David Ukaleq, Le mercredi 25 janvier 2023

Hôtels du mois

Elégance et raffinement au Mandarin Oriental Milan

Véritable havre de paix au sein de la vibrante capitale de la mode, cet hôtel signé Antonio Citterio est un magnifique hommage à l'architecture et au design milanais.

L'élégante cour intérieure du M.O. Milan, où son restaurant deux-étoiles Seta s'installe en été. © Mandarin Oriental
Les étages supérieurs offrent des vues sur les toits milanais, ici depuis une Mandarin Room... © Mandarin Oriental
... et certaines chambres et suites offrent même une terrasse (ici une Terrace Suite ). © Mandarin Oriental
Salle de bain en marbre lumière du jour dans cette Mandarin Room. © Mandarin Oriental
Piscine du spa. Ambiance raffinée et relaxante, où l'on retrouve la touche orientale de la chaine. © DB / Yonder
La deuxième cour intérieure, qui accueille les tables du Mandarin Garden en été. © Mandarin Oriental

Le pitch | Mandarin Oriental Milan, l'une des références du luxe dans la capitale de la mode

Si comme nous vous arrivez à pied un jour d’affluence, tirant vos bagages le long de la via Manzoni, il faudra faire preuve d’un peu de patience pour vous frayer un chemin au milieu des passants et autres fashion victims chargé(e)s d’achats : cette rue bourdonnante du Quadrilatera della Moda n’est pas sans rappeler la rue du Faubourg Saint Honoré, avec son alignement de magasins luxueux et ses trottoirs étroits. Mais c’est avec autant de soulagement que vous verrez bientôt apparaître, au fond de la tranquille via Andegari, l’entrée rassurante du Mandarin Oriental Milan.

Si l’on en croit les étymologistes, le nom de cette rue pourrait être d’origine celte et signifier "haie d’aubépine". C’est que l’actuelle Milan a d’abord été gauloise avant d’être romaine et les Celtes utilisaient ces buissons aux épines piquantes comme véritables remparts défensifs. Peu importe si cette explication est fantaisiste, on se plaît à imaginer qu’un mur végétal a précédé la pierre des palais milanais qui forment aujourd’hui le Mandarin Oriental.

Ce dernier consiste en effet en 4 bâtiments du XVIII^e siècle, dont le Palazzo Confalonieri, palais baroque tardif distingué par une inscription, qui ont été savamment réunis par ACPV Architects. Il s’agit du cabinet formé par le célèbre designer et architecte Antonio Citterio et par l’architecte Patricia Viel. Comme pour plusieurs autres de ses hôtels, la chaîne a voulu en confier la réalisation à des architectes locaux, capables d’ancrer le projet dans la très riche tradition milanaise.

La réception de Seta dont les amples baies vitrées dévoilent la magnifique cour intérieure. Le spectaculaire lustre est signé Jacopo Foggini. © Mandarin Oriental

Comment est l’hôtel ?

On se sent immédiatement à l’aise en entrant dans cet hôtel dont les parties communes offrent l’espace qui sied à un établissement luxueux, tout en ayant des dimensions suffisamment restreintes pour rester cosy. Les meilleurs efforts en matière d’architecture intérieure seraient toutefois vains sans l’accueil chaleureux d’un staff professionnel, qui vous débarrassera rapidement de vos bagages et se chargera d’un check-in aussi efficace que cordial. Peut-être souhaiterez-vous vous attarder un moment dans le ravissant coin-salon qui jouxte la réception, avant de vous faire accompagner dans votre chambre.

Mais pourquoi ne pas commencer par prendre un café au Mandarin Garden tout en y dégustant une pâtisserie du chef-pâtissier Marco Pinna ? Cet espace qui sert tour à tour de salle de petit-déjeuner, de café-restaurant et de bar est le cœur battant de l’hôtel. Le graphisme dynamique de la décoration, avec ses motifs géométriques en noir et blanc, rompt d’ailleurs avec le dépouillement qui caractérise le reste du Mandarin Oriental Milan, sans pourtant être visuellement fatiguant.

