Vous êtes ici

Mireille GignouxMireille Gignoux, Le mercredi 31 août 2022
Chambres avec vues

On a dormi dans la suite Cocteau à La Badira Hammamet

À La Badira, cinq étoiles les pieds dans l’eau, six grandes suites de légende évoquent les artistes tombés sous le charme d’Hammamet au siècle dernier. Nous avons séjourné dans la Suite Cocteau. Immersion dans l’univers d’un écrivain-dessinateur.
  • La Badira © DR
    La Badira © DR
  • La Badira - Lobby Claustrats © DR
    La Badira - Lobby Claustrats © DR
  • La Badira - Suite Cocteau © DR
    La Badira - Suite Cocteau © DR
  • La Badira - Suite Cardinale © DR
    La Badira - Suite Cardinale © DR
  • La Badira - Suite Légende avec piscine © DR
    La Badira - Suite Légende avec piscine © DR
  • La Badira - SPA Cocooning pool © DR
    La Badira - SPA Cocooning pool © DR

Hôtel testé et approuvé par Yonder. Séjour effectué en mai 2022. 

Le pitch | La Badira, un cadre poétique d'ombres et de lumières  

Postée sur une pointe qui fend la Méditerranée telle la proue d’un navire, la blanche façade de La Badira, membre de The Leading Hotels of the World, se positionne comme le porte-drapeau de l’hôtellerie de luxe en Tunisie. À l’écart du tourisme de masse, cet établissement est boosté par sa propriétaire Mouna Ben Halima, dynamique femme d’affaires qui se bat pour tirer le tourisme tunisien vers le haut. Mais l’ouverture du Sofitel et du Four Seasons renforcent peu à peu l’attrait d’une clientèle aisée.

  • Badira Beach © DR
    Badira Beach © DR


La Badira, « aussi lumineuse que la pleine lune » en arabe, surfe sur l’exceptionnelle clarté qui a séduit peintres et écrivains dès le début du XXe siècle à Hammamet. Le concept est de faire revivre la riche histoire de cette bourgade, sortie de l’anonymat dès 1914 avec le séjour d’August Macke et de Paul Klee. D’autres artistes et célébrités, envoûtés par la beauté du site et par sa luminosité, s’y installèrent plus tard, tels Gide, Cocteau, Wilde, Bernanos et George Sébastian. Ce riche aristocrate roumain s’y fit construire une résidence hivernale inspirés des constructions traditionnelles tunisiennes, où Greta Garbo, la créatrice Elsa Schiaparelli, le photographe Cecil Beaton et Wallis Simpson assistaient à ses fêtes somptueuses de 1932 à 1962.

  • La Badira - Spa Hammam © DR
    Le bar au bord de la piscine © DR
D’immenses baies vitrées s’ouvrent des jardins ponctués de bassins et de piscines à débordement. Comme un jeu de cubes blancs, saupoudrés d’effluves de jasmin et ourlés par une plage dorée

La Badira | Comment est l’hôtel ?

Le fil conducteur est le blanc, modulé à l’infini notamment avec des claustras qui jouent avec les clair-obscur à l’intérieur comme à l’extérieur. Arborant des éléments architecturaux islamiques traditionnels (arches bordant les terrasses, plafonds en dôme, colonnades), l’établissement affiche des lignes simples et épurées. La décoration contemporaine (bibelots, poteries de Sejnane, céramiques et autres objets réalisés par des artisans locaux) est rehaussée de touches nostalgiques évoquant l’univers des voyages de l’époque. Dans les parties communes, clichés jaunis de Tunis la Blanche et de la Médina d’Hammamet et vieilles affiches touristiques coloniales vantant les circuits nord-africains du PLM ou du Touring Club de France côtoient d’antiques malles en bois et cuir.

  • La Badira © DR
    La Badira © DR
     

D’immenses baies vitrées s’ouvrent des jardins ponctués de bassins et de piscines à débordement. Comme un jeu de cubes blancs, saupoudrés d’effluves de jasmin et ourlés par une plage dorée. Le spa signé Clarins, unique centre de bien-être de la marque cosmétique française en Tunisie, propose, dans ses 21 cabines, des soins aromatiques visage et corps. Une partie plus orientale inspirée des thermes carthaginois, avec sol en mosaïques et murs en marbre Kadhel, abrite de spacieux hammams qui se prêtent à une typique pause bienfaisante.

Et les chambres ?

130 clés bénéficiant toutes d’une vue sur la mer. Outre 120 suites junior, La Badira compte 10 suites d’exception, dont 6 suites de légende de 160 m2 chacune, évoquant des personnalités qui ont eu un coup de cœur pour Hammamet.

La suite Paul Klee rappelle que l’artiste suisse fit, avec son ami August Macke, un séjour qui modifia leur vision respective de la peinture. Klee qualifia de prestigieuse l’exceptionnelle qualité de lumière et mit des couleurs gaies sur ses toiles. En guise de tête de lit, un spectaculaire patchwork coloré qui ressemble à l’un de ses tableaux, des tapis aux tons éclatants, des dossiers de chaises orangés, des malles de voyage reconverties en table de nuit concourent à créer une ambiance joyeuse. Clin d’œil à la perception du peintre, sa citation inscrite sur un mur : « la lune est le rêve du soleil ».

