
On a dormi (divinement bien) aux Manoirs des Portes de Deauville
Le pitch | Pierre Corneille was here
Rarement nom d’hôtel n'aura aussi bien décrit son propos. Les Manoirs des Portes de Deauville : tout est dit. Nous sommes bien ici dans un manoir du XVIᵉ siècle, situé aux « portes » de la cité balnéaire, à seulement dix minutes en voiture de la gare. Un nom qui dit tout… et rien à la fois. Rien de la fabuleuse destinée de cet hôtel de Deauville, ancienne demeure de marins pêcheurs où résida le dramaturge Pierre Corneille, la propriété ayant appartenu à Guillaume Baldan, époux de sa sœur Marie. Rien non plus de sa situation idéale : sur la route de Pont-L'Évêque, accolé au bourg de Canapville (appréciez donc cette toponymie comme seule la Normandie sait en inventer), à dix minutes du centre-ville, et à cinq minutes des plus charmants villages du pays d'Auge.
Vue d'ensemble | Comment est l'hôtel ?
Passé le portail en bois, c’est un monde bucolique qui s’offre au regard, un rêve de destination pour un week-end nature proche de Paris. Une allée bordée d’hortensias mène à un grand jardin arboré jouxtant un verger aux herbes folles. Dans cet écosystème harmonieux, où la nature a gardé ses droits, s’érige une bâtisse ancienne qui touche au cœur au premier regard. C’est une maison à colombages en pierre de Nomandie restée fidèle à son époque : dès l’entrée, le sol alterne dalles de silex noir et tomettes anciennes, et une volée de marches, irrégulières et pleines de charme, conduit aux étages.
Si les 5 étoiles d’un hôtel se mesuraient au charme et à la patine historique, Les Manoirs des Portes de Deauville l’emporteraient haut la main. Mais voilà. Il leur manque une salle de fitness, des miroirs grossissants dans les salles de bains et d'autres critères purement factuels qui l'empèchent de passer la cinquième. Et au fond, c’est mieux ainsi.
Ancienne demeure de Marie Corneille, aujourd'hui classée Monument historique, la bâtisse fut tour à tour maison de marins pêcheurs, puis école au XIXᵉ siècle — la cloche à l’entrée en garde le souvenir. Rachetée par la société française BildInvest, elle a rouvert en 2019 en hôtel en Normandie membre de Small Luxury Hotels of the World, cette collection de boutique-hôtels que l'on suit de près car elle ne déçoit jamais.
-
©L.Bremeault
En gravissant l’escalier en bois sculpté, on remarque sur les murs des gravures : traits, pointillés, figures géométriques, parfois des dates ou des prénoms. Telles des hiéroglyphes, ces inscriptions ne sont ni des dégradations, ni des souvenirs laissés par les clients, mais des témoignages du passé. La directrice, Vanessa Rivière, en historienne improvisée, s’attelle à les déchiffrer en consultant les archives. Un travail titanesque qui livrera peut-être ses secrets et permettra de comprendre la signification de ces signes mystérieux.
À droite en entrant, le salon Corneille, ouvert de 8 heures à une heure du matin, accueille les hôtes du petit-déjeuner jusqu’aux dernières conversations nocturnes. Sa cheminée crépite souvent jusqu’au début de l’été, les soirées normandes savent rester fraîches. Un honesty bar pousse le principe du libre-service à son maximum : alcools et softs à disposition, calvados bien sûr, mais aussi whisky et vins… tous issus de Normandie. Il suffit d’inscrire sur une feuille les verres ou bouteilles consommés, à remettre ensuite à la réception.
-
@webcom
Pas de restaurant à proprement parler, mais une carte de snacking et des paniers pique-niques à commander, composés de produits locaux. Ici, tout (ou presque) ce que vous dégusterez provient de producteurs normands : la boulangerie Séraphin, à Pont-l’Évêque, livre chaque jour ses viennoiseries épiques, proposées à discrétion toute la journée. Côté boissons, le jus de pomme — nature ou pétillant — et les deux cidres maison Michel Bréavoine (l’un AOP brut traditionnel, l’autre plus fruité, rond et légèrement sucré) invitent à la dégustation. Ils sont disponibles également à la vente.
Côté nature, le domaine s’étend sur deux hectares ponctués de plusieurs espaces et salons extérieurs, ainsi qu’un verger. Ici, l’expression « cocon de verdure » n’est pas galvaudée : un coin de nature juste aménagé, quelques hamacs et transats, des salons de jardin où s’installer, Le Cid à la main (un exemplaire est disponible dans la bibliothèque du grand salon), pour profiter des différentes perspectives sur le manoir. Il n’est pas rare d’y croiser des chats, des lapins… voire des biches. Derrière un rideau de peupliers et de saules s’étend l’espace naturel préservé des marais de la Touques, dont les sentiers sont accessibles à pied depuis l’hôtel.
Parfaitement placée au centre du domaine, une piscine chauffée à 25 °C d’avril à septembre invite à la détente. À ses côtés, un charmant pool house, équipé de tables bistrot, permet de surveiller les enfants tout en savourant un café.
