On a dormi dans la Suite Royale du Riad Fès, balcon sur la médina

Le pitch | Un conte de Fès au cœur de la médina

Dans le labyrinthe de la médina de Fès, la plus vaste du monde avec près de 9 500 ruelles et impasses classées au patrimoine mondial de l’Unesco, il faut parfois un guide pour s’orienter. Le nôtre, Chakib Kabbaj, Fassi d’origine, connaît chaque tournant de ce Maroc authentique comme sa poche C’est lui qui raconte l’histoire du Riad Fès, fondé par Chakir et Fouzia Sefrioui. Architecte et urbaniste, grand voyageur, Chakir rêvait avec son épouse d’un pied-à-terre dans leur ville natale pour recevoir leurs invités étrangers avec confort. À partir de 1999, ils acquièrent et réunissent plusieurs dars voisins, certains datant des XVII et XVIII^e siècle, tout près de la place Batha, l’un des points de repère les plus connus de la médina.

De fil en aiguille, la demeure s’agrandit, 5 dars sont réunis et deviennent un hôtel de prestige au Maroc, aujourd’hui membre de la collection Relais & Châteaux. Un vrai condensé de la ville impériale, de son histoire et de son artisanat, qui n'a rien à envier aux plus beaux hôtels de Marrakech.

Vue d’ensemble | Stucs, moucharabiehs et cabinet de curiosités

Une oasis au cœur de la trépidante médina, cachée derrière de hauts murs jaunes qui dissimulent l’un des hôtels les plus singuliers de la ville. Le Riad Fès est un lieu pluriel, composé de plusieurs maisons rassemblées au fil des ans. En franchissant le seuil, on découvre une succession de patios, chacun racontant une histoire différente : l’un arabo-andalou où l’on petit-déjeune au son de la fontaine, un second ombragé par des palmes, baigné par la lumière et des zelliges étincelants ; un autre baroque, orné de velours noirs, de miroirs vénitiens et de marbre poli ; un dernier plus contemporain, imaginé par l’architecte designer Christophe Pillet, aux lignes épurées et minérales.

Partout, le contraste est savamment cultivé : les plafonds en bois de cèdre sculpté répondent aux mobiliers design signés Piero Lissoni, les vitraux dialoguent avec les lustres fassis monumentaux et les objets bigarrés chinés par Fouzia Sefrioui lors de ses voyages tels les masques africains du spa. Dans le hall, un piano Pleyel rappelle que la musique et l’art font partie de l’âme du lieu. Le résultat n’est pas une harmonie figée mais une mosaïque vivante, reflet de la médina elle-même, foisonnante et parfois inattendue.

Au-delà de ses intérieurs, le riad réserve aussi ses oasis de calme : un bassin de 14 mètres entouré de citronniers et de murs végétaux, un rooftop au panorama superbe sur les toits de Fès et les montagnes environnantes et une bibliothèque où le temps semble suspendu. On sent que chaque recoin est pensé comme une parenthèse hors du tumulte, sans toutefois rompre complètement le lien avec la médina.

Comment est la Suite Royale ?

Un labyrinthe fastueux s’ouvre derrière la porte de la Suite Royale. Ses volumes impressionnants se découvrent peu à peu, au fil de pièces en enfilade, de recoins inattendus et de changements de niveau qui donnent la sensation que notre palais pour ce soir n’a pas de limites. Dans le salon, orné de stucs finement ciselés, chaque détail compte : la climatisation dissimulée derrière un moucharabieh, une table basse garnie de cornes de gazelles, de dattes, d’amandes et de pâtisseries, une corbeille de fruits parfaitement composée et une bouteille de champagne dans son seau à glace. Les vitraux font des taches de couleurs sur le sol.

La suite déploie une double orientation : d’un côté, un patio avec fontaine, de l’autre, une immense terrasse surplombant la piscine et la médina. Là, une grande table et de profonds coussins invitent à s’installer pour regarder le coucher du soleil. Les deux chambres prolongent cette atmosphère fastueuse : la première, aux murs en stuc et tapis épais, enveloppe d’une atmosphère de conte oriental ; la seconde évoque une cabane perchée avec son plafond en cèdre orné de zouak, ces peintures traditionnelles de guirlandes fleuries et végétales aux couleurs vives. Les salles de bains rivalisent elles aussi de majesté : l’une accueille une cheminée et une baignoire sur pieds, éclairée par des lampes en dinanderie locale qui projettent des arabesques de lumière. La Suite Royale compte sans doute parmi les cinq plus belles suites d’hôtel de luxe que nous ayons vues lors de nos voyages. 
 