Ce sera aussi l’occasion de jeter un premier coup d’œil à la magnifique cour intérieure. Si les cours intérieures sont un des éléments les plus typiques de l’architecture milanaise, elles sont trop longtemps restées cachées du public. Les architectes ont ici suivi la tendance récente qui consiste à leur redonner la place qu’elles méritent. Le Mandarin Oriental en a en fait deux : si on ne peut manquer la première, qui accueille à la belle saison les tables du restaurant Seta (voir ci-dessous), il y en a aussi une seconde, où s’invite le Mandarin Garden, notamment pour le petit-déjeuner.

Le Mandarin Garden, avec son design dynamique et motifs géométriques en noir et blanc. © Mandarin Oriental

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Dans les palais de cette époque, les riches propriétaires habitaient typiquement les deux premiers étages

Comment sont les chambres ?

L’hôtel compte 104 chambres dont 36 suites, réparties sur 5 étages. Dans les palais de cette époque, les riches propriétaires habitaient typiquement les deux premiers étages, plus hauts de plafond, tandis que ceux du dessus étaient réservés au personnel. C’est donc encore aujourd’hui dans ces étages "nobles" que se trouvent certaines des meilleures suites de l’hôtel. Pour autant, les étages supérieurs ne sont pas en reste avec notamment des clés qui permettent d’admirer les toits milanais, parfois depuis une terrasse.

Nous avons particulièrement apprécié la Deluxe Junior Suite que nous avons testée, située au 1er étage, avec son très généreux volume et sa palette de couleurs tout en retenue, dans des tons beiges et marrons, où même le pourpre foncé d’un large et confortable fauteuil se fait des plus discrets. L’ensemble est rythmé par des lignes noires qui contrastent avec les murs clairs : celles, verticales, des montants des panneaux en verre de la salle de bain, ou, horizontales, des pseudo-corniches et de l’étagère au-dessus du lit. Cette même géométrie se prolonge dans les photos en noir et blanc au graphisme apparemment abstrait du photographe Antonio Salvador, qui sont en réalité des détails de l’architecture milanaise. La plupart de ces éléments sont repris dans l’ensemble des chambres de l’hôtel.

Une des Junior Suite Deluxe. Un volume impressionnant et toute l’élégance et la sérénité qu’on peut attendre des créations d’Antonio Citterio. © DB / Yonder

La suite ne formerait qu’un espace unique, si elle n’accueillait sur un côté une large salle de bain, en grande partie vitrée. Une formule parfois utilisée dans l’hôtellerie pour optimiser l’espace, mais qui représente ici un vrai parti-pris architectural. C’est un succès esthétique indéniable sans rien sacrifier pour autant aux aspects pratiques : un interrupteur permet d’opacifier entièrement les panneaux de verre et les toilettes se situent dans une pièce séparée, située à côté de la vaste cabine de douche qui complète une monumentale baignoire-îlot de forme ovale. Si les salles de bain offrent des variations d’une chambre à l’autre, la baignoire-îlot est une des constantes.

La longue banquette du côté opposé au lit invite à la détente, avec ses nombreux coussins et son haut dossier qui fait écho à la tête de lit. On retrouve ce qui fait le talent extraordinaire de Citterio en la matière : des lignes élégantes, dont la sobriété et le dépouillement ne tournent jamais à l’austérité, mais conjuguent confort et sérénité.

Une salle de bain en marbre résolument contemporaine, ici dans une Deluxe Junior Suite. © DB / Yonder

Deux suites de prestige qui rendent hommage au design milanais

Même si leur exclusivité les réserve à une minorité de la clientèle, il nous faut évoquer les deux suites de prestige de l’hôtel, qui avec leurs plus de 100 m² sont les plus grandes après les superlatives suites présidentielles. La suite Fornasetti est, comme on peut s’en douter, un hommage à l’artiste Piero Fornasetti. Si l’on a vu ses créations trouver leurs places dans toujours plus d’intérieurs ces dernières années, le travail fait pour aménager cette suite va bien au-delà de la simple juxtaposition de quelques éléments de décoration. Elle offre une véritable plongée dans l’univers fantaisiste du designer, conçue en collaboration avec son fils Barnaba Fornasetti, aujourd’hui directeur artistique du groupe après qu’il en a pris les rênes dans les années 80.

