Vous êtes ici

Florence Valencourt, Le jeudi 13 janvier 2022
Restaurants

Paris : on a testé Maison Russe, table de luxe où le caviar est roi

Dans un décor grandiose dont Paris Society a le secret, les maîtres des lieux entendent redonner aux Parisiens fortunés le goût du faste et de la fête, à la manière des Russes Blancs exilés à Paris à l'orée des années folles. Découverte de Maison Russe.
  • Faste et opulence dans la salle à manger de Maison Russe (1er étage) © Romain Ricard
    Faste et opulence dans la salle à manger de Maison Russe (1er étage) © Romain Ricard
  • Maison Russe abrite également de nombreux salons privés (ici le salon Nikolai) pour des dîners en toute confidentialité © Romain Ricard
    Maison Russe abrite également de nombreux salons privés (ici le salon Nikolai) pour des dîners en toute confidentialité © Romain Ricard
Telle une matriochka, Maison Russe se décompose en plusieurs lieux distincts.

Le contexte : Dîner le jeudi 2 décembre 2021, deux convives.

Le pitch | Une enclave russe, loin de l'Oural mais à deux pas du Trocadéro

On ne parle pas d'un simple restaurant, mais bien d'une ambassade « bis » de la Russie à Paris, revue et corrigée par Paris Society, le groupe de Laurent de Gourcuff, pour coller à l'air du temps.

Telle une matriochka (comme celle qui accueille le visiteur qui pénètre l'immeuble), elle se décompose en plusieurs lieux distincts. Une belle boutique épicerie-art de vivre à l'entrée. Un bar et son fumoir, plus loin, au rez-de chaussée. Le restaurant se trouve au premier, après avoir emprunté le magnifique escalier en bois. Sans oublier, qui sait, d'autres surprises dans les étages...

L'adresse choisie pour ériger cette « Maison Russe » ne doit d'ailleurs rien au hasard. Il s'agit de l'ancien hôtel Pauilhac (collectionneur d'armes), construit par l'architecte Charles Letrosne en 1910 dans un pur style Art nouveau. Classé aux Monuments Historiques en 1990, l'hôtel particulier a abrité les restaurants gastronomiques de Joël Robuchon puis d'Alain Ducasse en leur temps. Une institution donc, dans ce coin du 16e au chic plutôt discret.

Pour ce renouveau et nos années 20 2.0, on change tout. Place à l'ostentation, au luxe décomplexé, à la foire aux vanités assumée. Pour magnifier ces lieux déjà imposants, ne serait-ce que du fait de la hauteur sous plafond, Laurent de Gourcuff et son associé Dominique Romano, ont fait appel à l'architecte et décoratrice Laleh Amir Assefi. Cette ancienne disciple de Jacques Garcia a eu carte blanche pour donner dans la débauche de tentures, taffetas, rideaux et autres tissus signés Maison Lelièvre ou Pierre Frey. Et le résultat est franchement spectaculaire !

Bon à savoir ? Le groupe Paris Society, fondé par Laurent de Gourcuff et dans lequel Accor a désormais une participation conséquente, multiplie les ouvertures depuis quelques mois, que cela soit à Paris (Gigi, La Suite Girafe, Bambini au Palais de Tokyo, Mūn...), à Saint-Tropez (Gigi Ramatuelle) ou dans les Alpes (Gigi Val d'Isère, Bambini Megève, Le Piaf Megève et Courchevel...).

  • Maison Russe | L'un des salons privés du restaurant au décor dépaysant © Romain Ricard
  • Maison Russe | Le luxueux décor du restaurant, l'un des plus beaux de Paris © Romain Ricard

 

On n'a plus l'habitude de voir des tables parisiennes aussi joliment dressées.

Dans l'assiette ? Nourritures mondaines

Avant de parler du contenu de l'assiette, il convient de parler du contenant, en l'occurrence de l'art de la table. Nappes blanches immaculées, orfèvrerie rutilante, grand service classique en faïence de Gien du plus bel effet... On n'a plus l'habitude de voir des tables parisiennes aussi joliment dressées, et c'est bien dommage.

La cuisine, confiée à la supervision du chef Julien Chicoisne, joue la partition du luxe sans fausse note, ou presque. Caviar, saumon, truffe... Tout est à profusion, dans une réinterprétation toute personnelle des appétits de l'époque. Si c'est plutôt réussi, sans céder au folklore, on aurait apprécié un peu plus d'authenticité avec — pourquoi pas — un veau Pojarski, des pelmeni ou bien des pirojki. Mais la générosité des plats fait vite oublier ce léger révisionnisme gastronomique.

