Delphine Cadilhac, Le mercredi 03 décembre 2025Voyage en train : les Rocheuses Canadiennes à bord du Rocky Mountaineer
De Vancouver à Jasper, entre Colombie Britannique et Alberta, ce voyage en train haut de gamme promet une expérience inouïe, hommage aux traversées d’antan dans le plus grand des conforts. Distingué parmi les meilleurs trains de luxe au monde, le Rocky Mountaineer invite à une aventure unique, digne des plus belles croisières de luxe. Embarquement pour un périple à travers les nuages de 900 km, fenêtre sur l’immensité et sur la beauté irréelle de décors sauvages et préservés.
Jour 1 : Vancouver – Kamloops, grands horizons
Attention au départ !
Il est 8h ce matin-là. Le son d’une cornemuse fend l’air : départ imminent depuis la gare de Vancouver. Sur les quais, musiciens et équipe du Rocky Mountaineer saluent les passagers. Premiers clichés (il y en aura bien d’autres !) pour immortaliser le début du voyage à bord de celui qui promet bien plus qu’un trajet et fête ses 35 ans de circulation en 2025 tout en collectionnant les récompenses. On rejoint la classe GoldLeaf, une voiture à deux niveaux, restaurant gastronomique en bas, sièges grand confort surmontés d’un dôme vitré panoramique en haut, et plateforme d’observation extérieure. SilverLeaf, la classe alternative, déploie quant à elle une voiture à un seul niveau, avec fenêtres extra-larges et repas servis directement au siège.
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Le départ depuis la gare de Vancouver © Rocky Mountaineer
Cap à l’est
Blotti dans le confort de cette GoldLeaf aux assises dignes d’une business class (spacieuses, électriques et chauffantes), on lève la tête pour saluer le ciel de Vancouver qui s’efface lentement, en longeant le pittoresque fleuve Fraser. À mesure que s’éloigne la métropole britanno-colombienne, le rythme ralenti prend ses marques. Les paysages défilent pendant que le remarquable petit-déjeuner à la carte est servi au restaurant.
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Le petit-déjeuner à bord du train © Delphine Cadilhac
Le convoi traverse une région de micro-villages isolés, de fermes et de vergers, sur les territoires des Premières Nations, peuples autochtones dont le mode de vie fut bouleversé par la colonisation britannique. On s’enfonce dans les forêts pluviales de la vallée de Fraser, une immersion d’autant plus impressionnante depuis notre wagon au toit vitré panoramique.
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La voiture panoramique © Rocky Mountaineer
L’équipage, boussole du voyage
Combinant un sens de l’hospitalité aussi sincère que bienveillant (le légendaire accueil canadien) et une connaissance précise des zones traversées, l’équipe de bord cadence le voyage d'anecdotes et références historiques comme géographiques sur les Rocheuses canadiennes, signale les points de vue et invite à gagner la plateforme extérieure au bon moment pour capturer le tableau de l’instant. Un journal papier façon « édition spéciale » est remis à chaque passager, récapitulant anecdotes, itinéraire détaillé et temps forts à ne pas manquer.
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L’équipage partage des anecdotes durant le trajet © Rocky Mountaineer
On apprendra ainsi que le fleuve Fraser, plus long cours d’eau de la Colombie Britannique (1368 km) et cinquième du pays, a longtemps été une voie de transport et une source de subsistance pour les Premières Nations, grâce aux cinq espèces de saumon du Pacifique qu’il abrite. Ses affluents en produisent plus que tout autre système fluvial au monde : environ 10 millions de saumons remontent chaque année pour frayer dans le bassin du Fraser. Un fleuve qui entra dans l’Histoire en 1858 lorsque la Ruée vers l’or attira des milliers de chercheurs sur ses rives.
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Traversée du pont Fraser © Rocky Mountaineer
Terroir sur rail
À l’heure du déjeuner, nappe blanche et vaisselle élégante vont de pair avec la cuisine soignée et locavore du chef, qui source ses produits au fil des régions traversées : volaille de la vallée du Fraser, saumons, café d’un torréfacteur local… L’accord parfait ? Un paysage qui se renouvelle à chaque bouchée. Slow travel, haute gourmandise.