  • La Badira - Suite Paul Klee © DR
    La Badira - Suite Paul Klee © DR


À côté, la suite August Macke partage le même esprit pictural, avec également un immense patchwork et d’autres objets aux tonalités vives qui égayent les murs d’une blancheur immaculée. Après la découverte d’Hammamet, le peintre expressionniste allemand a conçu ses aquarelles différemment, comme l’illustre son propos : « dans chaque couleur, il y a la lumière ».

La suite George Sebastian évoque sa villa, devenue le point de rassemblement de l’élite créative occidentale durant l’entre-deux guerres. Comme un décor sorti des années 30, où le blanc, le noir, le gris, ponctués de pièces d’artisanat local qui le fascinaient, règnent en maître.

  • La Badira - Suite Sebastian © DR
    La Badira - Suite Sebastian © DR


À proximité, se trouve la suite Wallis Simpson. Une parenthèse princière des années 30, où dominent le blanc cassé, le beige et le gris perle, en écho à la beauté et au goût prononcé de la duchesse pour les bijoux. Quelques portraits de Wallis ici et là ajoutent une touche plus personnelle.

Également très féminine, la suite Claudia Cardinale symbolise l’élégance et le glamour de l’actrice italo-tunisienne née à La Goulette près de Tunis. Paré d’un lit à baldaquin auréolé de voilages aériens, le décor vaporeux aux tons bleus et blancs distille une atmosphère très méditerranéenne.

Testée par la rédaction, la suite Jean Cocteau raconte le monde artistique des années 50. Comme les autres suites, elle est dotée d’une belle hauteur sous plafond et largement éclairée par deux grandes baies vitrées qui s’ouvrent sur la Méditerranée, au premier plan une large terrasse et sa piscine privative. Autre point commun, un moucharabieh blanc sépare la chambre de la salle de bain. L’ensemble de la suite Cocteau dégage une ambiance à la fois minimaliste et graphique : imposante tête de lit nacrée encadrée de panneaux noirs, mobilier blanc surligné d’un liseré noir, abat-jours portant une reproduction de l’esquisse Profil à l’étoile. Sur les fauteuils et le sofa, des coussins blancs sur lesquels Cocteau semble avoir griffonné visage ou silhouette, au mur une série de dessins dont le Testament d’Orphée, et çà et là quelques ouvrages du peintre complètent l’immersion dans son univers littéraire.

  • La Badira - Suite Cocteau © DR
  • La Badira - Suite Cocteau © DR

 

Passée la porte martelée, on pénètre dans un décor très oriental, avec plafonds blancs en stuc et miroirs ouvragés

L’offre gastronomique ? 

Quatre tables, dont deux signature : l’Adra aux saveurs ancestrales revisitées par le chef Ramzy Bouguila. Passée la porte martelée, on pénètre dans un décor très oriental, avec plafonds blancs en stuc et miroirs ouvragés, pour goûter une méchouia ou une kofta de poisson, un agneau de 7 heures de Sidi Bouzid, et une tbikha aux légumes verts spécial végan. Plus décontracté, le restaurant Kamilah met l’accent sur les produits locaux de saison, agrémentés d’inspirations méditerranéennes : ceviche de daurade, poulpe à la galicienne, spaghetti aux fruits de mer et quelques woks végans. Pour les amateurs de grillades en plein air, le Beach Grill est un incontournable. À l’heure du petit-déjeuner, on s’attable au Zahila, aux murs affichant des citations d’artistes.

  • La Badira - Restaurant Adra © DR
    La Badira - Restaurant Adra © DR
     

Ce qui fait la différence ? 

Réservé aux adultes (plus de 16 ans), ce 5 étoiles aux lignes simples et épurées ne compte que des suites avec vue mer.

Bon à savoir ? 

Dar Sebastian, villa aux nuances Art déco du milliardaire roumain George Sébastian, construite en 1927, se trouve à 15 mn et abrite le Centre Culturel International de Hammamet. Bien qu’un peu défraîchie, elle témoigne encore des splendeurs du passé. Elle s’inscrit dans un jardin doté d’un théâtre en plein air, qui accueille chaque été le Festival International d’Hammamet.

C’est où ?

À la pointe nord de la baie d’Hammamet, à 50 mn de l’aéroport de Tunis.

  • La Badira - Spa Hammam © DR
    La Badira - Spa Hammam © DR

Ce qu’il faut retenir

Implantée à l’écart des lieux fréquentés par le tourisme du masse, La Badira raconte dans ses suites de légende les années 1930 à 1950, lorsque Hammamet était la destination préférée d’une élite artistique et littéraire.

Les 5 choses que l’on a aimées à La Badira

  • Dans les suites de légende, le souci du détail pour coller à l’image des personnages auxquels elles sont dédiées,
  • Le spa by Clarins et son espace oriental type Mille et une nuits,
  • La décoration des parties communes qui ravive les souvenirs des voyages d’antan,
  • La détermination et l’énergie communicative de Mouna, la propriétaire, pour faire de cet éden le fer de lance de la montée en gamme du tourisme tunisien,
  • La gentillesse du personnel.

Combien ça coûte ?

Suite classique à partir de 187€ la nuit, Suite de légende à partir de 442€ la nuit.

 

 

Pratique

La Badira

130 suites à partir de 180 € la nuit. Suite Cocteau à partir de 500 € la nuit. 

Route Touristique Nord BP437 Hammamet, Tunisie

Site WebInstagram