Hong Kong : immersion dans le quartier authentique de West Kowloon
C’est en 2000, lors d’une projection au festival de Cannes, que les cinéphiles français découvrirent la beauté chatoyante des cheong sam (ou qipao en mandarin) sous la caméra du célèbre réalisateur hongkongais d’origine shanghaienne Wong Kar-wai. Dans In The Mood For Love, Maggie Cheung campe une immigrée shanghaienne fraîchement débarquée à Hong Kong dans les années 1960. Son personnage à la toilette soignée y revêt de multiples robes chinoises héritées du Shanghai du début du XXe siècle. Il existe encore quelques tailleurs dans le quartier de West Kowloon, mais l’un des plus réputés, Yan Ka-man, compta parmi les maîtres-artisans en charge de la confection des vingt cheong sam portés par l’actrice. Une bonne adresse de Hong Kong à ne pas manquer.
Dans son atelier, Shanghai Baoxing Qipao, situé dans le quartier de Jordan, Maître Yan transmet son savoir à une poignée d’apprentis tout en répondant aux commandes d’habituées qui occasionnellement lui présentent de nouvelles clientes. Né dans le Jiangsu, en Chine continentale, non loin de Shanghai, Maître Yan arriva à Hong Kong à un jeune âge et commença son apprentissage auprès d’un oncle. Il s’établit par la suite dans la Jordan Street, là où étaient regroupées bon nombre d’échoppes et d’ateliers d’artisanat traditionnels. C’est dans ce quartier que son commerce devint florissant et qu’au lieu des trois cheong sam journaliers qu’il devait produire pour survivre, il est désormais passé au rythme de trois par mois. Certains de ses apprentis prennent même des libertés et ajoutent un peu de modernité dans leurs modèles pour répondre aux demandes de la clientèle plus jeune.
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Shanghai Street : au paradis des gastronomes et des cuisiniers
Malgré sa notoriété, Maître Yan a gardé des goûts simples et il n’est pas rare de le croiser dans une des échoppes de quartier qu’abrite encore West Kowloon. L’une d’entre elles, Mak Man Kee Noodles Shop a pignon sur rue depuis 1958, époque où elle n’était encore qu’un simple étal de rues, un dai pai dong, qui servait de fines nouilles assorties de raviolis aux crevettes. Ceux-ci, appelés wonton furent introduits à Hong Kong par le patron originaire de la ville de Canton et connurent un succès sans pareil. Accommodées d’un bouillon brûlant, elles servent d’en-cas à toute heure de la journée. Les nouilles sont une affaire sérieuse pour les Hongkongais qui se fournissent dans leurs magasins préférés, comme Kam Hing Noodles Food Company sur Portland street. L’entreprise familiale fondée en 1946 est actuellement gérée par la troisième génération et distribuent ses produits à une myriade de restaurants du territoire. Les rayons de la boutique regorgent de plus de cinquante types de nouilles fraîches ou séchées.
Autre incontournable de West Kowloon, l’échoppe Kung Wo Tong est reconnue pour l’excellence de sa « gelée de tortue » (guilinggao en mandarin). En médecine chinoise traditionnelle, on considère cette gelée parfaite pour la détox et pour lutter contre les dérangements internes (souvent dus à la consommation de nourriture trop grasse ou épicée). Autrefois, la poudre de plastron d’une certaine race de tortue constituait un des ingrédients de cette gelée, d’où son nom, mais désormais, elle est fabriquée uniquement à partir d’un mélange d’herbes médicinales et est consommée à grand renfort de sirop de sucre pour en masquer l’amertume. La médecine chinoise considère que plus un médicament est amer plus il est efficace – le guilinggao est donc d’une efficacité redoutable.
À l’époque où Maître Yan s’installa à quelques encablures de Shanghai Street, celle-ci était occupée par une plus grande variété encore d’artisanat et de commerces abrités sous de grandes arcades qui protégeaient les passants des averses. Au 176-178 de la rue, il est encore possible de voir un de ces petits immeubles caractéristiques du sud de la Chine, appelé tong lau en cantonais. Il s’agit de bâtiments mixtes avec une surface consacrée au commerce au rez-de-chaussée et des habitations à l’étage.
Immersion en 360° dans le quartier de West Kowloon
Construits jusque dans les années 1960, ces immeubles permettaient de faire face à l’afflux d’immigrés de Chine continentale qui cherchaient un avenir meilleur dans la colonie britannique. Aujourd’hui, le nom de Shanghai Street est particulièrement connu des cuisiniers de Hong Kong – c’est ici que les restaurants viennent s’approvisionner en ustensiles et en vaisselle dans l’un des nombreux magasins spécialisés de la rue. Les passionnés de gastronomie pourront donc y trouver de quoi compléter leur batterie de cuisine. Chan Chi Kee Cutlery Company vend parmi les meilleurs couteaux de la région, notamment des couperets, très usités dans les différents styles de cuisines chinoises.
