Vous êtes ici

Céline Dassonville, Le jeudi 02 octobre 2025
Hôtels du mois

Maison Douce Époque, hôtel en Normandie : ne cherchez plus la plus belle vue de Deauville

À l’arrivée, c’est un panorama saisissant qui s’impose au voyageur, celui d’un hôtel en Normandie tout juste rénové et désormais classé 5 étoiles de caractère. Mais au-delà de la vue, ce sont les attentions, la qualité des services et l’investissement d’une équipe chaleureuse qui ont marqué notre séjour.
  • Maison Douce Époque, un hôtel en Normandie à Deauville
    Maison Douce Époque, un hôtel en Normandie à Deauville

Le pitch | Quand le temps s’arrête

Dîtes Maison, et non manoir. La nuance a du sens. L'hôtelière Emmanuelle Bourgueil bouscule l’hôtellerie deauvillaise avec cet hôtel en Normandie perché les hauteurs de Bénerville. Douce époque ? Car ici le temps s’arrête : les horloges des façades ont été figées à jamais sur 6h10. Après deux ans de travaux, la noble demeure de Bérneville a rouvert en juin 2025, dévoilant un domaine de 3,5 hectares au charme certain.

  • Maison Douce Époque, hôtel en Normandie, à Deauville ©BabXIII
    Maison Douce Époque, hôtel en Normandie à Deauville ©BabXIII
Seule la façade à colombages sauge est restée intacte. À l’intérieur, tout a été repensé, redessiné, décoré avec un goût certain

Vue d'ensemble | Face à la mer 

Balayons d’emblée la rumeur : non, Maison Douce Époque n’a jamais été la résidence de Gaston Gallimard. La légende a longtemps circulé, entretenue par les anciens propriétaires sans doute pour redorer l’image du lieu qu’ils avaient alors converti en chambres d’hôtes. En vain, à en juger par les avis désastreux sur Google. 

Au moment du rachat, en 2020, le mythe était toujours bien vivace. Emmanuelle Bourgueil charge alors Mélanie, sa jeune concierge, de mener l’enquête. L’apprentie détective se plonge dans les archives départementales de Caen pour retracer l’histoire de l'hôtel de Deauville. Pas de trace de Gallimard (bien propriétaire, mais du Château Gabriel voisin, où il recevait Marcel Proust avant qu’Yves Saint Laurent n’en fasse l’acquisition). En revanche, un certain Stéphane Riebs apparaît. Agent de change parisien, ce dernier acquiert le terrain et confie à Henri Goury, architecte en vogue, la construction d’une villa audacieuse destinée à attirer le tout-Paris. Son idée ? Ouvrir la façade au nord, contre toutes les conventions, pour profiter du spectacle marin. Les façades étaient à l'époque plutôt tournées vers le sud ou l’est pour capter la lumière et la chaleur. La demeure connaîtra ensuite plusieurs vies : un temps résidence de François Coty, père de la parfumerie française, elle sera réquisitionnée par l’armée allemande pendant la guerre.
 



Un nouveau chapitre s’ouvre en 2022, quand la bâtisse croise la route d’une hôtelière, et pas n’importe laquelle : Emmanuelle Bourgueil vient de céder le Carl Gustav, à Saint-Barth, au groupe Barrière, et cherche un nouveau projet. It’s a match. L’entrepreneuse tombe sous le charme. Et le voyageur qui franchit à son tour le porche coiffé des traditionnels épis de faîtage, on comprend pourquoi. Tandis que les pneus de la voiture font crisser les graviers, la vision se déploie : une strate de vert, et après le sous-bois, l’hippodrome de Clairefontaine, Deauville en contrebas, Trouville sur la droite… puis la mer, d’un bleu éclatant découpant le vert profond des feuillages. Au loin, la silhouette du port du Havre « Tout simplement la plus belle vue mer des hôtels de luxe de Normandie », confirme Philippe Chamard, maître de maison, ancien du Shangri-La et du Château d’Andrieu.  Pour ce qui est du panorama, l'hôtel du Calvados coiffe au poteau la concurrence : la Ferme Saint-Siméon regarde davantage vers le Havre, l’Hôtel du Golf n’offre que de rares vues sur la mer, et le Normandy, trop proche de la plage, manque de recul. « C’est une adresse secrète, perchée dans les bois : comme les oiseaux, on vient s’y réfugier, loin du tumulte deauvillais », confie poétiquement l’ancien Parisien, par ailleurs excellent cavalier.

  • Maison Douce Époque @ArthurJoncour
    Maison Douce Époque @ArthurJoncour


Seule la façade à colombages est restée intacte. À l’intérieur, tout a été repensé, redessiné, décoré avec un goût certain. Emmanuelle Bourgueil a chiné des objets anciens : un sextant, un gramophone, un vieux scaphandrier… disséminés dans les espaces comme autant de souvenirs (imaginaires) laissés par les maîtres des lieux.

  •  Maison Douce Époque @ArthurJoncour
    Maison Douce Époque @ArthurJoncour


Maison Douce Époque accueille aussi un court de tennis, un spa rénové avec piscine intérieure, hammam et jacuzzi, ainsi que des protocoles signés KOS et Bellefontaine. Last but not least, une piscine extérieure à débordement chauffée à 30 °C, d’où l’on aperçoit en nageant la perspective vitrée du bassin intérieur… et, plus loin, la mer.

