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Cédric AubertCédric Aubert, Le jeudi 15 mai 2014
Grand angle

Plongée dans les rues colorées de Valparaiso l'artiste

A 90 minutes de Santiago, Valparaiso - Valpo pour ceux qui y vivent, - est tour à tour brouillonne, effervescente et pleine de vie. Collines de tôles, rues tortueuses, escaliers colorés, street art, la ville offre un rendez-vous artistique inoubliable.
  • Vue depuis la Casa Artilleria | © Cédric Aubert
    Vue depuis la Casa Artilleria | © Cédric Aubert
  • Bienvenue à Valparaiso | © Cédric Aubert
    Bienvenue à Valparaiso | © Cédric Aubert
  • La rue piétonne Artilleria | © Cédric Aubert
    La rue piétonne Artilleria | © Cédric Aubert
  •  Vue depuis une rue piétonne du haut Valparaiso | © Cédric Aubert
    Vue depuis une rue piétonne du haut Valparaiso | © Cédric Aubert

Arrivée à Valpo

11h30, arrivée à la station centrale de Valparaiso, un peu moins de 2 heures de bus depuis Santiago. Les bus sont confortables au Chili et si on aime la climatisation, on est servi. Il fait déjà 35° C, petit choc thermique mais on est arrivés à bon port. Pas encore sorti de la station que les rabatteurs s’activent, « un hostal lindo ?  Un restaurante rico ? City tour ? Taxi ? » Jouez des coudes, faites-vous un passage parmi la multitude de touristes égarés, accablés par la chaleur et les recommandations bonnes ou mauvaises des rabatteurs.

Vous êtes dans Valparaiso, calle Pedro Montt, prenez un collectivo - taxi collectif – le moyen de transport le plus pratique et le plus économique. Egalement un bon moyen de discuter avec les locaux et de récupérer des bons plans. Les lignes de collectivo sont indiquées sur le toit du taxi, ainsi que le nom des rues principales de la zone desservie. Donnez la vôtre au chauffeur et c’est parti.

Direction l’hostal, Artilleria 199 sur les hauteurs de Valparaiso, à côté de la place 21 de Mayo, une des meilleures vues panoramiques de la ville et de ses docks. Prenez une chambre avec vue, approchez de la fenêtre, contemplez le spectacle qui s’offre alors.

Sur votre gauche, les docks, le va-et-vient des semi-remorques, de petites fourmis qui s’activent, des milliers de containers. Valparaiso est le plus grand port du Pacifique de l’Amérique du Sud.

Sur votre droite, un petit chemin de terre, un bâtard derrière un gros pick-up aboie. A votre place, j’éviterai cette rue.

Encore plus à droite, une rue sinueuse qui descend longée par un escalier, de part et d’autre de la rue, des maisons, peintes et repeintes des fresques de la ville, slogans anarchistes, caricatures de personnalités, graffitis, en contre-bas, deux ascenseurs rouges et verts qui se croisent. Explosion de couleurs, d’activités et de formes, avec en toile de fond la baie bariolée de Valpo. 

  • Le port de Valaparaiso | © Cédric Aubert
  • Le funiculaire de Valparaiso | © Cédric Aubert
  • Chat -funambule | © Cédric Aubert
  • Les célèbres escaliers de Valpo | © Cédric Aubert
Pas encore sorti de la station que les rabatteurs s’activent, « un hostal lindo ? Un restaurante rico ? City tour ? Taxi ? »

Prenez un plan mais ne le regardez pas, Valparaiso se découvre en se perdant !

La ville est pleine de vie, de charmes, anticonformiste, artiste, on y retrouve un peu du Gotico de Barcelone, de la bohème de certains quartiers de San Francisco, de la frivolité de Montmartre, mais en vérité, Valparaiso est un carrefour de cultures et de populations qui ne ressemble à aucun autre. C’est une chose vivante, difforme, joyeusement étrange qui se meut et vous emporte avec elle. Expression artistique démocratique par excellence, Valparaiso appartient à ses habitants, à son peuple.