Les chambres | Dormir sous la charpente
Plusieurs options d’hébergement s’offrent aux hôtes : 25 chambres et suites, réparties entre le manoir et ses dépendances, tout aussi charmantes, qui portent les noms des fonctions d’antan des bâtiments — la Forge, l’Écurie… Trois cottages privatifs, pour une à trois personnes, disposent de leurs propres terrasses, totalement indépendants avec parking dédié. Parfaitement intégrés dans la nature, ils bénéficient de tous les services du manoir.
-
Un cottage aux Manoirs des Portes de Deauville @bab13
Si l’architecture extérieure joue la carte du style normand, l’intérieur opte pour une décoration plutôt épurée et contemporaine, ponctuée de quelques clins d’œil régionaux.
La chambre à réserver : à moins de rechercher une totale autonomie, l’expérience se vit pleinement dans l’une des quatre chambres ou suites situées dans le manoir d'origine. Deux, au premier étage, séduisent par leur superbe hauteur sous plafond, leurs poutres apparentes et leur monumentale cheminée (purement décorative pour des raisons de sécurité). Décorées avec parcimonie de quelques pièces de mobilier ancien — il en faut peu, avec de tels matériaux, pour habiller un espace — elles révèlent de charmants détails d’époque.
-
©Bab13
Une porte en bois ancien (attention à la tête, on n’était pas bien grand au XVIᵉ siècle) ouvre sur un petit salon-couloir et un dressing, prolongés par une salle de bains moderne et immaculée, avec baignoire, sèche-serviettes et une petite fenêtre donnant sur le jardin. Charmant.
-
©L.Bremeault
5 choses que l’on a aimées aux Manoirs des Portes de Deauville :
- L’émotion de la patine historique : observez les rainures du bois, les ferronneries d’époque…
- La proximité avec la nature : le chant des oiseaux au réveil.
- Les viennoiseries du petit-déjeuner : fraîches, croustillantes, irrésistibles — inutile de lutter, succombez.
- Pas de spa… mais un espace bien-être pensé comme une salle de bains rêvée, avec immense jacuzzi pour quatre, sauna, salon de repos, peignoirs et commodités. Privatisable par créneaux de 45 minutes.
- L’accueil irréprochable : Margot, première de réception originaire de la région, connaît et promeut le lieu avec beaucoup de naturel et d'expertise.
-
©L.Bremeault
À voir, à faire dans la région de Deauville ?
Explorer les sentiers du marais de la Touques
Depuis l’hôtel, tournez à droite, passez devant l’ancien lavoir, puis traversez un champ (prévoyez de bonnes chaussures) pour rejoindre les sentiers. Vous voilà dans un espace sauvage, préservé… et désert : en plein cœur de l’été, nous n’y avons croisé âme qui vive. Surnommée « la petite Camargue augeronne » en raison des débordements hivernaux de la Touque, cette zone humide abrite une biodiversité étonnante : vanneau huppé, cygne tuberculé, bécassine des marais… La plupart des espèces sont visibles au printemps, certaines toute l’année. Le marais constitue l’une des étapes majeures pour l’accueil et la nidification des oiseaux dans le Calvados. Mais la véritable star des lieux, c’est la reinette, dont le chant résonne au crépuscule.
À noter : de décembre à mars, le marais peut être inondé et donc inaccessible. Le sentier est ponctué de points d’observation, de passerelles et de prairies où paissent de placides charolaises, aussi curieuses que photogéniques.
Se faire un bon gueuleton normand
C’est peut-être le secret le mieux gardé du coin. À deux pas de l’hôtel du Calvados, Le Vieux Tour — une auberge « dans son jus » avec salle soignée et pergola à la fraîche — officie depuis 25 ans à Canapville. Aux commandes de ce restaurant de Deauville, Muriel et Franck Dugast. Le chef fait son marché chaque jour et ne cuisine que des produits locaux : bœuf normand, cœur de ris de veau, agneau normandin, poissons du bateau Gros Loulou au marché de Deauville, légumes frais… et fromages affinés par la maison Borniambuc. La Normandie sur un plateau. Le tout accompagné d’un pain maison réalisé avec une farine locale. Nous y avons savouré une salade de langoustines fondantes et iodées, suivie d’un saint-pierre sauce aurore — un délice de crème normande relevée de tomates estivales, avec petits légumes bien saisis. A quand le Bib gourmand ?
Les Manoirs des Portes de Deauville sont-ils kids friendly ?
Les cottages, parfaitement adaptés aux familles, offrent indépendance et confort, tandis que la piscine et le vaste parc laissent tout l’espace nécessaire pour jouer et se dépenser en plein air. L'hôtel organsise aussi des escape game pour les famille.
Les Manoirs des Portes de Deauville sont-ils proches des plages ?
Les plages de Deauville et Trouville-sur-Mer sont situées à environ 10 minutes en voiture.
Les Manoirs des Portes de Deauville, c'est loin de Paris ?
Comptez environ 2 h 15 depuis Paris, que ce soit en voiture ou en train.
Les Manoirs des Portes de Deauville
Hôtel 4 étoiles
25 chambres et suites réparties dans 9 cottages et un manoir
À partir de 236 € la nuit
30 route de Pont-L'Evêque, Canapville