La Merise, diamant délicat de la gastronomie alsacienne

« Bienvenue dans cette maison de famille »

C'est avec ces mots que l'ensemble de l'équipe de ce restaurant en Alsace accueille les hôtes. Et, en effet, c'est la sensation immédiate que l'on a en pénétrant cette jolie maison  située non loin d'Haguenau et à laquelle on accède en empruntant des petites routes de campagne qui serpentent entre les collines. Une étonnante construction, entre ancien et contemporain, qui épouse à merveille son cadre champêtre et donne aussitôt un sentiment de calme, presque méditatif.

Sur plus de 600 m², l’architecture de La Merise, avec ses colombages en chêne, ses tuiles biberschwanz et ses pierres en grès des Vosges, révèle l’héritage précieux des artisans alsaciens. Une attention au moindre détail, que l'on observe également dans le jardin aromatique, le nid des cigognes qui y ont élu domicile (et qui viennent parfois saluer les clients) ; et que l'on retrouve dans la décoration intérieure, d'une élégante sobriété.

En un mot, un cadre propice au voyage immobile que représente finalement une belle expérience gastronomique. Un de ces moments suspendus qui font la joie des gourmets.

De fait, c'est bien une histoire de famille, celle de Cédric et Christelle Deckert, qui ont construit ce lieu et leur réputation pierre après pierre. Ouverte en 2016, La Merise décroche sa première étoile Michelin en 2019 et la seconde en 2021. Alors que la maison va bientôt fêter ses dix ans d'existence, le chef affiche une belle sérénité, mais toujours l'envie d'étonner et d'oser.

Classicisme et délicatesse

Dans la jolie salle à manger, chic et lumineuse, en face d'une grande baie vitrée donnant sur le jardin, les agapes commencent par de forts jolis « Prémices » : Macaron cassis foie gras d'oie et poivre de cassis, Tartelette d'omble chevalier et œufs de truite marinés, Croustillant de parmesan vaches rouges et citron confit aux clous de girofle, Le goût authentique de la tarte flambée, revu par le chef et travaillé en toute légèreté, sans oublier Huître signature de la famille Boutrais de Cancale, aux épices. Ces deux derniers amuse-bouche sont nos préférés, surtout l'huître, travaillée comme un tartare de bœuf avec sauce Worcestershire et tabasco. Une idée qu'on s'empressera de reproduire à la maison !

Parmi les quatre premiers temps, on retiendra surtout de splendides Saint-Jacques et foie gras, avec une petite vinaigrette aux truffes, et une salade d’artichauts, herbes salées, se mariant parfaitement au caviar Osciètre et accompagnées d'un Riesling Geisberg 2019 du Domaine Trimbach. Puis, on notera que le sandre coco-café mérite un accord pinot noir, suggestion éclairée de Christelle Deckert qui maîtrise son sujet. Puis, un vrai coup de cœur pour l'interprétation de la choucroute par le chef. Cet exercice de style pourrait sembler anecdotique. Il révèle en fait une partie de la personnalité de Cédric Deckert, soit un sens de l'humour et de l'audace affleurant sous le classicisme affiché.

Ensuite, période de chasse oblige, un magnifique dos de chevreuil vient clore la partie salée, suivi d'un « trou alsacien » dont on ne révélera pas le secret. Un conseil : prenez l'option chariot de fromages, ils sont somptueusement affinés.

Merise sur le gâteau (ndlr : la merise est une petite cerise, douce et sauvage à la fois) : le chef - avec un intitulé rieur « Invitation à la découverte » - propose rien de moins que la meilleure version jamais goûtée de la Forêt Noire, épurée, tout en légèreté, qui nous réconcilie avec ce classique roboratif du répertoire régional.

Et, comme la générosité alsacienne n'est pas une légende, le café est accompagné de Petites sucreries du Bonheur et d'une visite de la superbe cave à vins du chef, qui compte 5000 bouteilles pour 500 références.

On quitte ces lieux à regret, ravis d'avoir découvert un chef alsacien aussi discret que talentueux. Un as de la sauce et des textures. Mais aussi une famille accueillante et charmante. C'est simple, dès qu'ils auront construit les 2/3 chambres qu'ils ont en projet, on revient pour tout le week-end.

Menu déjeuner Entre prairies et vergers, en 3 temps, les jeudi et vendredi midi 98 €
Menu La Merise en 5 temps 175 €, en 6  temps 220 €
Accords mets et vins sur demande. Chariot de fromages affinés en option.

Ce qu'il faut retenir

La Merise n'a pas le succès tapageur, mais l'élégance des maisons qui travaillent bien, avec patience et surtout avec le cœur. Un joyau qui ne se dévoile qu'à ceux qui savent prendre le temps... et le train !

La Merise
7, rue d'Eschbach, Laubach
Ouvert du jeudi au dimanche, déjeuner et dîner
+33 3 88 90 02 61
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