Paris : On a testé Tortuga, sur le rooftop des Galeries Lafayette Haussmann
Le contexte : Dîner le vendredi 11 septembre 2020, deux convives
Le pitch | Tortuga, une table ambitieuse sur le toit des Galeries Lafayette Haussmann
L’été dernier, Créatures créait l’évènement. Le premier rooftop éphémère des Galeries Lafayette Haussmann séduit alors les Parisiens grâce à un combo imbattable : ambiance chill, panorama sur le Palais Garnier et les toits de Paris et assiettes 100% végétales malines signées du charismatique Julien Sebbag. Le carton est immédiat (jusqu’à 1,000 couverts par jour !) et l’adresse, qui joue à merveille la carte du cool, ringardise instantanément Perruche, le rooftop voisin du Printemps.
Le 1er septembre, le grand magasin a enfin levé le rideau sur l’acte II de la transformation de son toit-terrasse XXL avec l’inauguration de Tortuga : un restaurant pérenne (son espace intérieur lui permet d’être ouvert toute l’année), plus classique sur la forme mais aussi nettement plus ambitieux. La décontraction assumée de Créatures laisse place à une table dont la sophistication discrète fait d’emblée forte impression. De l’architecture minimaliste du pavillon qui s’élève dans le ciel de Paris aux arts de la table, du comptoir central qui donne à la salle toute son énergie à l’élégant mobilier habillant la terrasse, rien n’a été laissé au hasard. Sur la forme, l’ouverture très attendue de Tortuga tient toutes ses promesses.
Dans l’assiette | Le poisson, star de la carte signée Julien Sebbag
Après Créatures et son audacieuse carte végétarienne, Julien Sebbag explique vouloir raconter une « nouvelle histoire » en s’emparant du sujet de la pêche durable, « encore peu traité dans les restaurants parisiens ». En résulte une carte quasi exclusivement marine dont les poissons, présents dans huit des douze propositions salées, sont issus d’une « pêche sauvage, le plus souvent à la ligne » et au maximum du littoral français. « On tient compte des cycles de reproduction de chaque espèce et on ne travaille pas les œufs de poisson » précise-t-il.
Mais au-delà du sourcing, il y a la cuisine. Le travail sur le produit. Et bonne nouvelle, on retrouve chez Tortuga le style sexy et gourmand de Julien Sebbag, jamais à court de bonnes idées pour imaginer des assiettes affriolantes, souvent complexes dans leurs constructions — en témoignent le nombre de saveurs ou les techniques utilisées — sans pour autant tomber dans la démonstration ou perdre de vue l’essentiel : le plaisir de manger.
De la carte où entrées et plats se mélangent, où cru et cuit, chaud et froid se côtoient naturellement, on retient notamment le lieu jaune snacké servi dans une « baby pita » façon street food de luxe ; le carpaccio de dorade royale en dentelle, parfaitement ciselé et aux saveurs puissamment affirmées ou le saumon, séché puis mariné comme teriyaki et flambé au chalumeau (pour le plus grand bonheur des convives installés au comptoir). Quant au black cod (et shitake marinés au miso blanc rôtis sur un riz noir), il rappelle le légendaire plat signature de Nobu. Difficile de trouver meilleure inspiration quand on cuisine le poisson.
Le décor | L'un des plus beaux rooftops de Paris
Qui dit rooftop dit terrasse et celle de Tortuga peut s'enorgueillir d'être l'une des plus belles de Paris. Séparée du vide par des garde-corps en verre quasi invisibles, elle donne l’impression de flotter au-dessus du vaisseau amiral des Galeries Lafayette face au Palais Garnier. Effet saisissant garanti.
Avec sa structure en acier, le « pavillon » imaginé par l’architecte Franklin Azzi, a des allures de cocon vitré déposé sur la terrasse. Ouvert l’été et hermétiquement fermé l’hiver, il permet de s’attabler toute l'année tout en profitant des vues sur la capitale. Le plus ? Le grand comptoir-îlot autour duquel on s'assoit sur des tabourets. Pas de show kitchen à proprement parler mais le spectacle est assuré par le dressage des plats ou la préparation des cocktails.
Le service ?
Décontracté forcément, l’esprit de l’endroit l’exige, sans pour autant être familier. Un bon équilibre. Seul regret : les assiettes, servies dès qu’elles sont prêtes, arrivent toutes très — trop — rapidement. Ce qui conduit à parfois à se précipiter pour éviter de manger froid. Si l’idée d’un service façon tapas n’est pas mauvaise en soi, elle mériterait une meilleure « régulation » pour éviter l’embouteillage de plats.
Les plats à goûter ?
Ceux mentionnés plus haut : le lieu jaune snacké, le carpaccio de dorade, le black cod, le saumon... Ou encore le filet de bar séché au sel et gingembre (et taboulé aux abricots secs & amandes, yaourt grec citronné & hibiscus), une assiette qui résume la philosophie de Tortuga : un poisson travaillé avec beaucoup de finesse et des influences cosmopolites. Dans ce cas précis, Julien Sebbag emprunte à des fins gastronomiques une technique péruvienne « ancestrale », qui permettait de conserver le poisson pêché dans le Pacifique le temps de l’amener dans les Andes. Les autres saveurs du plat font écho au socle culinaire du chef, fortement ancré dans la culture levantine.
Le conseil en plus ?
Si vous venez dîner à deux et que la terrasse n’est pas accessible (météo, privatisation, etc.), optez pour des places au comptoir.
Bon à savoir ?
Le sucré vaut aussi le détour. Mention spéciale à la meringue d’inspiration orientale (dattes, tahini, et figue givrée râpée). Un dessert qui transpire le sucre sur le papier et pourtant imparable de gourmandise et plus subtil qu’il n’y paraît.
Dommage ?
Les portions n’étant pas particulièrement copieuses, plus d’accompagnements auraient été appréciés.
L’addition ?
- Assiettes de 6 à 43€ (comptez 15-20€ pour celles qui s’apparentent aux entrées, 25 à 43€ pour les assiettes faisant office de plats comme le black cod) ;
- Desserts à 12€ ;
- Cocktails 17-18€.
Pour un dîner complet (et sortir de table sans avoir faim), boissons incluses, comptez une centaine d’euros par tête. Il est bien entendu possible de dépenser moins. Au risque d’être frustré...
Ce qu’il faut retenir / Notre avis
Toujours en collaboration avec le prolixe Moma Group (MANKO, Noto, Froufrou, Ran, La Gare, Lapérouse...), le second restaurant de Julien Sebbag perché sur le toit des Galeries Lafayette tient toutes ses promesses, offrant un pendant gastronomico-glamour réussi au relax Créatures. Cuisine déjà très aboutie quelques jours après l’inauguration des lieux, décor unique à Paris — la réussite architecturale est totale — et atmosphère soigneusement travaillée font de Tortuga la table la plus sexy de la rentrée.
Tortuga
Sur le toit des Galeries Lafayette Paris Haussmann.
En journée accès par magasin. Le soir, entrée au 25 rue de la Chaussée d’Antin, Paris 9e .
Horaires
Tous les jours de 11h30-14h30 et 19h30-00h30 avec possibilité́ de réservation.
Carte continue de 14h30-19h30 (offre sucrée et boissons uniquement).
Contact
Tél : +33 (0) 1 84 251 009
Informations et réservation en ligne sur le site Web de Tortuga Paris.