des aéroports domestiques. Mais un problème au moins aussi important est que les vols domestiques sont fréquemment retardés ou annulés car l'équipement de navigation de ces aéroports modestes ne permet pas de voler quand la visibilité est insuffisante. L'ouverture de nouveaux aéroports internationaux doit donc remédier à ces difficultés.

        Pour l'instant, cependant, il faut encore passer par Kangerlussuaq. Mais cette escale présente aussi de multiples opportunités touristiques si bien qu'il peut être intéressant d'y passer une voire quelques nuits. Les plus pressés qui n'ont que quelques heures entre deux vols peuvent faire un simple tour en bus qui donne un aperçu du site, et permettra peut-être d'observer rennes ou bœufs musqués. Ces derniers sont en effet nombreux dans les environs de Kangerlussuaq après leur introduction dans les années 60, par le transfert d'animaux originaires du Nord-est du Groenland.

        • Excursion en crampons sur le glacier Russell, près de Kangerlussuaq. © DB / Yonder
          Excursion en crampons sur le glacier Russell, près de Kangerlussuaq. © DB / Yonder

         

        Pour ceux qui ont plusieurs heures ou qui restent sur place pour la nuit, un must est l'excursion qui consiste à se rendre, par la route, au bord de la calotte glaciaire (une expression impropre, il s'agit pour être précis du glacier Russell, une sorte d'excroissance de l'inlandsis groenlandais). Pour l'anecdote, la route a été construite par le constructeur automobile allemand Volkswagen, dans le but de venir y tester des voitures sur la glace ! De là on peut s'aventurer à pied sur le glacier. On vous prêtera en général des crampons, de sorte qu'il n'y a pas besoin d'équipement particulier. Pour les plus motivés, il est même possible d'y passer la nuit sous une tente. Une excursion d'autant plus remarquable que c'est à notre connaissance l'accès le plus facile à la calotte glaciaire pour des touristes ordinaires.

        Les noms : La ville (1/3)

        L'ancien nom colonial d'Ilulissat ("les icebergs") est Jakobshavn ("Port Jacob"). 

        Il est encore largement utilisé sur les cartes et le glacier est encore souvent appelé glacier de Jakobshavn dans la littérature scientifique.

        Les noms : le fjord (2/3)

        Le fjord glacé, dans lequel dérivent les icebergs qui se sont détachés du glacier est appelé Isfjord en Danois.

        Son nom groenlandais est Kangia.

        L'anglais icefjord est largement utilisé aussi en raison du tourisme.

        Les noms : les glaciers (3/3)

        Le glacier qui donne naissance aux icebergs est appelé en danois Jakobshavn Isbræ  et en groenlandais Sermeq Kujalleq ("le glacier sud"). 

        Ce dernier nom le distingue de son voisin septentrional, Sermeq Avannarleq ("le glacier nord") qui n'a, à notre connaissance, pas de nom particulier en danois, probablement en raison de son moindre intérêt scientifique et historique.