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Christian-Luc ParisonChristian-Luc Parison, Le jeudi 16 juin 2022
Hôtels

Maisons Pariente : rencontre avec Leslie Kouhana et Kimberley Cohen Pariente 

Les deux filles de Patrick Pariente, le créateur (avec son frère Gérard) de la marque de prêt-à-porter Naf Naf, président depuis quelques années aux destinées de la collection d’hôtels cinq étoiles Maisons Pariente. Rencontre avec deux entrepreneuses passionnées par l’hôtellerie.
  • Leslie Kouhana et Kimberley Cohen © DR
    Leslie Kouhana et Kimberley Cohen © DR

YONDER : Comment passe-t-on de l’univers de la mode, du monde du prêt-à-porter, à l’hôtellerie de luxe ?

Leslie Kouhana : Quand notre père a cédé son groupe (Naf Naf), il a investi dans l’immobilier. C’est à ce moment que je l’ai rejoint. Il y a donc eu, entre la mode et l’hôtellerie, un passage par le développement d’un patrimoine immobilier. L’hôtellerie est arrivée un peu par hasard lorsqu’on a proposé à notre père d’acquérir, à Courchevel, un terrain assorti d’un permis de construire. L’opération se fera en association avec Xavier Niel et aboutira à la construction (en 2013) de l’Apogée, alors le nouveau palace du Jardin Alpin.

Comme il fallait des spécialistes de l’hôtellerie pour gérer un tel établissement, nous nous sommes tournés vers le groupe Oetker. Les propriétaires du Bristol, de l’Hôtel du Cap-Eden-Roc au Cap d'Antibes et de l’Eden Rock à Saint-Barthélémy, gèrent une collection d’hôtels de luxe internationale et possèdent des talents professionnels que nous n’avions pas alors. Notre regard pour l’hôtellerie était plutôt celui du client… En joignant nos savoir-faire différents et complémentaires, nous avons pu mener à bien ce beau projet. Nous sommes d’ailleurs beaucoup impliquées dans la décoration de l’Apogée. En choisissant de faire travailler ensemble deux fortes personnalités comme Joseph Dirand et India Mahdavi, nous avons réussi à créer une atmosphère vraiment originale pour ce bel hôtel. Ce qui nous a donné envie d’aller plus loin dans le domaine de l’hôtellerie.

Et vous avez ensuite réalisé cette envie…

Kimberley Cohen Pariente : En effet, mais la suite est venue un peu par hasard, en 2017. Je venais de rentrer des États-Unis et j’envisageais de rejoindre les affaires familiales, quand notre père nous a appelées depuis la Provence. Il venait de visiter l’hôtel Crillon Le Brave et avait été tellement séduit qu’il voulait absolument l’acheter. Nous sommes immédiatement descendues le rejoindre et, à notre tour, nous avons été bluffées par l’endroit. Il fallait bien sûr le faire monter en gamme. Nous l’avons donc rénové progressivement en apportant un peu d’esprit contemporain à sa dimension authentique que nous avons conservée.

  • Hôtel Crillon le Brave © DR
    Hôtel Crillon Le Brave © Matthieu Salvaing
     

Leslie : Cette année 2017 aura été pour nous particulièrement active. Car après Crillon Le Brave, nous avons acheté le Benkirai, hôtel à Saint-Tropez… et lui avons redonné son ancien nom de Lou Pinet. Les travaux d’aménagement ont été menés par l’architecte François Vieillecroze et Charles Dana a assuré la partie décoration. En passant de 42 à 34 chambres, nous avons offert plus d’espace à nos hôtes. Il y avait pas mal de travail à faire pour redonner son âme à cet établissement, mais, manifestement, nous avons réussi car dès son ouverture, en 2019, il a reçu un très bon accueil.