Sa population,  son architecture et son art fusionnent en une seule et même fresque multicolore. Et l’espace d’un instant, le voyageur qui sait écouter, voir, ressentir ne sera plus le spectateur extérieur de cet étrange tableau, mais un élément à part entière de celui-ci, un nouveau coup de pinceau de l’œuvre du maitre. Le poète natif Pablo Neruda en parlait comme d’une œuvre de Dieu. Valparaiso est bel et bien une expérience mystique.

On marche, on flâne, attirés de tous côtés, stimulés comme jamais par des murs dessinés, peints de fresques, de graffitis. Les façades sont usées, imparfaites, ton ocre, turquoise, vert, rouge. Elles sont délabrées et en même temps impossible de leur donner d’âge. Les escaliers sont des arcs-en-ciel qui nous amènent toujours plus haut dans la ville, on touche le ciel puis on est rappelé à l’ordre par la multitude de fils électriques qui défigurent, qui dérangent. Et à nouveau, le perturbant devient art et dans la ferraille apparaît une guirlande, puis trois, puis dix. On se reperd, on baisse la tête quelques instants et on tombe sur un restaurant tenu par deux belges (2),  deux voyageurs qui ne sont jamais repartis de Valparaiso et qui ont construits dans le respect de l’esprit de la ville, une cantine verdoyante dont on aime la mixité de la carte. On se rend compte au moment de la commande que leur espagnol est parfait, ils ont été adoptés. Les plats arrivent, du poisson décliné sous plusieurs formes en pastel, grillé, pané ou en tartare, les produits sont frais, c’est tout simplement bon.

Sur votre droite, un petit chemin de terre, un bâtard derrière un gros pick-up aboie. A votre place, j’éviterai cette rue.
  • Les célèbres escaliers de Valpo | © Cédric Aubert
  • Un travailleur dans les rues escarpées de Valparaiso | © Cédric Aubert
  • Balcon | © Cédric Aubert
  • Petite pause détente sur les hauteurs, au loin, les docks

Une expérience sensorielle, artistique

Le ciel est bleu intense, le soleil encore brûlant, l’empilage des containers-cargo continue. La découverte aussi. Plus tard, c’est à Empanadas Famosas de Adali (Salvador Donoso N° 1381) qu’il faut s’arrêter. Une grand-mère et ses petites filles s’activent au comptoir d’un lieu sans prétention. Une télé première génération en noir et blanc, un appareil de musique qui doit dater de la même époque, des fleurs en papier, l’atmosphère est surannée à souhait. Aucun effort de décoration, une peinture qui aurait besoin d’un rafraichissement et pourtant on s’assoit et on commande. L’odeur certainement, la convivialité du lieu, le fait aussi qu’il n’y ait que des locaux qui soient attablés. Trois empanadas et une bière plus tard, on discute un peu avec la gérante qui mâche ses mots mais on comprend l’essentiel, c’est ce qui compte.

C’est bien cela qui rend Valparaiso si attachante. La signification profonde de la plupart des fresques et des graffitis reste un mystère pour le voyageur de passage. On ne comprend pas tout mais l’on ressent, l’on fait corps avec cette ville aux milles vies, aux milles saveurs qui se laisse croquer tel un fruit doux-amer. Ne venez pas à Valparaiso pour visiter, mais pour savourer, ressentir et vibrer. Valparaiso est une expérience sensorielle, artistique. 

  • Origamis | © Cédric Aubert
  • Moment de contemplation | © Cédric Aubert
  • Les docks de nuit | © Cédric Aubert
Y aller

Valparaiso ne dispose pas d’aéroport mais se trouve à seulement 115 kilomètres de l’aéroport Arturo Merino Benítez de Santiago du Chili. Santiago est desservie quotidiennement par Air France en Boeing 777 (14h de vol).

De nombreux bus relient également Valparaiso du centre de Santiago en 2 heures environ. (https://turbus.cl)

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