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Le déjeuner à bord du Rocky Mountaineer © Rocky Mountaineer
Frissons et terres de contrastes
Le train traverse le Canyon Fraser, long de 270 kilomètres, et franchit la fameuse Hells Gate, étranglement spectaculaire du fleuve, aux falaises abruptes et aux rapides dangereux prisés des amateurs de rafting. Le spot le plus célèbre de cette gorge profonde.
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Le train franchit la Hells Gate © Delphine Cadilhac
Dans le Rainbow Canyon, les minéraux des roches renvoient un nuancier éclatant. Le climat semi désertique redessine progressivement le paysage sous un ciel limpide : vallées arides, lacs et cheminées de fée captivent le regard. Les eaux tumultueuses du Fraser rencontrent le bleu profond de la rivière Thompson. À Savona, elle s’élargit pour former le superbe lac Kamloops, long d’environ 40 km.
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La vue sur la Rivière Thompson © Rocky Mountaineer
Kamloops, escale décontractée
Ne circulant que de jour pour ne rien manquer du décor, le Rocky Mountaineer achève la première partie de son itinéraire à Kamloops, deuxième ville la plus ensoleillée de Colombie Britannique. Son nom, dérivé du mot de la Première Nation Shuswap signifiant « rencontre des eaux » fait allusion à la confluence des rivières Thompson Nord et Sud. Une ville amicale, abritant de nombreux bars, restaurants et hôtels, et attirant randonneurs comme visiteurs de passage.
Une logistique millimétrée
Ultra bien huilée, l’étape est orchestrée par l’équipe du train en collaboration avec des prestataires locaux : on récupère sa clé de chambre en descendant du train, les bagages arrivent par la route depuis Vancouver à l’hôtel de notre choix sans qu’on s’en soucie (ils seront également acheminés le lendemain séparément jusqu’à Jasper), le check-out est tout aussi facilité. Ne rien gérer, juste profiter.
Ce parcours dans le sud de la Colombie-Britannique laisse la tête pleine d’images de cette terre de contrastes inattendus. Abondante en faune et flore, façonnée par les volcans et les glaciers, sculptée en canyons abrupts, entre collines, forêts, prairies et steppe sèche. Une promesse tenue : voyager lentement au Canada, les yeux grands ouverts.
Jour 2 : Kamloops – Jasper, traversée alpine
Direction l’Alberta
À l’aube, le train quitte Kamloops et longe la sinueuse rivière Thompson alors que les sommets esquissent leur ligne d’horizon. Les conversations reprennent avec les autres passagers alors que saucisses canadiennes et œufs brouillés fument dans les assiettes du petit-déjeuner. On sort prendre l’air sur la plateforme extérieure et on croise l’un des fameux convois de marchandises - interminables - qui traversent le pays. On s’amuse à compter les wagons, on abandonne vite : un steward sourit et nous confie que ces convois peuvent atteindre 6 kilomètres de long !
Changement de décor
Le paysage est totalement différent de celui traversé la veille : le train sillonne dans des forêts de conifères XXL, le vert règne en majesté et la montée en altitude se ressent : les montagnes nous ouvrent les bras.
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La vue imprenable à travers la fenêtre du train © Rocky Mountaineer
Instants carte postale
Au plus près des rails surgissent brusquement les Pyramid Falls, chutes spectaculaires visibles uniquement depuis un train. L’air se rafraîchit, les sommets se rapprochent, on respire.
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Les chutes spectaculaires des Pyramid Falls © Rocky Mountaineer
Et soudain, il se dessine : au cœur du Parc national provincial éponyme classé Unesco, le Mont Robson, point culminant des Rocheuses Canadiennes, toise les voyageurs du haut de ses 3954 mètres. Géant capricieux, son sommet est souvent dissimulé sous une chape de brume : les chanceux admireront les aspérités de sa silhouette et sa coiffe enneigée, immuable. Le passage du col de Yellowhead marque la frontière entre la Colombie Britannique et l’Alberta. Il est temps d’avancer sa montre d’une heure (rappelons que cet immense pays couvre six fuseaux horaires !) Les rivières cristallines pleines de saumons – on peut les apercevoir tant l’eau est claire – serpentent entre forêts et vallée qui attira trappeurs, explorateurs et peuples autochtones.