Autre ustensile indispensable, les paniers en bambou qui permettent de réaliser la cuisson à la vapeur, dont celle des dim sum —les fameuses bouchées vapeur qui régalent le tout Hong Kong — sont la spécialité de la boutique Ming Sang Steel Bamboo Receptacle. Ses paniers sont réputés pour leur longévité qui n’est surpassée que par celle du propriétaire des lieux, aujourd’hui âgé de plus de 90 ans.
Yau Ma Tei : cœur vibrant des traditions populaires
Les maîtres-artisans de West Kowloon sont les gardiens d’un héritage hongkongais à l’image des constructions coloniales qui témoignent de la richesse du patrimoine de la destination. Yau Ma Tei, où se situe Shanghai Street, est naturellement l’un des quartiers où les promeneurs sont le plus en contact avec cet héritage. L’activité commerciale se concentre autour du Temple de Tin Hau, l’impératrice céleste dans la religion taoïste. La ferveur qui entoure la protectrice des mers remonte à la présence majoritaire de marins et de pêcheurs qui peuplaient autrefois la péninsule de Kowloon. Les temples de la déesse sont généralement situés en bord de mer, et celui de Yau Ma Tei, entouré d’immeubles, atteste des travaux de poldérisation qui ont rejeté le littoral à trois kilomètres de là. L’activité du temple dépasse le bâtiment en lui-même, particulièrement à la nuit tombante, quand s’installe le marché de nuit de Temple Street, et que les géomanciens et diseuses de bonne aventure se tiennent aux aguets. Souvent, on y entend des airs de chansons populaires ou d’opéra cantonais, entonnés dans des karaokés en plein air installés entre les étals du marché.
Ces amateurs cherchent certainement à faire concurrence aux acteurs professionnels qui se produisent dans le Yau Ma Tei Theatre, situé plus au nord, sur Reclamation Street. Construit aux alentours de 1930 dans un style mélangeant classicisme et art déco, c’est l’unique bâtiment datant d’avant la Seconde Guerre mondiale encore debout sur Kowloon. En face, le marché au fruit de Yau Ma Tei, plus connu des Hongkongais sous le nom de Gwo Laan, vaut le détour simplement pour son activité bouillonnante et son ambiance. La plupart des enseignes qui surplombent les magasins datent de la construction du bâtiment art déco actuel dans les années 1950. Encore un peu plus loin du théâtre, sur Shek Lung Street, le Red Brick Building, l’ancienne station de pompage, flamboie de rouge dans un contraste saisissant avec les gratte-ciels et immeubles modernes alentours.
West Kowloon Cultural District : trait d’union entre tradition et modernité
Modernité et tradition, l’image d’Épinal que l’on accole facilement à bien des villes du monde, reflète pourtant tout à fait la réalité de West Kowloon. Elle trouve son expression la plus parfaite dans le nouveau West Kowloon Cultural District qui se déploie sur quarante hectares de polders — c’est le projet-phare d’aménagement du territoire des vingt dernières années. Situé à l’ouest de Yau Ma Tei, au pied de la tour ICC — la plus haute de Hong Kong, le développement du district culturel se déroule selon le plan conceptualisé par la firme de design britannique Fosters + Partners. En son côté est, le Xiqu Centre est un espace dédié à l’opéra cantonais dans toute sa diversité — les représentations données dans sa maison de thé à l’architecture très contemporaine sont la meilleure façon pour les novices de goûter à l’un des arts les plus traditionnels de la Chine. Au centre du district, le très attendu M+ a ouvert ses portes en novembre 2021. Ce nouveau musée aux ambitions internationales est destiné à devenir l’une des ambassades des arts visuels contemporains en Asie et rassemble dans ses collections des œuvres d’artistes hongkongais, mais aussi de Chine continentale et de façon plus générale de toute l’Asie.
Plus proche du port Victoria et du littoral, les promeneurs et les joggeurs profitent de la promenade du front de mer. Elle s’étend le long du Art Park qui recèle en son cœur le Competition Pavilion, une structure moderne en bois, surplombant une volée d’escaliers. C’est ici qu’au crépuscule les amoureux et les flâneurs s’installent sur les marches, afin d’admirer le soleil couchant qui jette ses rayons sur la skyline de l’île de Hong Kong. Central, ses échoppes, ses marchés de rues, le temple de Man Mo cachés derrière les gratte-ciels immenses semble alors tout proche, juste à une traversée de ferry. À moins que l’on ne choisisse de replonger dans le cœur bouillonant de la péninsule de Kowloon et partir à la découverte de Sham Shui Po, un quartier populaire en pleine gentrification avec sa fabrique de tofu et ses discrètes résidences d’artistes.
Cet article sponsorisé a été réalisé par les équipes éditoriales de YONDER en partenariat avec Hong Kong Tourism Board.
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