La suite s’ouvre sur un salon dominé par la présence d’une grande colonne aux motifs architecturaux monochromes, qui font écho à ceux des différentes pièces de mobilier de la série Architettura, fruit de la collaboration entre Fornasetti et le célèbre architecte et designer Gio Ponti. Le joyau en est certainement un spectaculaire trumeau vénitien, aujourd’hui réédité en quelques exemplaires. Le coloris vert des murs donne à la pièce juste assez de chaleur et d’enjouement, assurant un parfait équilibre avec le noir et blanc caractéristique de Fornasetti, qu’on retrouve également dans les nuages (Nuvolette) des rideaux et du plafond. Au mur, une extravagante collection de miroirs rappelle celle que l’on peut voir dans la propre maison de Barnaba Fornasetti.

Au-delà de la décoration, la suite surprend par la grande sensation d’espace et de volume, notamment la distance impressionnante entre l’entrée et la luxueuse salle de bain, dont on aperçoit, au fond d’un élégant couloir aux murs parés de noyer, la baignoire située juste devant une grande fenêtre.

Un étage plus bas, c’est précisément à Gio Ponti, et aux nombreux designers qu’il a influencés, qu’est dédiée la Premier Suite. Si le plan est identique à la précédente, le style est radicalement différent, tout en minimalisme et en sobriété. Le salon rassemble des classiques du design, avec notamment les fauteuils Dezza de Gio Ponti et les chaises Luisa de Franco Albini, tous deux déclinées dans un élégant ton bleu foncé, qui se marie parfaitement aux tons chauds du parquet en chêne et des murs en noyers. On y trouve naturellement plusieurs autres créations de Gio Ponti, dont une grande tapisserie murale et une console vintage réalisée il y a plus de six décennies... pour l’ameublement d’un autre hôtel, le Parco dei Principi de Sorrente, un des tout premiers hôtels designs en Italie, dont Ponti était l’architecte. Antonio Citterio, que le Financial Times qualifiait dans un récent article de "l’homme qui a réinventé le sofa" y a naturellement glissé l’un de ses sofas, le Simpliciter.

La suite Premier, un hommage à Gio Ponti et au design milanais avec, entre autres, des créations de Luigi Caccia Dominioni, Franco Albini, Angelo Mangiarotti ou encore Gino Sarfatti. © Mandarin Oriental

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Ce qui fait la différence ?

Un luxueux spa de 900 m²

Le spa est à n’en pas douter un des points forts de l’hôtel et c’est probablement un des endroits où la touche orientale de M.O. est la plus présente. Lumière tamisée et ambiance zen garantie dans ces 900 mètres carrés dédiés à la relaxation.

Les vestiaires séparés hommes et femmes se poursuivent chacun en leur propre espace wellness comptant sauna et bain turc, avant de déboucher sur une superbe piscine, bordée par d’accueillants lounge chairs. Les ombres projetées sur les tentures y dessinent des arabesques, devant lesquelles danse la flamme des bougies - en réalité des LED ce qui évite toute pollution de l’air. Elle est surplombée par des douches aux dimensions généreuses, et par le fitness studio, qui tout en occupant un coin séparé par une vitre, reste intégré à cet élégant ensemble, au lieu d’être relégué à l’écart comme on le voit parfois.

À noter qu’à l’occasion du Nouvel An chinois (Année du Lapin d’Eau), le Spa vient de lancer un nouveau traitement nommé Oriental Fan, un rituel de 90 minutes incluant aromathérapie, méditation, massage et soin facial.

