Notre avis sur le Grand Hotel Villa Serbelloni : une atmosphère hors du temps

Le pitch ?

On ne va pas vous vanter ici les charmes du dernier hôtel signé d’un designer tendance… Non ! La Villa Serbelloni, dont nous allons détailler les bienfaits, trône depuis plus d’un siècle à Bellagio, ravissant village surnommé la perle du lac de Côme. Construite vers 1850 pour une famille aristocratique de Milan comme maison de vacances, cette belle bâtisse de style classique est vendue et transformée en hôtel en 1873. En 1918 Arturo Bucher, petit-fils du pionnier de l’hôtellerie de luxe, le rachète. Aujourd’hui, c’est Jan Bucher, représentant de la 4^e génération, qui veille d’une main de fer dans un gant de velours à maintenir et à améliorer en permanence la tradition d’excellence de la maison. 

Comment est l’hôtel ?

Atouts incontestables du lieu : sa vue incroyable sur le lac tutoyant les Alpes et ses vastes jardins, ponctués de magnifiques cyprès et colorés de massifs de fleurs. Seul hôtel 5 étoiles de Bellagio, il est l’un des deux plus anciens du lac. Et pourtant, il ne s’endort pas sur de poussiéreux lauriers ! Pour preuve, les importantes rénovations menées tambour battant en 2024. Ces dernières n’affectent en rien le cachet et l’âme. Les meubles anciens sont bel et bien là et, s’ils donnent trop de signe de fatigue, ils sont recopiés à l’identique par des artisans. Mais rassurez-vous tous les « indispensables » du XXI^e siècle répondent présent telles les prises USB au bord des lits et le somptueux nouveau spa. 

Dans les salons au charme inchangé depuis plus d’un siècle avec leurs murs habillés de soie, leurs plafonds peints, leur plancher recouvert de profonds tapis, leurs lustres Murano, en sirotant un cocktail au son d’un piano, on s’attend presque à voir surgir le prince Salina (le Guépard) alias Burt Lancaster. De nombreux membres du gotha ont, au cours des années, posé leurs malles ici. On le constate en s’attardant sur la galerie de portraits qui orne le couloir menant au restaurant la Goletta. De Winston Churchill à John F. Kennedy quelques mois avant son assassinat (2 suites portent leurs noms) en passant par le Maharaja d’Indore, les Roosevelt, les Rothschild, Mary Pickford, Clark Gable, Al Pacino, Helmut Newton, Romy Schneider… et George Clooney qui vient en voisin. Franz Liszt y composa plusieurs œuvres, on voit d’ailleurs son piano dans un salon. 

On se sent bien ici, et ce ne sont pas les membres du personnel qui diront le contraire : la plupart des postes clés sont tenus par les mêmes depuis longtemps. Quant aux hôtes, il parait qu’ils ne bougent pas beaucoup une fois installés. Dès les beaux jours, ils s’adonnent au farniente sur l’un des lits de repos de la plage de vrai sable au-dessus du lac ou à la piscine, à moins qu’ils ne préfèrent éblouir le public en effectuant quelques galipettes acrobatiques depuis le plongeoir surplombant le lac.

Comment sont les chambres ? 

Vaste question : les 94 chambres et suites sont toutes différentes ! Seul dénominateur commun, les superbes salles de bain entièrement revues et carrossées de marbre blanc avec douche à l’italienne et baignoire. Alors évidemment, on va en citer quelques-unes qui nous ont particulièrement plu comme la très vaste 205, une junior suite, et ses 2 fenêtres sur le lac où l’ancien rencontre le moderne avec sa télévision cachée dans un meuble… Les 3 nouvelles suites en rez-de-chaussée ouvrant sur le jardin et le lac baptisées Soie, en clin d’œil au passé du lac sur la route de la soie, ou le lit des draps de soie, Or, et Art avec son étonnante sculpture chien de Prada et son tapis Kandinsky. Sans oublier la suite présidentielle la plus grande de tous les hôtels du lac : 350 m² qui comprend les suites Churchill et Kennedy.

Partout, chambres et salons, l’art tient une place importante au travers de nombreuses œuvres signées des plus grands : Andy Warhol, Chagall, Miro, Kandinsky, Picasso… Mention spéciale pour la dernière acquisition des Bucher : un tableau monumental de 7 mètres dans le couloir du 1^er étage baptisé Petrolio de Xavier Bueno, représentant toute la chaîne de production pétrolière.

Et la table ? 

Dans un tel établissement, on se doute bien que la table est à la hauteur ! Elle se décline en deux versions : décontractée à La Goletta et gastronomique au Mistral. A côté de la piscine, la Goletta déploie ses tables dans une jolie salle à l’ambiance résolument marine avec beaucoup de bois, un papier peint où nagent des poissons multicolores et des tableaux de nœuds marins sur les murs. Cette salle se prolonge d’une vaste terrasse regardant le lac. La carte, où les pâtes paradent en diverses versions, nous rappelle que nous sommes bien en Italie ! Ne surtout pas zapper la focaccia à la mortadelle en entrée : du jamais-vu. Bon à savoir : la carte du déjeuner et du dîner n’est pas la même histoire de ne pas se lasser. 

Au Mistral dans une salle entièrement vitrée, on se régale déjà de la vue avant de vivre une drôle d’expérience culinaire orchestrée par le chef Ettore Bocchia, pionnier de la cuisine moléculaire en Italie. Le raffinement et la créativité sont ici au top comme le prouvent les filets de turbot cuits dans un mélange de sucres fondus, les gambas en deux versions : poêlées avec sauce aux crustacés et gratinées avec sauce Termidor, ou encore le foie gras dit « éthique » dont les oies ne sont pas gavées… mais si c’est possible ! 

En dessert, on opte sans hésiter pour la glace refroidie à l’azote liquide préparée devant vous, un spectacle à ne pas manquer. Enfin pour siroter un cocktail, on a le choix entre deux bars très différents : le Verri’s Bar à l’atmosphère feutrée et la terrazza Darsena, en plein air, qui domine le lac sous une glycine à faire rêver les amateurs de jardinage.

Comment est le spa ? 

C’est la nouveauté 2025 : le spa Luce del Lago, en français Lumière du Lac, ouvert en mars. Il se murmure qu’il est le plus grand (1 500 m²) et le plus élégant du lac. Même sans connaître les autres, on avoue avoir été époustouflé par son vrai luxe, c’est-à-dire discret et ultra-raffiné. Il affiche matériaux nobles et artisanat italien : profusion de marbre dans des couleurs variées de rose et bleu, mosaïques en verre sur mesure, panneaux brodés de motifs botaniques. Parmi les 8 cabines de soins, on avoue un faible pour la cabine Emotion avec son water bed qui change de couleur, ses douches à affusion où l’on se livre à un soin visage et corps baptisé Five Senses of the Lake Ritual. On y retrouve les marques Sothys, Phytomer, Charme d’Orient.

Le hammam ultra moderne offre une nouvelle expérience avec son parcours bien-être : tepidarium (salle chaude à faible humidité́), caldarium (bain vapeur privatif) et l’espace d’exfoliation traditionnel avec gommage au savon noir. Sans oublier le sauna immersif : premier en son genre, intégrant thérapies sonores et projections d’ondes aquatiques.

5 choses que l’on a aimées à la Villa Serbelloni

• La situation en bordure du lac en plein Bellagio,
• L’ambiance élégante loin de tout tapage médiatique,
• L’offre restauration variée,
• La « plage » avec ses parasols, ses lits de repos et son accès direct au lac qu’elle surplombe,
• Une balade sur le lac à bord d'un des bateaux en bois de l'hôtel.