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La vue exceptionnelle sur le Mont Robson © Rocky Mountaineer
#No filter
D’un bleu-vert glaciaire à la beauté frappante, Moose Lake porte le nom évocateur de l’animal qui rode dans les environs : l’orignal (ou élan). On ouvre l’œil pour tenter d’apercevoir celui qui s’impose comme le plus gros cervidé au monde. L’équipe du train en profite pour dérouler un glossaire de la faune sauvage peuplent le Parc national de Jasper, qui s’étend tout autour : ours noir, mouflons d’Amérique, grizzlis, wapitis, castors du Canada, cerfs de Virginie, loups, coyotes…
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Un cerf de Virginie observé sur le trajet © Rocky Mountaineer
On mitraille chaque seconde, un paysage hypnotique en remplace un autre : on aimerait partager tout cela immédiatement avec ses proches restés en France mais, comme depuis le début de cette croisière ferroviaire, il n’y a pas – ou presque pas - de réseau mobile. Une digital détox totalement assumée et franchement bienvenue.
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Un trajet exceptionnel à bord du Rocky Mountaineer © Rocky Mountaineer
Jasper, la renaissance
À l’approche de Jasper, notre destination finale, les stigmates de l’incendie de 2024 restent visibles : en juillet, un gigantesque brasier a ravagé des centaines d’hectares du parc national et détruit une partie de la ville. Si des arbres calcinés bordent les rails, la nature reprend ses droits et une nouvelle page s’écrit pour restaurer le charme de ce village des rocheuses dont l’économie repose en grande partie sur le tourisme.
Nouvelles aventures en vue
Plus vaste parc national montagneux du pays avec 11000 km², membre des parcs des Rocheuses Canadiennes classé Unesco, Jasper est le paradis de l’outdoor. Peuplés de 53 espèces de mammifères et de plus de 300 espèces d’oiseaux, il est l’un des derniers grands écosystèmes fauniques encore intacts sur la planète. Deuxième réserve de ciel étoilé au monde (zones où la lumière artificielle est minimale et ne nuit pas à la beauté du ciel nocturne), il abrite 1700 lacs, des sentiers à perte de vue, des sommets imposants, des vallées verdoyantes, des lacs glaciaires, des eaux vives… : le voyage n’est pas terminé, bien au contraire !
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Jasper, le plus vaste parc national montagneux du pays © Rocky Mountaineer
Quand partir ?
Au printemps, la fréquentation touristique est plus faible et il est possible d’apercevoir des ours avec leurs petits. En été, les lacs dégelés font scintiller leur teinte émeraude au soleil. En automne, le spectacle des couleurs changeantes est saisissant.
En savoir plus : rockymountaineer.com et destinationcanada.com
Journey Through the Clouds Vancouver-Jasper
D’avril à octobre, le voyage s’effectue dans un sens ou dans l’autre en classe GoldLeaf ou SilverLeaf, 2J/1N, incluant 2 petits-déjeuners et 2 déjeuners à bord, boissons avec ou sans alcool, collations, prise en charge des bagages, transfert et une nuit à Kamloops, à partir de 1496 € par personne.
Des paysages grandioses des Rocheuses aux vastes étendues du Grand Nord, en passant par les villes historiques de l’Est, cet ouvrage invite à la rencontre des Canadiens, dont l’hospitalité légendaire reflète une manière unique de vivre au rythme de la nature et des saisons. Les pages thématiques sur les cultures autochtones, les parcs naturels, ainsi que sur plusieurs villes inspirent des expériences avant ou après la croisière ferroviaire.
En train au Canada, 26 itinéraires sur les rails, 224 pages, Voyages Gallimard 25,95 €