Des chambres avec du caractère

Le manoir abrite six chambres, tandis que les huit autres clés prennent place dans les anciennes écuries restaurées. Chacune est unique et porte le nom d’un auteur — Agatha Christie, Proust… — proposant un univers chromatique et une identité propre. La chambre Jules Verne s’habille ainsi d’un bleu profond et multiplie les clins d’œil au Nautilus : poulpe en céramique, lustre méduse, baignoire encastrée dans une alcôve bleutée... tandis que dans La Zola, la tête de lit en forme de chapeau attire tous les regards. Toutes les chambres proposent un mini bar inclus, et se parent d'un mobilier contemporain sélectionné par Bo magasin, une enseigne déco de la commune de Saint-Arnoult voisine.

  • Maison Douce Époque @ArthurJoncour
    Maison Douce Époque @ArthurJoncour


La chambre à réserver ? La Marcel Proust a toutes nos faveurs. Située au centre du manoir, c’est celle qui offre la vue la plus parfaite sur la baie, qu'absolument rien ne vient obstruer, pas même l’écran de télévision, habilement encastré dans un meuble. On y baigne dans une atmosphère feutrée : murs poudrés de rose pâle, éclats de laiton, tabourets délicats et appliques poétiques en forme de pie. À disposition pour plus facilement trouver le sommeil : le dispositif Morphée poru méditer ou l'intégrale d'À la recherche, trônant en évidence dans la bibliothèque (courage). Mention spéciale pour la salle de bains XXL moderne et épurée, elle aussi ouverte sur le paysage. 

  • Maison Douce Époque @ArthurJoncour
    Maison Douce Époque @ArthurJoncour

La table | Délicate et créative

À elle seule, elle vaut le détour. Et si vous n’envisagez pas de séjourner à Maison Douce Époque, faites au moins halte au Romanesque le temps d’un dîner. La cuisine de Kévin Legoy se distingue par sa précision, ses découpes millimétrées, une belle inventivité et un sens esthétique certain.Enfant du pays, le chef a fait ses classes au Domaine des Hauts de Loire (2 étoiles Michelin à l’époque), hôtel du Val de Loire, avant de rejoindre la brigade du Ritz, palace à Paris, puis la Collection Saint-Siméon.

  • Le chef Kévin Legoy ©BabXIII
    Le chef Kévin Legoy ©BabXIII
     

Huîtres bio n°3 de l’île de Chausey, fines mais intensément iodées, tomate ancienne et tourteau relevé de yuzu, saint-pierre courgettes amandes et vinaigre pommé et coté terre veau, girolles, coques et salicornes … la carte déroule un menu en cinq ou sept escales, délicates et pleines de surprises. Une adresse fortement recommandée.

  •  @ArthurJoncour
    @ArthurJoncour

Maison Douce Époque, hôtel en Normandie, on a aimé :  

  • La restauration du lieu, exemplaire et locale : un cabinet d’architectes de la région et des artisans du cru ont redonné vie au manoir avec un soin remarquable ;
  • Le service de transfert, pensé pour ceux qui préfèrent oublier la voiture : un mini-van avec chauffeur dédié, Harold, qui assure les liaisons gare-hôtel et les escapades en ville. Une attention qui change tout ;
  • L’offre de snacking disponible de 11h à 19h : coup de cœur pour le club sandwich au homard bleu twisté d’une compotée d’oignons et tomates, et pour le saumon fumé, accompagné de chips rustiques, crème citronnée et beau pain brun à la croûte farinée et croustillante ;
  • Bientôt, Patrick Cholet, maestro apiculteur, installera cinq ruches sur le domaine. Les clients pourront assister à la levée des cadres et déguster le miel maison au petit-déjeuner.

À voir, à faire à Deauville :

À pied depuis l'hôtel : les batteries du Mont-Canisy
Depuis le manoir, une promenade mène aux batteries du Mont-Canisy. Ce site classé, perché à 110 mètres d’altitude, raconte à la fois l’histoire militaire de la côte et offre l’un des plus beaux points de vue sur la Manche. Entre bunkers, galeries souterraines et panorama, la balade mêle patrimoine et balade au grand air.

En voiture : Les Franciscaines
C’est la fierté deauvillaise. L’ancien orphelinat du XIXe siècle a été métamorphosé par l’architecte Pierre Moatti en un centre culturel hybride. On y trouve une médiathèque, un café prolongé par une terrasse, des salles de spectacles et des expositions. Mais ce qui impressionne, c’est son cloître : un espace monumental dominé par une installation contemporaine spectaculaire, Le Nuage, formée de 14 285 tubes de polyuréthane transparent. Un lieu où l’histoire et l’avant-garde dialoguent en plein cœur de la ville.

Pratique

L’hôtel Maison Douce Époque est-il kids friendly ?

Non. L’adresse revendique une politique résolument adult only. Pas de suites ni de chambres communicantes prévues. En revanche, les amis à quatre pattes sont les bienvenus.

À quelle distance de Deauville se trouve l’hôtel ?

À seulement quelques minutes en voiture, perché sur les hauteurs de Bénerville, avec Deauville et Trouville à ses pieds.

Le restaurant est-il ouvert aux clients extérieurs ?

Tout à fait, et le spa également. Deux bonnes raisons de s’y arrêter, même sans y séjourner.

Pratique

Maison Douce Époque

Hôtel spa 5 étoiles en Normandie

14 chambres et suites, prix à partir de 374 €

Chemin du Tocq le Caniset, Bérneville-sur-Mer

+33 2 58 47 22 87