Et les autres chambres ? Outre la Suite Royale, le Riad Fès propose 29 autres chambres et suites réparties en plusieurs catégories : Classiques, Deluxe, Deluxe Supérieures, Suites Junior et Suites Ambassadeur. Chacune occupe des volumes différents, hérités des maisons d’origine, ce qui rend chaque configuration unique. Certaines disposent d’un balcon ou d’une terrasse, d’autres d’un accès direct au toit-terrasse. Chacune est digne d'un 5 étoiles : literie haut de gamme, salles de bains en marbre ou carrelages traditionnels, climatisation, minibar, service en chambre et possibilité de petit-déjeuner servi dans l’intimité de sa chambre sans supplément. Les Suites Ambassadeur, parmi les plus spacieuses après la Royale, peuvent atteindre 70 m² et offrent de larges ouvertures sur la médina ou sur les patios intérieurs.

Et la table ? 

Dans la salle contemporaine du restaurant Gayza, baignée de lumière par les baies vitrées ouvertes sur la piscine, la cheffe Abida El Ouahabi décline la gastronomie fassi avec finesse. Héritière d’un savoir-faire transmis de mère en fille, elle revisite les classiques de la cuisine marocaine : pastilla à la caille croustillante, tajine de lotte à la chermoula et aux citrons confits, couscous d’orge à l’agneau, potages traditionnels... Les produits proviennent des marchés voisins et des producteurs locaux, garantissant une fraîcheur remarquables.

En été, les tables se dressent volontiers dans les cours intérieures au son des fontaines. Mais c’est sur la terrasse panoramique que la magie opère pleinement : un verre de thé à la menthe ou un cocktail au bar Alcazar à la main, le regard embrasse la médina et les montagnes alentour au moment où les muezzins entonnent l’appel à la prière. L’occasion de goûter aux créations originales du bartender comme le Moroccan Rose, mêlant vodka, vin rosé, jus de citron et eau de rose, à la fois floral et rafraîchissant. On pourra également se perdre dans les vignobles du pays avec une carte des vins qui met en valeur les domaines marocains des contreforts de l’Atlas et de la région de Meknès (Domaine de la Zouina, Domaine Ouled Thaleb, Château Roslane, etc.).
 

Comment est le spa ?

En descendant un long couloir feutré, on accède à une salle bordée de colonnes en marbre et de canapés moelleux, où flotte déjà le parfum délicat du hammam. Le spa du Riad Fès est imaginé en partenariat avec Cinq Mondes et marocMaroc, maison de beauté marocaine qui puise dans les ingrédients emblématiques du pays – argan, figue de barbarie, fleur d’oranger, miel d’ambre. L’espace s’ouvre à l’extérieur sur une piscine rafraîchie par un mur végétal et des brumisateurs, dans une ambiance quasi-tropicale qui nous transporte à Bangkok ou Kuala Lumpur.

Au programme : hammam au savon noir et au ghassoul, massages orientaux à l’huile d’argan chaude, soins ayurvédiques aux notes de cardamome et de vanille, ou encore massages japonais Ko Bi Do pour redonner éclat et tonicité au visage. Les couples peuvent s’offrir des rituels partagés quand d’autres choisissent les escapades longues qui alternent hammam, gommage et massages. 

Les choses que l’on a aimées au Riad Fès :

• Une maison où l’on sent que le personnel est heureux, un service complice et bienveillant à l’avenant,
• Le petit-déjeuner au bord de la fontaine,
• L’ambiance Mille et une Nuits dans les chambres et suites : hauteur sous plafond, lustres orientaux, gâteaux et sucreries,
• L’emplacement idéal au cœur de la médina tout en restant simple d’accès,
• Le savon noir et le ghassoul disponibles dans les salles de bains pour se faire son propre rituel hammam.

Que voir, que faire à Fès ? 

Nous recommandons fortement d'employer les services d'un guide lors de votre première sortie dans la médina afin de vous orienter plus facilement et de découvrir les principaux centres d'intérêt sans être importunés par les jeunes hommes voulant vous indiquer la route. Les vendeurs sont eux plutôt cordiaux. 

À ne pas manquer : la place Seffarine et ses dinandiers, les tanneries, la visite d'un atelier de textile et de tapis pour comprendre les dizaines de styles différents (avec un guide réservé par l'hôtel), passer devant la mosquée Al Quaraouiyine et visiter la medersa Attarine. Vous pouvez également visiter seul le joli musée Batha sur l'art islamique et l'histoire de Fès. 

Il ne faut pas hésiter à pousser la porte des riads et des hôtels de la médina pour prendre un temps, se faire masser, profiter des piscines et des nombreux rooftops et jardins.