Seta,un restaurant gastronomique 2 étoiles Michelin

Le Mandarin Oriental Milan, c’est aussi un deux étoiles Michelin, l’un des meilleurs restaurants de la ville. Très prisé des locaux, il conviendra de le réserver avec un peu d’avance pour s’y assurer une table, même si l’hôtel fait son possible pour ne pas décevoir les clients en séjour qui voudraient spontanément goûter la cuisine du chef Antonio Guida. Il offre plusieurs menus dégustation, dont les prix s’échelonnent entre 210 et 290 euros, mais aussi une formule plus rapide et économique, comprenant deux ou trois plats plus un dessert, à la carte (c’est-à-dire à choisir parmi les plats offerts dans les menus) pour 150 et 200 euros respectivement. Ses salles à l’atmosphère plus intimiste que celle de l’exubérant Mandarin Garden se déploient autour de la somptueuse cour intérieure, où Seta s’installe en été. Si on pourrait presque ne pas remarquer sa discrète entrée, via une porte coulissante, impossible en revanche d’ignorer sa spectaculaire réception, véritable bijou architectural, avec son large comptoir en marbre éclairé par un immense lustre. Dans la journée, elle est baignée par la lumière du jour, ses immenses parois vitrées laissant l’architecture de la cour fusionner avec celle de l’intérieur de l’hôtel.

Les cuisines de Seta sont visibles depuis la cour intérieure qui accueille les tables du restaurant en été. © Mandarin Oriental

Des offres saisonnières pour pimenter son séjour : célébrez la Saint-Valentin avec un package spécial

Si on n’a pas eu le plaisir de tester ce fleuron de la gastronomie milanaise, il nous semblerait injuste de passer sous silence, sous prétexte qu’elles ne sont plus de saison, les quelques douceurs qu’on a pu apprécier pendant notre séjour. Comme un succulent panettone au levain, version faussement rustique et merveilleusement équilibrée de la pâtisserie cisalpine, due au chef pâtissier Marco Pinna. Ou un punch de Noël revisité, versé froid sur un glaçon, mais dans un exquis service à thé, et digne des meilleurs cocktails.

Voici qui augure du meilleur pour les prochaines offres car, si Noël est passé, l’hôtel propose dès maintenant un package spécial Saint-Valentin, intitulé From M.O. with Love, qui, outre le petit-déjeuner, inclut un apéritif servi au Mandarin Garden ou dans l’intimité de votre chambre, ainsi qu’une heure dans la somptueuse Spa Suite. Ce qui permettra de profiter du jacuzzi ou du steam bath à deux (rappelons que les saunas et steam baths ne sont pas mixtes dans le reste du spa). Et bien sur un bouquet de fleurs et même... une brève consultation astrologique ! Si vous n’y croyez pas, tant pis, ce sera une manière amusante d’honorer une tradition pluri-millénaire qui a d’ailleurs connu une résurgence importante pendant la Renaissance italienne.

5 choses que l’on a aimées

L’ambiance apaisée et l’élégance de la décoration d’Antonio Citterio.
Le cadre architectural de palais milanais et de leurs cours intérieures.
Le côté "boutique" : malgré le nombre de chambres, on n’est jamais loin de rien.
Le spa et sa grande piscine, et ce alors que nous sommes dans des bâtiments historiques.
Les fragrances d’intérieur signées par la maison florentine Dr. Vranjes.

Ne pas rater à proximité

Tous les landmarks milanais étant aisément accessibles en quelques minutes à pieds, de la cathédrale à la pinacothèque en passant par la Scala, sans parler bien sûr des rues du Quadrilatero della Moda, on se contentera de mentionner deux voisins immédiats au 12 Via Manzoni :

la boutique du luxueux maroquinier florentin Pineider, qui vend aussi papeterie et instruments d'écriture à l'ancienne ;
le musée-maison Poldi Pezzoli, qui abrite la collection particulièrement éclectique (maîtres anciens, antiquités, horlogerie...) de Gian Giacomo Poldi Pezzoli (1822-1879), enrichie des nombreux dons reçus par le musée tout au long du 20ème siècle.