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Cédric AubertCédric Aubert, Le jeudi 10 juillet 2014
Grand angle

Les dunes irréelles des Lençóis Maranhenses

Le Mondial est terminé, la fête interrompue, le Brésil déchu, les sifflets du Maracana ont remplacé les sons de la Samba. Mais le Brésil se relèvera. Le Brésil est une terre d’éternels enchantements, de perpétuel renouvellement, comme les saisons, comme la pluie qui tombe puis s’évapore, comme les Lençóis Maranhenses.
  • Arbre mort dans la Lagoa Azul | © Cédric Aubert
    Arbre mort dans la Lagoa Azul | © Cédric Aubert
  • Le premier bassin naturel des Lençóis | © Cédric Aubert
    Le premier bassin naturel des Lençóis | © Cédric Aubert
  • Course dans les dunes | © Cédric Aubert
    Course dans les dunes | © Cédric Aubert
  • En apnée au milieu du désert | © Cédric Aubert
    En apnée au milieu du désert | © Cédric Aubert
Pas la moindre ombre, pas le moindre végétal, ou le moindre animal. Aucune vie.

Le Sahara brésilien

Situé au Nord Est du Brésil, le Parc National des Lençóis Maranhenses (Parque Nacional dos Lençóis Maranhenses), bordé par l’Atlantique d’une part, par une forêt irrégulière d’autre part, offre aux voyageurs une terre désertique unique au monde et pourtant largement méconnue.

Les Lençóis Maranhenses, c’est tout d’abord un désert, un immense désert de plus de 150 000 hectares aux dunes infinies et à la beauté singulière, composé d’un sable plus blanc et plus fin que le sucre. C’est ensuite un soleil brûlant et aveuglant, supplice pour les peaux fragiles, délices pour les amateurs de bronzette, car, comme dans tout désert qui se respecte, il n’y a pas la moindre ombre, pas le moindre végétal, ou le moindre animal. Aucune vie.

Puis, subitement, au sommet d’une dune, en basculant de l’autre côté surgit une lagune d’un bleu azur, translucide et profond aussi irréel que l’environnement qui vous entoure. Puis une autre, plus loin, plus bleue que la première, puis encore une autre, cette fois plus grande. Comme cela, sont parsemées sur plus de 50 kms plusieurs centaines de « piscines » naturelles. Impossible de les recenser, leur nombre varie en fonction des saisons et des pluies.

La partie littorale de l’état du Maranhão où se trouve le Parc des Lençóis Maranhenses est située à seulement quelques centaines de kilomètres la plus grande forêt tropicale du monde, la forêt amazonienne, et connaît en effet chaque année d’importantes crues durant la saison des pluies, remplissant les fameuses piscines d’eau douces des Lençóis. En comparaison avec un autre désert, il pleut 300 fois plus au Lençóis qu’au Sahara (1600 mm/an). 
A la saison sèche, les piscines diminuent, s’évaporent jusqu’à disparaître pour revenir plus belles et plus pures la saison suivante. 

Le contraste entre l’eau et le sable est saisissant, presque irréel.

A travers la mangrove

La visite accompagnée par un guide débute par un parcours en vieux Land Cruiser depuis le village de Barreirinhas à travers les derniers postes avancés de grandes mangroves où vivent crabes, palourdes et autres oiseaux, avant de découvrir quelques petites dunes et bassins d’eau de pluie. 
Note à l’intention des voyageurs les plus téméraires : ce parcours est impossible sans un 4x4 aménagé spécialement, à savoir une sortie-moteur par le toit du 4x4 et un châssis rehaussé. Ce trajet représente à lui seul une véritable attraction par la profondeur des bassins traversés ou la « sportivité » de la conduite du chauffeur.

Notre guide, un homme trapu en short de surfeur façon free fighter et des tongs Havaïanas, nous explique qu’il se prépare pour le Dakar de l’année prochaine. Info ou intox ? En tous cas, lui y croit dur comme fer pendant qu’il double une autre Jeep par dessus une dune. 
Après environ trois quart d’heure de pistes cabossées, fin du trajet-rodéo. Tout le monde descend. Aucun véhicule n’est autorisé à aller plus loin. Face à nous se dressent d’immenses dunes de plus de trente mètres : ici commence le Parc National des Lençóis Maranhenses.

Des dunes à l'infini offrant un paysage quasi irréel

Notre petit groupe, composé de 6 à 10 visiteurs, se met rapidement en marche. Après seulement quelques minutes sous un soleil de plomb et derrière une dune, le premier étang apparait, Lagoa Azul. Le contraste entre l’eau et le sable est saisissant, presque irréel. Depuis le sommet de la dune, le fond de l’étang est visible tant l’eau est cristalline. De quoi donner envie de plonger sans attendre. Nous sommes le seul groupe. Il a beaucoup plu ces dernières semaines, ce qui explique le nombre impressionnant de piscines. Entre chaque dune, une nouvelle pataugeoire. Nous passerons environ 4 heures à nous balader à travers les dunes, nous baigner dans les piscines naturelles, bronzer au soleil…

Profitant d’une pause autour d’un grand « lac » nous partons à l’exploration des environs à  la manière d’un explorateur sur une autre planète, en short et en tongs, casquette à l’envers et lunettes Wayfarer. Contournant la zone d’eau, après avoir gravi plusieurs dunes, un renfoncement apparaît comme par magie. Un mini étang de cinq mètres s’étire dans ce couloir de sable, totalement abrité du vent et isolé du moindre bruit. L’eau complètement translucide y est tiède, presque chaude. Au milieu de cet étang, un arbre mort aux allures de sculpture, donne un peu de verticalité et de relief à ce paysage plat, lunaire.              

Pas un bruit, pas un souffle, le silence absolu. L’instant dure mille ans, interminable, inoubliable.

  • A flanc de dune | © Cédric Aubert
  • Depuis Lagoa Azul | © Cédric Aubert
  • Le soleil est si fort qu’il en devient aveuglant  | © Cédric Aubert
  • Arbre mort, tel une sculpture, au milieu d’une petite piscine naturelle | © Cédric Aubert
Y aller

 

- São Luís est la plus grande ville accessible en avion à proximité du parc. De là, on peut rejoindre le village Barreinhas en bus. Comptez un peu moins de 4 de trajet.

- Une fois à Barreinhas, de nombreux tours (petits groupes ou individuels) sont organisés en 4x4.

 

Y aller

- Pour les plus aventuriers, le village d'Atins constitue une alternative de choix en tant que camp de base du fait de sa proximité avec le Parc et de son isolement.

- Des tours plus intimistes et moins touristiques sont organisés au départ du village, que l'on aura préalablement rejoint en 4x4 (2 heures) ou en bateau (45min en fast boat, 3 à 4 heures autrement) au départ de Barreinhas.

 

A savoir

- La meilleure période pour visiter le parc est de mai à septembre, après la saison des pluies et avant l'évaporation des lacs.

- Attention à ne pas sous-estimer la puissance du soleil lorsque la brise océanique semble rafraîchir l'atmosphère : les coups de soleil ne vous épargneront pas pour autant !