Quant à la carte des boissons, si elle fait la part belle à la vodka évidemment, elle propose aussi de beaux flacons classiques en rouge et en blanc, ainsi qu'une belle variété de champagnes. À la coupe, on distinguera un Krug Grande Cuvée 169édition qu'on ne trouve que trop rarement au restaurant.

  • Maison Russe | Pomme de terre au four et caviar (de 98 à 330€) © Romain Ricard
  • Maison Russe | Coulibiac de saumon Maison Russe, beurre blanc (42€) © Romain Ricard

 

Le lieu voit donc défiler tout ce que Paris compte de gens bien nés et/ou très fortunés.

Dans la salle ? Le spectacle joue à guichets fermés

On l'aura compris, le décor en impose et même les plus blasés en restent bouche-bée. C'est suffisamment rare dans la capitale pour que Maison Russe soit devenu, en quelques mois à peine, the place to be pour montrer que l'on a réussi. Le lieu voit donc défiler tout ce que Paris compte de gens bien nés et/ou très fortunés, tous visons, bijoux et tenues de créateur dehors. Sans oublier bon nombre de personnalités (ce soir-là, Jacques-Antoine Granjon et Pierre Hermé, pour ne citer qu'eux). Le spectacle est donc largement dans la salle également. Et c'est plutôt assez plaisant à observer.

Le service ? Virevoltant 

La salle est placée sous la houlette d'Albert Corre, vieux « briscard » de la restauration, qu'on a connu au Petit Pergolèse et qui retrouve ici le souffle de la fête. Son équipe de salle est « castée » pour plaire : bel uniforme, avec jupe patineuse option longues jambes pour les filles, costume ajusté pour les garçons et sollicitude extrême à table. Et ça fonctionne : la salle est pleine et le public, exigeant, semble conquis.

Les plats à goûter ?

Il serait vraiment dommage de ne pas s'adonner au plaisir de l'or noir, tant il est omniprésent à la carte. Nature, bien sûr, pour les puristes. Pour les autres, les « Linguine caviar » s'avèrent très réussies. Les pizzette caviar ou truffe noire ont, quant à elles, déjà leurs aficionados. Pourquoi pas. Côté sucré, si la pavlova est un franc succès, les chouquettes sauce chocolat (à partager, tant c'est généreux) clôturent le repas de la plus belle des manières, avec un service absolument ravissant.

  • Maison Russe | Trois caviars sont proposés à la dégustation, jusqu'au très exclusif Beluga © Romain Ricard
  • Maison Russe | Chouquettes Maison Russe, sauce chocolat © Romain Ricard

 

Bon à savoir (bis) ?

Sur réservation et sous réserve de montrer patte blanche, Maison Russe vous dévoilera encore bien d'autres trésors... À savoir, des salons privés conçus comme des isbas, des tentes mongoles ou encore des alcôves de palais de tsars. Exotique et super chic.

Les prix ?

Ne soyons pas vulgaire, ce genre de petite folie n'a pas de prix... Ou alors si, sky is the limit ! Dans le détail, le menu (à découvrir ici) propose : 

  • Saumons fumés de 26 à 33€ ;
  • Caviars de 98€ (30g, Baeri Impérial de Sologne) à 5,200€ (500g, Beluga) ;
  • Entrées à partager de 24 à 88€ ;
  • Entrées de 14 à 135€ ;
  • Plats de 26 à 64€ ; 
  • Desserts de 16 à 45€.
     

Notre avis en un clin d’œil

Un décor vraiment unique à Paris, un luxe à tous niveaux, assumé sans fausse pudeur. Une scène de rêve pour les riches & célèbres qui ont envie de s'amuser entre eux, en convoquant la démesure russe à leur table, pour une danse endiablée.

Pratique

Maison Russe

59 Avenue Raymond Poincaré, 75016 Paris

Ouvert du lundi au samedi, au déjeuner (12h-15h) et au dîner (19h-2h). Le bar ouvre quant à lui de de 17h à 2h.

Informations et réservation
Téléphone : +33(0)1 40 62 72 05
Email
Site Web de Maison Russe

Nouvel An Russe

Rendez-vous le 13 janvier 2022 pour se mettre à l'heure russe à l'occasion du Nouvel An du calendrier orthodoxe. « Ambiance feutrée et festive avec musique live, DJ et vodka toute la soirée » promet Maison Russe à ses convives.