Kimberley : Et dans la foulée nous nous sommes trouvés engagés sur un autre projet d’hôtel à Méribel. La mairie mettait en vente un terrain en vue de la construction d’un hôtel de montagne directement sur les pistes. C’est notre projet qui a été retenu. Sans doute parce qu’il émanait d’une démarche familiale qui était rassurante pour les élus. Et il aura fallu tout juste dix-huit mois pour ouvrir le Coucou.

  • Lou Pinet © Matthieu Salvaing
  • Lou Pinet © Matthieu Salvaing

 

Trois hôtels créés la même année. Pour une entreprise qui découvrait le monde de l’hôtellerie, c’est un record. Comment avez-vous géré cette situation ?

Leslie : C’était en effet quelque chose d’exceptionnel. Tout s’est passé très vite. Nous nous sommes retrouvés à la tête de trois projets et de ce qui va avec : construction, développement, exploitation, embauche du personnel… Nous avons alors décidé de créer notre structure d’exploitation et une marque. Maisons Pariente est ainsi devenue une collection d’hôtels de charme. Guy Bertaud, qui nous a rejoint au poste de directeur général, est arrivé… le premier jour du confinement ! Il nous apporte une grande expérience de l’hôtellerie haut de gamme et un regard très pointu. Indispensable pour un groupe familial dont la vocation est de s’intéresser à chaque client et de lui apporter un service ultra-personnalisé et bienveillant.

  • Le Coucou © Jerome Galland
    Le Coucou © Jérôme Galland


Comment définiriez-vous votre collection d’hôtels ?

​​Leslie : Ce sont des échappées belles et confidentielles… Jusqu’à présent, nos hôtels sont conçus comme des maisons de vacances, des maisons d’amis. Nous sommes une équipe sincère, entièrement impliquée et l’on s’occupe de tout nous-mêmes, du choix de la literie, des parfums d’intérieurs ou des produits d'accueil aussi bien que de la sélection des œuvres d’art. Nous travaillons en famille et c’est notre force. Nos clients le ressentent et apprécient. Nos collaborateurs aussi.

Kimberley : Enfants, on allait beaucoup dans les mêmes hôtels : Courchevel, le Maroc…On aimait le côté familial des établissements choisis par nos parents. C’est ainsi qu’on a construit nos propres hôtels et inventé notre collection, en rapport à notre sensibilité.

  • Le Coucou © Jérôme Galland
    Le Coucou © Jérôme Galland

Quelle dimension envisagez-vous pour Maisons Pariente ? La collection a-t-elle vocation à grandir ?

​​​​​​Kimberley : Si l’hôtellerie est pour nous une passion, c’est aussi une façon de nous diversifier. Mais nous entendons rester exigeants dans notre développement et analysons sérieusement les propositions qui nous sont faites. Et la collection va grandir avec l’ouverture, cette année, d’une nouvelle maison à Paris, Le Grand Mazarin.

Ca sera pour vous le premier établissement urbain. Un projet très différent des précédents. Comment l’avez-vous conçu ?

Leslie : Avec cet hôtel, nous assurons une transition. Mais nous voulons garder nos valeurs et respecter ce qui est le point commun de notre démarche : se mettre dans la peau du client. Un client qui fait un choix original lorsqu’il décide de descendre dans un cinq étoiles situé dans le Marais. Pour le Grand Mazarin, nous n’avons pas hésité à sortir de notre zone de confort et à réaliser un lieu différent de nos autres adresses. L’hôtel est conçu comme un appartement haussmannien, coloré, flamboyant. À travers ses 61 chambres, il invite à un voyage dans un mélange de styles et d’époques. Il y a beaucoup d’audace dans la décoration, beaucoup de joie dans le choix des couleurs. Le Grand Mazarin offrira aussi un espace bien-être au sous-sol, avec une piscine, un fitness, un hammam et une salle de soins. Et pour le concept de restauration, il nous est apparu très important de rester dans l’esprit du quartier en proposant une table chic et accessible. Un lieu branché mais pas trop…

Découvrir la collection d'hôtels Maisons Pariente.

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